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§ III. — ENTRETIEN DES PRAIRIES.

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Table des matières

C’est une question extrêmement importante, de laquelle dépend souvent la mise en valeur du haras.

On tend par trop, de nos jours, à considérer l’herbe des parcours comme un aliment accessoire et non indispensable pour la nourriture des jeunes poulains. Les qualités nutritives de la bonne herbe sont indéniables. Les principes nutritifs qu’elle contient sont facilement assimilables; en outre, elle a une action adoucissante sur la muqueuse digestive des mères et de leurs produits. Et la bonne herbe ne provient que des prairies bien entretenues.

Il est un axiome agricole bien connu: «L’élevage du cheval détruit l’herbage; l’engraissement du bœuf l’améliore.» L’expérience nous a appris, d’autre part, que la production d’un haras, tant en France qu’en Angleterre, restait rarement uniforme pendant très longtemps. Si elle a été bonne pendant un certain nombre d’années, elle baisse peu à peu au bout de dix ou vingt ans, suivant la nature du sol; elle devient ordinaire, puis médiocre. C’est là un fait indéniable que beaucoup d’éleveurs connaissent. L’un des plus connus, Paul Aumont, prétendait qu’il laissait toujours certains de ses herbages vides de chevaux pendant plusieurs années de suite; il se contentait d’y mettre des bœufs.

Le haras doit donc comporter des herbages en nombre et en contenance suffisants pour permettre à certains d’entre eux de se reposer. Le propriétaire qui fonde un haras doit ainsi acquérir un nombre d’hectares de pré, en apparence hors de proportion avec le nombre de poulinières qu’il veut y entretenir. Et dans les herbages vides de chevaux, il placera des bœufs à l’engrais.

Nous n’avons pas l’intention d’écrire un traité d’agriculture; cependant nous ne pouvons passer sous silence deux des raisons principales qui militent en faveur de cette manière d’opérer:

1° Le bœuf mange toutes les herbes du pré ; le cheval choisit, mange les unes, délaisse les autres. Comme le pur sang est toujours bien nourri à l’écurie, il choisit toujours les mêmes plantes, celles qu’il appète le mieux; il les ronge au ras du sol; de ce fait, elles ne peuvent mûrir ni donner de graines, ni se reproduire. Les plantes dédaignées mûrissent tranquillement; leurs graines tombent sur le sol, ne sont pas gênées par les autres plantes, germent, se développent et finissent par étouffer celles-ci.

2° Le sol renferme, sous forme de pierre ou de terre, des calcaires et phosphates nécessaires au développement du squelette. Les animaux ne pourraient évidemment digérer les cailloux et s’assimiler les phosphates dont ils ont besoin sous cette forme. Mais la pluie, l’air, les alternatives de gel et de dégel désagrègent ces principes et les rendent assimilables pour les plantes qui les absorbent et les présentent ensuite aux animaux sous une forme assimilable pour eux. C’est ainsi que les plantes aident à la formation du squelette. Elles renferment également les substances nécessaires à la formation des muscles et de la graisse (matières albuminoïdes et hydrocarbonées) qu’elles extraient de l’air, de l’eau, du sol.

Or l’animal qui est à l’engrais fait surtout de la graisse; ses muscles se développent peu, son squelette encore moins. Il rend donc au sol sous forme d’excréments les matériaux contenus dans les plantes et qu’il n’a pas utilisés, notamment les phosphates calcaires. Si, pendant plusieurs années de suite, un herbage est chargé de bœufs à l’engrais, sa réserve de phosphates calcaires assimilables ne diminue pas, elle augmente au contraire par suite de l’absorption incessante des plantes. Par contre, si l’herbage a nourri des chevaux pendant ce même laps de temps, les conditions sont bien différentes. La Poulinière en état de gestation a besoin de phosphates calcaires pour le développement du squelette de son produit; nourrice, elle doit lui en fournir par l’intermédiaire de son lait; une fois sevré, le poulain doit trouver dans l’herbe qu’il mange les matériaux nécessaires à sa croissance et au développement de ses os. Ainsi la réserve de phosphates calcaires du sol s’épuise et, si la consommation est grande, l’action désagrégeante de l’air, de l’eau, de la gelée, etc., ne suffit plus à donner aux plantes la quantité suffisante. Au bout d’untemps variable, celles-ci sont très appauvries et impropres à remplir leur rôle d’aliment complet. Si les choses sont poussées à l’extrême, on voit, dans certains pays, apparaître une maladie, l’ostéomalacie, caractérisée par des os fragiles et cassants et dont le traitement consiste à utiliser les engrais chimiques pour améliorer les qualités de l’herbage.

