Читать книгу Contes populaires de la Grande-Bretagne - Loys Brueyre - Страница 4
I.
ОглавлениеRECHERCHES DANS TOUTE L’EUROPE DES CONTES POPULAIRES, CHANSONS, LÉGENDES, ETC. — BIBLIOGRAPHIE DES CONTES POPULAIRES DE LA GRANDE-BRETAGNE. — PLAN DU LIVRE.
Ce sont ces rapprochements multiples entre les fictions populaires des pays âryens et les conclusions qui en découlent qui donnent tant d’intérêt à la recherche des légendes, contes de nourrices, proverbes, locutions, chansons de pauvres, etc... De même que Cendrillon, ces sujets ont été dédaignés jusqu’au jour où, semblable à la baguette de la bonne marraine, la science des Müller, des Grimm, des Kuhn, des R. Kôhler, des Benfey, des Cox, des Maury, des Bréal, des Gaston Paris, etc..., les a élevés au rang qui leur appartenait et nous a permis de remonter, grâce à eux, le cours des siècles.
De toutes parts, alors, on s’est mis à l’œuvre; les traditions populaires ont été recueillies, classées, analysées, comparées. Ce mouvement intellectuel qui se produisait à la fois dans toutes les nations de l’Europe a donné naissance à de remarquables travaux, dont il faut d’autant plus se réjouir que nous vivons à une époque de transformation sociale qui fait disparaître avec une rapidité incroyable les vestiges du passé. Qui sait si, dans un siècle ou deux, le flot toujours montant des idées et des découvertes n’aura pas submergé les coutumes locales, les mœurs particulières à chaque coin de terre, les vieilles et touchantes croyances de nos pères, l’attachement au clocher du village, peut-être, hélas! l’amour de la patrie: doux sentiments qui font aimer le sol où nous sommes nés et nous rattachent par des liens d’affection et de reconnaissance aux générations qui nous ont précédés?
En Allemagne, de nombreux publicistes, en tète desquels se placent les frères Grimm avec leur célèbre ouvrage intitulé Contes d’enfants et de foyer, ont recueilli toutes les légendes de la race gotho-germanique. En Suède, Cavallius et Stephens; en Norwége, Abjörsen et Möe; en Danemark, Carit Etlar, ont rassemblé les traditions du Nord; Dasent et Thorpe les ont traduites en anglais. Dans les pays slaves, quarante recueils ont été réunis et Chodzko en a extrait les récits qui composent son livre si attrayant. En Russie, Afanasieff, Khudiakoff, Erlevein, etc..., ont rassemblé les contes et légendes populaires; Rhuibnikoff, Hilferding, Maikoff, ont recueilli les Builinas, c’est-à-dire les cantilènes héroïques de la Russie.
Bibliographie des ouvrages relatifs aux traditions opulaires de la rande-Bretagne
Sources ou sont puisés les récits u présent livre.
En Angleterre, quelques-unes des superstitions populaires, principalement celles relatives au groupe des Fairies, avaient été décrites par d’anciens auteurs, parmi lesquels nous citerons Gérald le Cambrien (Barry Gerald), qui écrivit au XIIe siècle l’Itinerarium Cambriœ et surtout Gervaise de Tilbury, qui composa en 1183 l’ouvrage intitulé Otia imperialia. Gervaise,.devenu le favori de l’empereur d’Allemagne Othon, fut nommé maréchal du royaume d’Arles. C’est en Provence que furent écrits pour distraire l’empereur les Otia imperialia; on les trouve publiés, à la suite des Œuvres de Leibnitz, dans la Collection Scriptores rerum Brunsvicarum ; c’est dans le troisième et dernier livre de cet ouvrage que sont mentionnées les légendes populaires de la Provence et de l’Angleterre. On peut aussi consulter avec fruit l’ouvrage de Reginald Scot intitulé : Discovery of Witchcrafte. London, 1651. Ce livre, dirigé contre la religion catholique et qui sent le fagot, s’occupe surtout, comme son nom l’indique, de la sorcellerie et des formules de la cabale, mais on y trouve quelques allusions utiles à noter sur les superstitions anglaises.
Les ouvrages précédents, la plupart écrits en latin, n’étaient lus que du petit nombre; encore les érudits auxquels ces ouvrages étaient accessibles ne songeaient-ils guère à faire des traditions populaires un sujet d’étude. C’est à Walter Scott que revient le mérite d’avoir, dans son pays, attiré l’attention sur les croyances rustiques, en choisissant des légendes écossaises pour sujets de ses célèbres romans; lui-même donna le branle au mouvement en publiant en 1803 ses Minstrelsy of the Scottish Border (Ballades des frontières d’Ecosse) et ses Lettres sur la démonologie.
