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29 Avril 1915

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VISITE DE MADAME RAYMOND POINCARÉ A L’OUVROIR MUNICIPAL

MADAME,

En vous exposant, il y a quelques instants, le but et le fonctionnement de notre ouvroir-cantine, je vous confiais que si nous avons pu faire un peu de bien, nous en sommes largement payés par l’affectueuse gratitude de nos chères protégées.

C’est vous dire, Madame, que toutes garderont de votre visite un souvenir ému et reconnaissant.

Ce sont de vraies Françaises, c’est-à-dire des femmes particulièrement délicates et sensibles à toutes les attentions, à tous les égards qu’on a pour elles.

Il y a quelques mois, à l’occasion des fêtes de Noël, vous parcouriez tous les arrondissements de Paris pour distribuer des cadeaux et des étrennes, sous forme de jouets et de vêtements chauds, aux pauvres enfants de nos défenseurs.

Ces étrennes, ces cadeaux, vous aviez tenu à les distribuer vous-même et je vous vois encore, dans notre vieille mairie, les remettant de vos propres mains à nos chers enfants avec ce charme souriant qui ajoute tant de prix à ce qu’on donne.

Depuis, c’est vers les mamans et vers les grandes sœurs que vous êtes allée.

Vous avez voulu témoigner aujourd’hui comme hier que tous nous ne formons plus qu’une grande et seule famille très étroitement unie devant les angoisses, les dangers et les deuils de l’heure tragique que nous vivons.

Certes, Madame, si nous avons pu créer cet ouvroir-cantine, si nous avons pu y recevoir, y accueillir à bras ouverts toutes les malheureuses femmes qui sont venues frapper à la porte de la maison commune et nous demander aide et assistance, c’est grâce au concours magnifique autant qu’empressé de nos concitoyens.

Et nous n’oublions pas que Monsieur le Président de la République et vous, Madame, avez bien voulu, les premiers, vous associer à nos œuvres de bienfaisance par un très généreux don.

Mais il y a mieux: à côté du don matériel, il y a l’offrande du cœur.

C’est cette offrande que vous êtes venue apporter aujourd’hui à nos ouvrières: en leur nom à toutes je vous en remercie.

Nous vous prions, Madame, mes collègues et moi, d’accepter nos plus respectueux hommages et de les présenter également à M. le Président de la République, qui, tout récemment, dans un émouvant discours, proclamait au front des troupes l’inébranlable unité de la patrie. L’unité de la patrie, c’est à l’intérieur l’union sacrée. Nous avons conscience d’avoir ici très fermement scellé cette union.

Veuillez, Madame, en transmettre l’assurance à M. le Président de la République en lui faisant part de ce que vous avez vu. Dites-lui que nous n’avons rien négligé, que nous ne négligerons rien pour donner aux ouvrières malheureuses, à toutes les femmes malheureuses l’aide matérielle et l’aide morale.

Dites-lui qu’à son exemple nous ne fléchirons jamais dans notre résistance, que nous continuerons à faire tout le bien qui dépend de nous: c’est assurément ce qui lui causera le plus vif plaisir.

Un arrondissement de Paris pendant la guerre

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