Cette question de l’usure des herbages a été remarquablement traitée par M. Roger de Salverte. Nous transcrivons donc les parties capitales de la notice qu’il a publiée sur ce sujet .

Il est une loi de nature qui régit tout: «La pâture ne peut Produire indéfiniment la même chose sur le même terrain, dans le même milieu ambiant, et ce qui est vrai pour les plantes est aussi vrai pour les animaux.» C’est ainsi que la culture du blé périclite rapidement quand on ensemence un champ plusieurs années de suite avec cette céréale. La nature a cela de curieux qu’elle ne se repose jamais et qu’une culture nouvelle, au lieu de fatiguer le sol, lui apporte des éléments nouveaux. C’est ce principe, admis par presque tout le monde, qui a servi de base à l’agriculture raisonnée. Il semble que les prés échappent à cette règle; aussi on se garde bien de défricher un pré de bon rapport, car on craint d’en diminuer son revenu; on ne le laisse même pas reposer: dès que l’herbe devient plus rare, quand elle change d’espèce et de qualité, on a recours aux engrais chimiques. C’est contre cette pratique que s’élève avec juste raison M. de Salverte. Nous le citons textuellement:

«Des prés d’embouches. — On avait cru faire la remarque que, dans les prés à sous-sol imperméable, dits «prés d’embouches» , les bestiaux s’engraissaient d’autant plus vite que les prés étaient plus vieux, et qu’à condition de ne pas y élever beaucoup de veaux et d’y mettre surtout des animaux adultes on pouvait les conserver en valeur pendant plus de cent ans: plus de trois générations d’hommes; cela paraissait un temps indéfini, et leur prix en avait doublé. Seulement, ce qui était vrai pour l’engraissement ne l’était pas pour l’élevage. Après quelques générations, on était tout étonné de voir les résultats diminuer de plus en plus et la race aller en déclinant. Ces prairies s’effritaient pour l’élevage des veaux, à tel point que, dans bien des endroits, dans certaines parties de la Normandie, par exemple, on avait été obligé d’y renoncer. (Les importations de jeunes bœufs n’ont pas d’autre origine. Il est certain que, lorsqu’on peut les produire soi-même, on ne se donne pas la peine d’en aller chercher ailleurs. Pour s’en rendre compte, on n’a qu’à visiter le Morvan et le Charolais.)

«Raison pour laquelle on ne peut pas toujours élever des veaux dans le même endroit. — Le phénomène qui se produit est facile à comprendre. Les animaux adultes ayant leurs os complètement formés, ne prennent dans leur nourriture que l’azote dont ils ont besoin pour engraisser; ils rendent le reste non utilisable, comme ils l’ont pris: la quantité de phosphore d’une prairie ne baisse donc que d’une façon insensible si elle est pâturée par des animaux adultes.

«Les jeunes, au contraire, sont en pleine formation; ils gardent donc le phosphore et se l’assimilent. Or il ne viendra à l’esprit de personne de trouver extraordinaire que, si l’on prend chaque jour, dans un grenier, du foin, sans jamais en remettre, on finisse par user complètement la provision. Je ne vois donc pas pourquoi l’on serait plus étonné du cas qui nous occupe.

«Ce même fait peut être constaté pour l’élevage du poulain. — Ce fait constaté pour l’élevage du veau, animal plus hàtif et moins précieux que le poulain, pourrait l’être de même pour ce dernier. Seulement, à cause des soins dont il est entouré et du phosphate chimique que la plupart des éleveurs lui font absorber, l’effet met plus de temps à se faire sentir et par conséquent échappe à une analyse superficielle.

«Preuves historiques que le monopole de l’élevage du bon cheval n’est pas gardé longtemps par le même pays.

— Si l’on se donne là peine d’étudier l’histoire des temps passés, on voit que chaque pays n’a pas gardé longtemps le monopole de l’élevage du bon cheval.

«Sans remonter au déluge, et pour ne nous occuper que des temps modernes, sous Louis XIII, par exemple, le cheval à la mode était le Genêt d’Espagne. Il avait remplacé le Destrier des Flandres dans les galas. Il fut lui-même remplacé par le cheval des Frises et du Danemark, qui était la monture préférée des généraux au temps de Louis XIV. Car ce n’est que sous Louis XV que le cheval anglais a commencé à être connu, et bien des gens lui préféraient le cheval limousin, dont ils vantaient la vitesse et le tempérament. En France même, le cheval normand n’a fait son apparition comme cheval de luxe que vers 1850, et le trotteur n’a acquis toute sa vogue que depuis peu. On peut en dire autant de l’élevage de Tarbes tel qu’il existe aujourd’hui, qui date de cinquante à soixante ans, au maximum. (Il n’y avait que cinquante-neuf juments de pur sang dans la plaine de Tarbes en 1850; actuellement il y en a plus de mille.)