Une fois le sujet devenu à la mode, les publications et les recherches abondèrent de toutes les parties de la Grande-Bretagne, mais la plupart des auteurs de ces ouvrages, en mettant au jour les traditions conservées dans le peuple, ne poursuivaient qu’un but littéraire; ils écrivaient tantôt pour l’amusement des enfants, tantôt pour satisfaire le goût très-vif que le public avait pris pour les contes. En tout cas, les superstitions populaires n’étaient pour eux qu’un accessoire qu’ils amplifiaient ou modifiaient au caprice de leur imagination. Quel que soit le mérite d’un certain nombre de ces ouvrages, nous avons dû les rejeter pour ne nous occuper que de ceux qui nous présentent les superstitions des diverses parties de l’Angleterre dans la forme souvent incorrecte où elles ont été recueillies aux sources populaires.
Angleterre proprement dite.
Contes mythiques âryens. — Les traditions mythiques se sont à peu près effacées dans les comtés de l’Angleterre. On a presque tout cité quand on a fait connaître Jack le tueur de géants, Tom Hickathrift, Jack et la Tige de haricot, enfin Tom-Pouce. Encore ce dernier personnage d’origine mythique a-t-il fini par se transformer en un lutin de féerie? Ces contes se trouvent mêlés aux récits de Perrault et de Mme d’Aulnoy dans une foule de livres d’enfants, où ils constituent autant de versions plus ou moins altérées.
Contes de Fairies et autres superstitions diverses. — L’ouvrage de Keightley, qui porte pour titre: the Fairy Mythology illustrative of the romances and superstitions of various countries, est un exposé clair et méthodique de tout ce qui a été écrit sur la mythologie féerique; il est en même temps un recueil des contes les plus intéressants parmi ceux de cette nature dans les pays indo-européens. On lira aussi avec plaisir: Tales and Popular Fictions du même auteur. Pourquoi faut-il que M. Keightley gâte les éloges qu’il mérite par ceux qu’il se décerne dans maints endroits de ses ouvrages?
En tant que recueils locaux, citons d’abord pour les comtés du Nord: Notes on the Folk-Lore of the Northern counties of England and Borders, par W. Henderson. Cet excellent ouvrage est suivi d’un appendice par le savant Baring Gould, auquel on doit l’important traité intitulé : Curious Myths of the middle ages, souvent cité dans le présent livre. Au sud-ouest de l’Angleterre, dans les comtés de Devon et de Somerset, Mistress Bray a rapporté (dans une forme non populaire, il est vrai, mais avec beaucoup de charme) les légendes relatives aux Fairies, qui, dans ces comtés, portent le nom de Pixies. Ces ouvrages sont: a Peep at the Pixies et the Borders or the Tamar and the Tavy.
Dans le Cornouailles, théâtre des exploits de Jack the Giant Killer, les légendes de géants et les superstitions de toutes natures, contes de Fairies et autres, peuvent être étudiées dans l’ouvrage de R. Hunt, Popular Romances of the West of England.
Il convient aussi d’indiquer les chansons et les contes de nourrices, rimes, légendes de lieux et de familles, etc.,... recueillis parle savant James Orchard Halliwell dans: the Nursery Rhymes of England et Popular Rhymes and Nursery tales. L’autorité qui s’attache au nom de Hallivell dit assez la valeur de ses ouvrages.
Enfin, dans a Handful of Weather Folk-Lore par Swainson, on trouve les proverbes, dictons, etc,... relatifs aux mois, aux saisons de l’année, etc...
Écosse.
L’Écosse, surtout dans ses Highlands, est fertile en traditions populaires de tous les genres et de toutes les époques. Le recueil le plus remarquable de toute l’Angleterre, et qui peut marcher de pair avec les plus fameux des autres pays, est celui de Campbell, West Highlands Popular Tales, 4 vol. in-12. — Les contes que cet écrivain a recueillis dans une partie des Highlands d’Écosse sont la plupart écrits dans la vieille langue gaélique. M. Campbell les a accompagnés de la traduction anglaise; chacun des récits est suivi de notes indiquant les versions et les contes similaires connus de l’auteur. J’en ai reproduit les parties essentielles en y ajoutant mes propres observations. Je ne saurais trop faire l’éloge d’un pareil livre. Son premier mérite est dans la conscience scrupuleuse avec laquelle M. Campbell a recueilli les récits des pâtres et des paysans. Afin d’affirmer l’authenticité du conte, l’auteur donne une sorte de biographie du paysan de qui il le tient, il indique si celui-ci savait ou ne savait pas lire, s’il connaissait ou non l’anglais, de qui il tenait son conte, enfin toutes les circonstances propres à prouver que le récit n’est pas venu d’une source autre que la tradition. M. Campbell, ne se préoccupant que de la fidélité du récit, a résisté au plaisir de fleurir le langage des narrateurs et même au désir naturel d’en dissiper l’obscurité. Ce que le lecteur perd au point de vue du charme littéraire, il le retrouve en sûreté d’informations. M. Campbell a réuni, tant en anglais qu’en gaélique, six cent-soixante-cinq contes qu’il publiera un jour; son ouvrage actuel, bien que n’ayant que quatre-vingt-six numéros, contient environ deux cents contes en y comprenant les versions différentes de la même histoire.
