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CHOIX DES REPRODUCTEURS § I. — QUALITÉS A RECHERCHER CHEZ L’ÉTALON.

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Trois dominantes principales doivent diriger l’acheteur dans son choix; ce sont, rangées par ordre d’importance décroissante, les qualités de la famille, les qualités du sujet, sa conformation.

Dans une récente communication présentée au Congrès hippique de 1909, le Pr Barrier s’exprimait en ces termes sur la valeur des reproducteurs:

«La race n’est pas une réalité, mais une abstraction dont les caractères, les qualités et les défauts apparaissent d’une façon concrète dans les reproducteurs. C’est avec ceux-ci seulement qu’on a les moyens de la conserver, de la modifier ou de l’améliorer en vue de maintenir ou d’étendre ses débouchés. Aussi est-il de la plus haute importance de les sélectionner avec soin.

«Mais, pour bien mesurer toutes les difficultés de ce choix, il n’est pas inutile de rappeler les conditions qui influent plus particulièrement sur la valeur du reproducteur. Eh bien, ces conditions sont essentiellement liées à la qualité de sa puissance héréditaire et à celle de ses caractères anatomo-physiologiques. Toutefois, il n’est pas d’autre moyen d’en bien juger que d’apprécier chez ses produits l’intervention plus ou moins heureuse de ces deux facteurs. En un mot, le reproducteur ne vaut que par la qualité et la nature de ce qu’il a transmis, bien plus que par ce qu’il avait en puissance et ce qu’il possédait en réalité.

«Il est nécessaire d’entrer dans quelques détails à ce sujet:

«Puissance héréditaire. — Chaque être vivant dispose, en puissance, de deux sortes d’énergies héréditaires, mais qu’il ne peut qu’en partie transmettre à ses produits: l’une, constituant l’héritage ancestral, se compose de tout ce que l’ascendance a acquis, fixé et légué, de génération en génération: c’est l’hérédité atavique ou des aïeux; — l’autre, qui est faite de l’apport personnel de l’individu, c’est-à-dire de ce qu’il a reçu et modifié à son tour en modelant sa forme essentiellement malléable au contact des influences toujours variables du milieu: c’est l’hérédité individuelle ou l’innéité .

«Les zootechniciens admettent avec raison que la première est conservatrice des caractères et des qualités de l’espèce, de la race, de la variété, de la famille, de la collectivité en un mot — et que la seconde tend continuellement à doter le type de caractères nouveaux, qui le modifient en l’améliorant ou, au contraire, en le dégradant.

«Chez le pur sang homogène et bien fixé, l’hérédité conservatrice est presque toujours puissamment prédominante, d’où la haute et juste importance attribuée par les éleveurs au pedigree. Cependant, parmi ses représentants, il est des sujets doués d’une hérédité individuelle, de bons raceurs, comme on dit, qui sont capables de substituer leurs propres caractères à ceux de leurs aïeux; reproducteurs précieux, car c’est surtout avec eux qu’on peut améliorer la race sans être obligé d’attendre l’action désespérément lente des ambiances et de la domestication.

«Mais il ne faut pas oublier que la puissance héréditaire est incertaine, inconstante et pleine d’aléas mystérieux. Un reproducteur peut transmettre des particularités non décelables chez lui et ne pas léguer des traits, des qualités ou des défauts qui lui sont propres. Pourquoi? Nul n’est, présentement, en mesure de l’expliquer. Qu’il nous suffise de le constater et d’en conclure que le pedigree, le modèle et la qualité ne peuvent permettre de pronostiquer d’une façon absolue la valeur de la puissance héréditaire. Néanmoins, il s’agit là d’éléments d’information de premier ordre, et d’autant plus sérieux, d’autant plus sûrs qu’ils s’appliquent à des géniteurs d’une race plus pure et mieux fixée.