«Ces exemples récents suffiront pour montrer que le bon élevage ne dure pas toujours dans les mêmes lieux. Qui parle maintenant du Genêt d’Espagne ou du Destrier des Flandres? Personne.

«Le cheval anglais lui-même a une tendance à baisser sur le marché et à être remplacé par le cheval américain: sa production du moins diminue dans des proportions effrayantes (Voy. le tableau des importations et des exportations des chevaux depuis quelques années.)

«La roue de la Fortune tourne, et ce n’est que justice. Il serait souverainement injuste que tous ceux qui ont fait le nécessaire ne puissent, à leur tour, profiter de ses faveurs.

«L’élevage du cheval de courses est soumis aux mêmes lois que celui des autres chevaux. — Lorsque, pour localiser la question, on s’occupe de l’élevage du cheval de course, on est surpris de constater que là encore on se trouve en présence des mêmes lois et que, quelque chose qu’ait pu faire l’homme, il n’a pu s’y soustraire tout à fait.

«Que d’élevages qui brillaient au premier rang dans mon enfance ont déjà disparu ou du moins ont tellement baissé qu’ils semblent devenus secondaires; ils ont été remplacés par d’autres qui, à leur tour, fournissent les vainqueurs des grandes courses.

«Remarque curieuse: le succès coïncide souvent avec la création d’un haras. — J’ai fait à ce sujet une remarque assez curieuse: quand un haras est créé et que ses prés sont bien établis (c’est-à-dire au bout d’une période de cinq ou six ans pour des prés nouveaux), s’il se trouve dans de bonnes conditions et que les familles qui ont servi à le composer ont été choisies avec soin, il produit souvent de suite des vainqueurs, surtout lorsqu’il a été placé dans un endroit où l’on n’avait jamais élevé de pur sang auparavant.

«Exemples récents: écurie de Chamant. Quelques vainqueurs du grand prix de Paris. — Pour citer un exemple récent, tout le monde a présent à la mémoire les succès du haras de Chamant, au temps où il appartenait à M. Lefèvre. Pendant plus de quinze ans, il a fourni des vainqueurs dans toutes les grosses courses de France et d’Angleterre. Personne n’avait remporté un pareil triomphe.

«Certainement, les sacrifices d’argent faits pour acquérir les poulinières les meilleures y étaient pour beaucoup; tout y était organisé avec le plus grand soin; on n’avait reculé devant aucune dépense; mais l’endroit choisi aurait dû y être aussi pour quelque chose, et qu’était-il? D’anciennes terres labourées d’un pays calcaire que leur propriétaire avait converties en prés, au mépris de tous les usages reçus alors. Puis, la vogue étant venue, M. Lefevre se mit à augmenter son haras pour avoir plus de produits et, de ce jour, les élèves de Chamant devinrent moins bons: la période était terminée, elle avait duré près de dix-huit ans.

«Que s’était-il passé ? Rien. La terre s’était épuisée pour l’élevage du pur sang; les éléments du sol qui servaient à former les vainqueurs avaient disparu.

«Les poulinières étaient cependant restées les mêmes, et la preuve, c’est qu’un certain nombre d’entre elles ayant été acquises par M. Say, lui ont servi à fonder le haras de Lormoy, dont les succès n’ont pas été moins grands que ceux du haras de Chamant.

«(On pourrait encore citer comme sorties de l’élevage de de M. Lefèvre: Aurore, qui a produit Achille pour M. le duc de Feltre; La Noce, la mère, chez M. le baron de Rothschild; de Le Nord, Le Nicham, etc.)

«L’élevage de M. Lefèvre n’est pas le seul qui ait remporté de grands succès dès son origine.

«Voici d’autres exemples choisis parmi les vainqueurs du grand prix de Paris:

«M. Henry Delamarre fonde avec M. le comte Rœderer le haras de Bois-Roussel, et peu après il gagne le grand prix avec Vermout et le derby avec Bois-Roussel, la même année.

«M. le baron de Nivière crée le haras de Villebon eh 1858; il y voit naître, en 1862, Gontran, gagnant du Derby; en 1867, Bigarreau, gagnant du derby, et Sornette, gagnante du prix de Diane et du grand prix de Paris, la meilleure jument de son temps.

«M. de Montgommery élève Fervacques et la Touques autour de son château.