Un petit nombre de traditions mythiques populaires en Ecosse se trouvent aussi dans l’ouvrage de M. Chambers: Popular Rhymes of Scotland, 1 vol. Édimbourg. Ce recueil est excessivement intéressant, il est fait avec le plus grand soin, mais il donne surtout les chansons des nourrices, les rimes populaires, etc,... sujets qui sortent un peu du cadre de ce livre.
On peut aussi consulter: the Popular Superstitions and Festive Amusements of the Highlanders, par Grant Stewart, et the English and Scottish Peasantry, par Allan Cuningham, etc.
Pays du Galles.
Le pays de Galles est par excellence une contrée où les traditions populaires se sont conservées longtemps vivaces. Cependant, il n’existe, à ma connaissance du moins, aucun recueil important des contes de cette nature. Un livre fort intéressant a été publié sur cette contrée; c’est le Mabinogion de lady Guest (3 vol. in-8°. Londres, 1849). — On nomme Mabinogion les anciens recueils de traditions galliques. Une noble dame, lady Guest, a édité, d’après d’anciens manuscrits de la fin du XVe siècle, un certain nombre de romans gallois du XIIe et du XIIIe siècle; ces romans sont les versions des romans anglo-normands du cycle d’Arthur, qui ont été traduits ou imités par toute l’Europe et jusqu’en Islande. Lady Guest réclame pour son pays l’honneur de les avoir le premier mis au jour; elle attribue particulièrement une origine gallique (welche) aux célèbres romans de Chrestien de Troyes: le Chevalier au Lion, Parce val le Gallois, Erec et Enide. Bien que contenant des traces évidentes et nombreuses d’anciennes croyances mythiques analogues à celles de nos contes, ces romans sont des œuvres littéraires plutôt que populaires, et ne pouvaient dès lors trouver place dans le présent volume. On peut lire avec fruit au sujet du Mabinogion: la Villemarqué : Romans de la Table Ronde. — L’ouvrage le plus important sur la vieille littérature du pays de Galles est intitulé : Myvyryan Archaiology of Wales, mais la lecture n’en est pas abordable, car il est écrit en langue kimrique; une petite partie seulement en a été traduite en anglais.
Irlande
Les croyances populaires de l’Irlande ont été parfaitement étudiées par M. Patrick Kennedy, notamment dans les livres suivants: Legendary Fictions of the Irish Celts et Fire Side Stories of Ireland.
Les contes de Fairies et les cauchemars, apparitions, etc..., qui hantent le cerveau des Irlandais font l’objet de l’ouvrage que M. Crofton Croker, avec la collaboration de Keightley, a écrit sous le titre de: Fairy Legends and Traditions of the South of Ireland. Le livre de M. Croker a eu un succès considérable et il a eu l’honneur d’être traduit par l’un des frères Grimm. Écrits avec beaucoup de talent et d’esprit, les Contes de Croker ne sont pas rigoureusement populaires; Keightley, dans sa Fairy Mythology, l’avoue loyalement. La forme en appartient à la littérature et il serait imprudent de les analyser de trop près pour en tirer des conclusions; mais ils font connaître dans une forme agréable les personnages ordinaires des croyances féeriques. A ce point de vue, ils sont en général dignes de foi, et les superstitions qu’ils rapportent existent réellement dans le sud de L’Irlande. Parmi les récits que j’ai traduits j’ai eu soin de n’admettre, au risque d’écarter ceux qui sous le rapport littéraire sont les plus intéressants, que les contes qui ne m’ont pas paru contestables. M. Croker a aussi publié les Légendes de Killarney.
Tels sont les éléments dont se compose le présent ouvrage. Ils sont répartis dans les trois groupes dont j’ai parlé plus haut. Chaque conte porte en tête le nom de l’auteur d’où il est tiré et le pays où il a été recueilli. J’ai indiqué dans les notes qui l’accompagnent les rapports qu’il présente avec ceux des autres pays.
J’espère que le présent ouvrage, malgré le petit nombre relatif des récits qu’il contient, donnera une idée assez complète de la littérature populaire de la Grande-Bretagne, surtout pour les deux premières sections. Un grand nombre des contes anglais ne présentent en effet, suivant les comtés où ils ont été recueillis, que des variantes sans importance, principalement dans la section des Fairies. Quant à la troisième section, pour la faire un peu complète, un volume n’y eût pas suffi si on y avait introduit les ballades sur les personnages historiques ou semi-historiques populaires, tels que le roi Arthur, Robin Hood, Clym of the Clough, Adam Bell, etc. D’ailleurs, il faut le dire, les Français n’y eussent pas trouvé l’intérêt bien légitime et patriotique qu’y attachent les Anglais.