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§ II. — CHOIX DES POULINIÈRES.

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Ce que nous venons de dire de l’étalon s’applique en partie aux caractères qu’il faut rechercher chez la poulinière. Ici encore la question de famille, de courant de sang prime toutes les autres. L’éleveur doit donc se préoccuper de son origine et de son origine maternelle surtout; il recherchera les poulinières dont les mères ou les grand’mères auront bien produit et qui seront issues, si possible, d’étalons qui ont également bien réussi au haras. Le second caractère, les performances, est infiniment moins important pour la poulinière que pour l’étalon. En général, les pouliches de bonne origine sont retirées de l’entraînement, quand elles manquent de qualité, ou bien quand elles ont présenté un accident des membres. Il est même préférable que la jument ait été soumise aussi peu que possible aux fatigues de l’entraînement. Il faut en effet que la poulinière soit saine et vigoureuse. Or l’expérience a montré que les juments maintenues longtemps à l’entraînement, ayant beaucoup couru, sont de médiocres poulinières, même si elles ont montré dès qualités, exceptionnelles en courses. Il y a à cette règle, cependant, quelques exceptions (Bougie, Mowerina, Admiration), etc. Il est incontestable qu’un exercice musculaire trop prolongé fatigue, affaiblit l’organisme, et les produits se ressentent toujours du délabrement physique de la mère qui les a enfantés. Un médecin très connu a dit: «La fatigue se transmet par l’hérédité surtout chez les individus nerveux .» Or le pur sang est l’animal nerveux par excellence. Le Pr Landouzy, dans une de ses leçons à l’hôpital Laennec, a traité cette question au point de vue de l’espèce humaine. Il cite de nombreux faits à l’appui de cette thèse: dans un ménage, il y a plusieurs enfants; les aînés bien conformés, bien portants; le dernier chétif, ne ressemblant pas à ses frères et sœurs; c est qu’avant sa naissance et même bien avant la fécondation de la mère, celle-ci a souffert, son organisme s’est affaibli. Et il ajoute: «Le dernier enfant est bien d’une mère identique au point de vue légal et civil, mais profondément différente ait point de vue organique.» Et nous nous croyons autorisé à dire: par les fatigues d’un entraînement intensif, une pouliche saine, forte, vigoureuse, ayant beaucoup couru, beaucoup gagné, est devenue une jument poulinière dégénérée, dont l’excitabilité cellulaire s’est considérablement affaiblie, dont le tempérament s’est usé.

Certains propriétaires éleveurs se sont bien trouvés de consacrer directement à la reproduction ou dès leur troisième année, des pouliches ayant bonnes origines et bonne conformation. On peut objecter cependant que le travail non intensif est utile pour faciliter le développement général et la croissance. Aussi d’autres éleveurs choisissent un moyen terme: toutes les pouliches sont envoyées à l’entraînement, courent une ou plusieurs fois à deux ans, puis sont mises au repos; elles sont remises à l’entrainement à trois ans et courent au printemps; sitôt que la moindre menace de fatigue tendineuse ou articulaire ou osseuse surgit, la pouliche est envoyée au haras. On peut craindre que, fécondée à trois ans, la pouliche ne donne des produits qui se ressentent de son insuffisance de développement. C’est une erreur, et en cela l’instinct des animaux est supérieur à notre argumentation; puisque la pouliche accepte l’étalon, c’est qu’elle est formée, c’est qu’elle est apte de reproduire. Ils abondent dans l’élevage du demi-sang, ces exemples de pouliches fécondées à l’herbage à deux ans par un étalon de même âge et donnant de bons produits. Et puis la première gestation a toujours pour résultat de développer le bassin et l’aptitude laitière; or le bassin d’une pouliche de trois ans est plus «malléable» que celui d’une jument de cinq ans, et la gestation développera, dilatera plus facilement celui de la première que celui de la seconde. La gymnastique fonctionnelle des organes reproducteurs chez une poulinière a plus d’importance que la gymnastique des organes locomoteurs; la première prépare admirablement le lit où sera déposé le liquide fécondant du mâle et où se développera le produit; la seconde aide au développement général de la jument, augmente son excitabilité nerveuse, amène souvent l’irritabilité et, s’il est trop longtemps continué, affaiblit son organisme et diminue ses facultés reproductives.

Fig 5. — Poudre d’Or, par War Dance et Eighleen Carat, poulinière du haras de Menneval, à M. le comte Dauger.


Le troisième caractère à examiner chez la poulinière, la conformation, a une grosse importance. On doit rechercher les juments qui donnent l’impression de féminisme, plutôt longues, basses sur jambes, longues dans leur dessus, ayant un bassin développé, des hanches larges, des côtes bien descendues et projetées en arrière, ayant l’allure, la démarche, le tempérament de la femelle. On prêtera également attention à leurs aplombs, qui doivent être réguliers; à leurs articulations, qui. doivent être bien développées. Il faudra s’assurer de l’intégrité des organes génitaux.

On doit écarter de la reproduction les juments qui ont été affectées de fractures du bassin, car le plus généralement ces dernières sont consolidées grâce à l’édification d’un cal plus ou moins volumineux, qui réduit les dimensions du bassin et peut être un obstacle insurmontable au passage du produit.

Enfin les mêmes règles prohibitives concernant les tares devraient être appliquées aux juments aussi bien qu’aux étalons. Très généralement on ne prête aucune attention aux tares que peuvent présenter les poulinières. C’est commettre là une grave erreur d’appréciation à notre sens. On considère par trop, dans le monde des éleveurs, la poulinière comme un réceptacle inerte destiné à recevoir l’œuf fécondé. Les qualités de celui-ci participent à la fois des propriétés du spermatozoïde et de l’ovule, et l’un et l’autre sont susceptibles de transmettre au produit qui résulte de leur fusion, la nature particulière des tissus des procréateurs dont ils proviennent. Très souvent les caractères du père dominent; mais, si le tissu osseux ou tendineux de la jument présentait un manque de résistance, une fragilité particulière qui se serait manifestée par des lésions ostéitiques accusées, ou un claquage hâtif sans cause bien déterminée, il y a de grandes chances pour que le produit hérite, en partie du moins, de cette nature particulière des tissus, par conséquent de cette prédisposition aux tares. Et, si le nombre des chevaux de pur sang ostéitiques, claqués, tarés, augmente de jour en jour, nous pensons que ce résultat malheureux est dû en partie à une mauvaise sélection des poulinières chez lesquelles l’éleveur ne redoute pas assez les tares transmissibles.

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