«M. Delatre crée le haras de la Celle-Saint-Cloud, et dans les premiers yearlings qui en sortent se trouve Nubienne, gagnante du grand prix de Paris et du prix de Diane.

«M. le baron de Schickler change son haras de place: aussitôt il commence une série de victoires qui dure depuis vingt ans.

«J’aurais pu citer encore:

«Gladiateur, né à Dangu;

«Frontin et Little Duck, achetés poulains de lait à M. Malapert et élevés par le duc de Castries au haras de Saint-Georges, qu’il venait de créer;

«Chéri, élevé à Huez;

«Doge, sorti du haras de Villechétive;

«Kisil Gourgan, née à Saint-Pair-du-Mont;

«Les produits élevés par M. Blanc, aux haras de la Châtaigneraie et de Jardy, qui viennent de gagner le grand prix trois années de suite, etc.

«Mais en voilà assez sur ce sujet, qui me parait suffisamment démontré.

«On comprendra facilement que, si je n’avais pas voulu me borner à l’examen des vainqueurs du grand prix de Paris, du haut en bas de l’échelle des éleveurs, chez les grands comme chez les petits, j’aurai constaté des résultats pareils.

«Grand nombre des juments importées qui ont bien Produit, et raison de ce fait. — Un autre fait, qui découle de la même source, est le grand nombre de juments de pur sang anglais, qui, importées ou seulement changées de région, ont réussi de façon à étonner leur vendeur.

«Il ne m’est pas possible de les citer toutes, elles sont trop nombreuses; de plus, c’est une vérité que la plupart des éleveurs ont pu constater par eux-mêmes: les achats à l’étranger, de jour en jour plus importants, la démontrent suffisamment.

«Dans le pays où elles étaient nées, l’endroit qu’elles habitaient était effrité pour elles. On les transporte ailleurs; elles y trouvent. des éléments nouveaux, et leur Production est changée du tout au tout: de mauvaise, elle devient bonne.

«Effritement des prairies pour tel ou tel élevage. — Cet effritement des prairies pour tel ou tel élevage est plus ou moins rapide selon le sol et selon une foule de circonstances qui échappent quelquefois à l’analyse, mais il est cependant réel.

«A ce sujet, on peut dire, sans paradoxe, que souvent un succès trop accentué a été pour un élevage une cause de ruine.

«Car, lorsque l’on réussit, il est souvent difficile de savoir se modérer; on augmente ses animaux, et la terre se trouve surchargée.»

Moyens à employer pour conserver aux prairies leurs qualités. — Les moyens que propose M. de Salverte pour atténuer la dégénérescence des prairies sont les suivants:

1° Changer de place son haras. C’est là un procédé bien coûteux, difficilement réalisable en pratique;

2° Avoir beaucoup de prés et laisser reposer ses prés pendant le temps nécessaire. On placera dans ces prés des bœufs à l’engrais, durant tout le temps qu’on les laissera vides de chevaux. C’est certainement le moyen le plus pratique, le moins onéreux et le plus sûr. Nous avons dit antérieurement pour quelles raisons cette alternance était précieuse pour conserver à la prairie ses qualités naturelles. Le procédé est identique à celui qui consiste à alterner la culture de blé et celle de la betterave;

3° Enfin M. de Salverte est très partisan du procédé qui consiste à rendre au sol, par un assolement raisonné, les qualités qu’il a perdues. C’est celui qu’il a mis en pratique dans sa terre de Rouvres.

«Mon système de culture. — Lorsqu’on crée une méthode, on est toujours obligé d’opérer par tâtonnements et de se faire une ligne de conduite.

«J’ai pensé que mes terres pouvaient durer douze ans en pré.

«L’avenir me dira si cette période est trop longue ou trop courte.

«En attendant, voici comment je procède: ayant 46 hectares susceptibles d’être compris dans mon roulement, j’en défriche chaque année une parcelle.

«Cette parcelle est semée en avoine sur défriche. La deuxième année (bien que ce ne soit pas l’usage), j’y mets un blé (et je m’en trouve bien; il est vrai que le fumier dont je dispose et les douze années pendant lesquelles ma terre s’est reposée me donnent plus de facilité qu’à un autre pour avoir de belles récoltes).

«La troisième année, une culture sarclée (pommes de terre ou betteraves).

«Et enfin la quatrième année, encore une avoine dans laquelle je resème le pré. Elle sera donc en pré la cinquième année, et c’est de cette année que partiront les douze ans de sa durée.

«Faisant cela chaque année pour une parcelle différente, je renouvelle petit à petit le tout, ayant toujours les trois quarts de mon terrain en pré et un quart en culture.