«Mais je prendrai la liberté de réagir contre l’exclusivisme de certains, qui ne tiennent compte que de l’origine. Certes, c’est une référence à nulle autre pareille que de descendre d’une race et d’une famille illustres; mais les mérites de la noblesse, en matière de reproduction, doivent pouvoir se confirmer autrement que par des certificats d’origine authentiques. Il importe que le reproducteur fasse ses preuves, et ce n’est que par la valeur même de ses produits qu’on peut véritablement le juger.

«Toutefois, à défaut de descendance, quand il s’agit de le choisir pour le mettre en service, quel sera le critérium, étant entendu que le pedigree est déjà satisfaisant?

«N’hésitons pas à déclarer qu’il réside dans l’appréciation des caractères anatomo-physiologiques.

«Ce vocable comprend tout l’instrument et les forces avec lesquels le cheval travaille et s’adapte, élimine ce qui est inutile, acquiert ce qui lui est nécessaire, lutte pour la vie, se modèle sur le milieu, s’enrichit. C’est sa conformation, ses organes, sa substance, ses aptitudes fonctionnelles; ou encore sa statique, sa dynamique, sa mentalité ; c’est, d’une autre façon, sa tête, son balancier, son générateur d’énergie (poitrine et abdomen); sa membrure, sa sensitivo-motricité (sang); c’est tout ce qui fait sa puissance mécanique, son rendement, son caractère. En cela, il faut voir les facteurs principaux de l’hérédité individuelle, à l’aide de laquelle le reproducteur transmettra à sa descendance le capital atavique modifié, réduit ou accru par lui.»

Les qualités dominantes des ancêtres de l’étalon se transmettent presque toujours à ses produits, alors même qu’elles ont été peu manifestes chez lui-même. Par contre, il transmet rarement ses qualités individuelles, innées ou acquises. C’est ainsi que The Bord, cheval très dur, très résistant, qui a couru trente fois, a gagné vingt courses et a été placé dans cinq, a produit beaucoup de bons chevaux; mais la plupart de ceux-ci n’étaient pas résistants et devaient subir un repos obligatoire après une course un peu sévère. Or ce même manque de résistance se rencontrait chez le père de cet étalon. Il en a été de même des produits de Claymore.

Fig. 3. — L’étalon Flying Fox, du haras du Jardy, à M. Edmond Blanc.


Inversement un étalon ayant des défauts, mais provenant d’une bonne famille, transmet souvent les qualités dominantes de celle-ci et pas ses défauts à lui. Ainsi, Saint-Bris, bon étalon, est cependant ensellé et brassicourt, et il donne des produits droits et d’aplomb, qui tiennent de son père Saint-Simon.

On pourrait multiplier les exemples. On doit donc ajouter la plus grande importance aux qualités maîtresses des ancêtres de l’étalon. On doit surtout rechercher le sang, car, suivant le proverbe anglais: One ounce of blood is warth a pound of bove (Une once de sang vaut mieux qu’un kilogramme d’or). Nous pensons même qu’on aura plus de chances de réussite avec un produit un peu défectueux, mais venant d’une bonne famille, qu’avec un produit irréprochable comme forme, ayant présenté certaines qualités, mais issu de parents médiocres.

Fournier et Duret disent très justement, dans leur Traite pratique d’élevage et d’entraînement du cheval de course:

«C’est l’étalon, la poulinière et les ascendants des deux procréateurs qui vont doter le produit au point de vue du modèle et de l’aptitude. C’est au père et à la mère qu’est réservée la plus grande influence; ensuite au père et à la mère de chacun des reproducteurs accouplés, ensuite aux bisaïeux et ainsi de suite. Il est vrai qu’assez souvent cet ordre normal est inverti et qu’un ascendant relativement éloigné fait revivre, par une puissance inconnue à laquelle on a donné le nom d’atavisme, une portion de lui-même plus importante que celle à laquelle son éloignement lui donnait droit. C’est ce qu’explique le souci qu’ont les éleveurs de rechercher les reproducteurs qui offrent dans leur généalogie les noms les plus illustres du Stud-Book.