«Constatations dont quelques-unes sont peut-être particulières au sol de Rouvres. — Depuis que j’applique cette méthode, j’ai fait quelques constatations.

«D’abord, durant les trois premières années d’un nouveau pré, la récolte de fourrage devient de plus en plus forte, mais le foin est gros et aqueux. Ce n’est que la quatrième année qu’il prend du corps. A partir de ce moment-là jusqu’à la douzième année, la production reste pareille. Mais, dès la huitième année, le pré est gagné par les mousses.

«J’ai cru pouvoir tirer parti de ces observations pour grandir et diminuer à mon choix et selon les besoins la taille de mes jeunes poulains.

«Si, en revenant de monte, par exemple, une poulinière a Un Poulain trop petit, je la mets dans une parcelle de pré neuf, et souvent cela suffit pour que son poulain grossisse à vue d’œil. Lorsque celui-ci aura atteint la taille des autres, je le mettrai avec eux dans le pré de quatre à huit ans, qui est pour moi le pré à son meilleur moment, et je ne me servirai des prés de huit à douze ans qu’après les avoir fait faucher, du mois de juin au mois de septembre, pour y mettre les yearlings, parce que les poulains y mangeant moins d’herbe, mais de l’herbe plus tonique, goûtent mieux leur avoine et y Prennent plus d’exercice.

«Jusqu’à présent, la pratique semble donner raison à cette théorie, qui n’est en somme qu’une application des résultats obtenus par les éleveurs de la plaine de Caen, avec leurs Jeunes chevaux au piquet dans les prairies artificielles.

«Les animaux que j’élevais à Rouvres étaient trop grands et trop lourds à l’origine: ils sont devenus d’une bonne taille.

«En ramenant à la surface les éléments qui sont contenus dans le sol, je les mets en contact avec les éléments extérieurs et leur donne une nouvelle poussée.

«Enfin les quatre années de culture qui reposent le sol du pré ne sont pas perdues pour cela; elles m’aident à faire l’avoine et la paille nécessaires pour ma maison.

«J’espère de plus que, par ce moyen, non seulement la valeur de mon élevage sera augmentée, mais encore qu’il me sera loisible de le continuer en l’améliorant pendant une période presque indéfinie, puisque cette méthode me procure toujours des éléments neufs.»

Nous ne doutons pas que la plupart des éleveurs n’essaieront cette méthode de régénération des prairies que lorsqu’elle aura donné des résultats plus certains et plus concluants. Cette pratique exige, en effet, des frais considérables. Aussi la seconde méthode qui consiste à laisser reposer les herbages pendant plusieurs années et à y entretenir des animaux d’engrais pendant ce temps est encore la plus rationnelle, la plus sûre, la moins onéreuse. C’est celle qu’a toujours suivie M. Aumont.

Les herbages exigent encore d’autres soins, qui ont, eux aussi, leur importance. On doit enlever fréquemment les mauvaises herbes, surtout les plantes acides, renoncules, colchiques, etc., qui pourraient, si elles étaient ingérées par de jeunes animaux, avoir une action dissolvante sur les phosphates calcaires nécessaires à l’édification du squelette.

Chaque année, au printemps, il est bon de herser légèrement les prairies, de les rouler ensuite, afin de donner de l’air aux plantes. On enlèvera aussi les tas de crottins; on étalera les taupinières; on bouchera les trous, etc., ainsi que nous avons dit plus haut.

Si on ne peut mettre de bovidés à l’engrais dans les prairies qu’on laisse reposer, on les fauche comme des prairies ordinaires; mais cela ne vaut pas, car il leur manque toujours l’engrais du bétail. Quand la prairie sert continuellement sans interruption à l’élevage du cheval, nous avons dit qu’elle se fatiguait plus ou moins rapidement. On remédie en partie ,à ce grave inconvénient par l’emploi des engrais chimiques tous les deux ou trois ans. On peut utiliser le fumier ordinaire, plutôt le fumier de moutons et de vache, bien réduit, les superphosphates, les scories, les boues et vidanges des villes. Le superphosphate de chaux est le plus communément employé ; on en répand environ 600 kilogrammes à l’hectare. Fournier et Duret prétendent que, dans les prairies où les légumineuses seraient très abondantes et les graminées pas assez, il faut utiliser le superphosphate azoté ; dans le cas contraire, on emploierait le superphosphate potassique.

Les phosphates naturels peuvent remplacer avantageusement les superphosphates. Il en est de même des scories de déphosphoration.

Le cheval de course : élevage, hygiène, entraînement, maladies

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