«L’époque actuelle est toute à la recherche du sang de Galopin, Hermit, Isonomy, Hampton, etc., et de quelques lignées naturelles trop connues pour qu’il soit utile de les rappeler.»

Ce point étant élucidé, on étudiera ensuite la carrière de courses de l’animal, les qualités héréditaires et individuelles particulières qu’il a montrées, ses performances. A cet égard, on classe généralement les chevaux de course en chevaux de vitesse, ou flyers, et en chevaux de fond, ou stayers.

L’éleveur qui désire vendre ses produits doit s’efforcer naturellement de faire ceux qui se vendent le mieux; or les chevaux vites sur courtes distances sont les plus recherchés; donc il devra donner sa préférence à un spécialiste flyer. D’autre part, l’acheteur, en cas. d’insuccès, peut tenter de l’utiliser ou de vendre son cheval pour les courses d’obstacles, où celui-ci doit faire preuve de fond et d’endurance. Il ne faut donc pas être trop absolu dans son choix et envisager surtout le genre de débouché que l’on aura pour les produits futurs. Dans tous les cas, la plupart des étalons qui ont réussi au haras ont fait preuve de vitesse, soit à deux ou trois ans.

Fig. 4. — L’étalon Saint-Bris, du haras de Menneval, à M. le comte Dauger.


Conformation. — Enfin on examinera la conformation du cheval.

On s’assurera d’abord de l’intégrité des organes génitaux. A ce point de vue-là, cependant, il ne faut pas être trop absolu, et l’exemple suivant le prouve: un étalon qui commençait à bien produire comme cheval de course n’avait qu’un testicule; or, sitôt après les premières saillies, le deuxième est descendu. On doit toujours rechercher chez l’étalon: un grand. développement de poitrine, surtout haute et profonde, ce qui implique un développement suffisant des poumons et du cœur et une grande capacité respiratoire; une épaule longue et musclée, un avant-bras long, très développé, très musclé ; un rein court et large; une croupe large, longue, plutôt un peu oblique; un grand développement de la cuisse et de la jambe, qui sera longue et droite; des jarrets forts, très développés dans tous les sens; des canons longs, épais et courts; des tendons bien détachés; des pieds bien conformés; enfin les membres seront bien d’aplomb et on ne fera guère d’exception à ce dernier desideratum que si le cheval est brassicourt.

On ne peut conseiller de livrer à la reproduction un cheval mal planté, mal équilibré, ayant des aplombs défectueux, panard ou cagneux par exemple; ce sont là des défauts de conformation qui se transmettent généralement aux produits et qui placent ceux-ci dans un état d’infériorité physique ou les prédisposent aux tares. On doit rejeter impitoyablement de la reproduction les étalons «tarés». Le terme implique les affections des os, des tendons, ou des articulations, engendrées par le travail, mais qui ont été provoquées, amorcées, parla nature particulièrement peu résistante des tissus de ce cheval. L’ostéitique, le claqué (quand l’accident est survenu hâtivement au début de la carrière du cheval et sans cause déterminante bien évidente) donnera naissance à des produits ostéitiques ou qui claqueront facilement, surtout si cet étalon a déjà dans ses ancêtres des animaux qui ont présenté la même prédisposition. Par contre, on ne doit tenir que modérément compte des tares qui sont la conséquence d’accidents ou de fautes commises dans le travail d’entraînement. Enfin il est bonde s’assurer avec le plus grand soin de l’intégrité du cœur et des poumons et de ne pas prendre comme étalon un cheval qui présenterait une lésion quelconque de ces organes: pousse, cornage, endocardite ou myocardite, etc., conséquences ordinaires d’une grave maladie antérieure ou d’un travail irraisonné.

Le cheval de course : élevage, hygiène, entraînement, maladies

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