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RAISON D’ÊTRE DE CE LIVRE

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Table des matières

La guerre a suscité les créations les plus variées dans toutes les manifestations de l’activité humaine, tant les nécessités du moment étaient impérieuses.

La tâche qui fut dévolue aux Municipalités devint considérable.

Le Maire du VIIIe arrondissement pense qu’il n’est pas sans intérêt que soit conservé le souvenir de tant d’efforts généreux, nés d’une lies périodes les plus tragiques de l’histoire du monde. Il donne l’exemple qui sera, il l’espère, suivi par beaucoup de ses collègues.

Chaque mairie, autrefois centre de la vie municipale seulement, devint le centre de la vie patriotique où venait battre le cœur d’une grande ville qu’est un arrondissement de Paris. Le maire était le président naturel de toutes les œuvres. Pour être vraiment efficace, son action devait s’exercer personnellement sur tous les domaines de l’intérêt public. Que de misères à soulager! Que d’inquiétudes à calmer! Que de pleurs à sécher, de deuils à consoler! Que de renseignements à donner avec courtoisie, avec sympathie pour tant de cœurs brisés!

Et aussi combien d’œuvres à organiser, à soutenir!

Nous, nous étions l’arrière. Pendant que l’avant combattait avec un courage héroïque, l’arrière formait la réserve nécessaire, indispensable, sans laquelle l’avant eût succombé. La vie nationale devait continuer à se développer sous toutes ses formes.

Des ouvroirs furent créés en grand nombre pour procurer du travail et assurer un refuge aux femmes sans ressources, aux chômeuses, aux exilées de leurs foyers, qui y travaillèrent avec une ardeur infatigable en faveur de nos combattants.

La Caisse des Ecoles continua comme par le passé à s’occuper du bien-être de nos enfants, à les vêtir, à les nourrir, à leur procurer la joie des vacances scolaires, loin des tourments de la ville et du danger qu’on y courait.

Les distributions de prix aux élèves des écoles communales eurent lieu avec la même solennité.

Ne devait-on pas, plus que jamais, récompenser le travail des enfants, encourager leurs efforts, soutenir leur moral et celui de leurs familles, leur parler des devoirs de l’heure présente et du temps à venir, glorifier devant eux l’héroïsme des leurs?

La lutte contre la mortalité infantile redoubla d’efforts pour réparer dans la plus grande mesure les pertes irréparables des champs de bataille.

La crise de l’apprentissage fut étudiée avec une sorte d’angoisse en prévision des lendemains de la guerre, car la puissance industrielle de notre pays dépend en grande partie de sa solution.

L’«Aide morale» apporta un précieux réconfort à bien des âmes abattues.

Les diplômes d’honneur furent remis dans des assemblées émouvantes aux familles des soldats morts pour la France.

Bien plus, pour montrer que la vie devait continuer son cours normal, la Société Historique convoqua ses adhérents.

Mais naturellement ce fut surtout les œuvres de guerre auxquelles vous nous consacrâmes cœur, corps et âme. On en trouvera les détails dans les allocutions que nous avons prononcées et dans les Ouvroirs et au Cercle et au Foyer du soldat, et à l’œuvre de l’Assistance parle travail à domicile, et à l’Aide morale et au Comité des Pupilles de la Nation et dans diverses autres réunions.

A ces allocutions nous avons ajouté celles que nous avons prononcées, en qualité de Président de l’Union Amicale des Maires et Maires-Adjoints de Paris, sur la tombe de nos collègues municipaux morts sur la brèche pendant la guerre.

Nous avons même pensé qu’il y attrait un heureux contraste à établir, grâce à la relation de notre voyage à Furnes en pleine guerre, et de notre voyage à Strasbourg le jour où le Président Poincaré, en un inoubliable discours, proclama au nom de la France le retour de l’Alsace et de la Lorraine, après cinquante ans d’absente, dans le sein de la Patrie.

D’un côté, le vent, le froid, la boue, la neige, le bombardement, le sang, la mort partout, dans les tristes plaines de l’Yser, et pourtant le courage extraordinaire et surhumain d’hommes vivant an milieu d’horreurs indescriptibles.

De l’autre côté, toute une population ivre du bonheur de se jeter dans les bras de la France, un délire, une folie de la joie, quelque chose d’inimaginable qu’on n’a vu qu’une fois et qu’on ne verra plus.

C’est tout cela que nous avons voulu faire revivre par la publication de ce recueil.

On s’étonnera peut-être de voir en tête de l’ouvrage deux discours de distribution de prix prononcés l’un au VIIIe arrondissement, le 31 juillet 1914, l’autre au VIe, le 1er août, le jour même où fut lancé l’ordre de mobilisation générale.

Ils indiquent l’état d’esprit où nous nous trouvions à la veille de ces grands événements; malgré l’imminence d’une catastrophe à laquelle nous nous refusâmes à croire jusqu’à la dernière heure, nous n’adressions aux élèves que des paroles de paix: nous les exhortions à s’imposer une rigoureuse discipline morale et à devenir et à rester de bons citoyens. Pas un mot de haine ou d’agression ne sortit de nos lèvres, tant étaient loin de nous les idées belliqueuses.

Il ne serait pas sans intérêt de rechercher et de comparer les discours qui, au même moment et en de semblables circonstances, étaient prononcés devant les jeunes Allemands.

L’histoire de la guerre ne se composera pas seulement du récit des conceptions de la stratégie et de l’acharnement des batailles. Elle se composera aussi, et non moins essentiellement, de notre vie intérieure. Elle ne fera pas appel seulement aux souvenirs particuliers des écrivains de l’avant, source inépuisable de la petite Histoire militaire; elle fera aussi appel aux souvenirs des écrivains de l’arrière, qui seront également une source inépuisable pour la grande comme pour la petite Histoire.

En réunissant dans ce recueil ces quelques pensées inspirées par la noblesse d’attitude, par l’enthousiasme de toute une population, par son invariable confiance en la victoire, par son inébranlable foi en la Patrie, en exposant aussi les sacrifices inoubliables qu’elle a vaillamment consentis, les douleurs et les deuils qu’elle a supportés avec une admirable sérénité, nous pensons avoir mis en pleine lumière toute la force d’âme du peuple de Paris.

Dr Ph. M.

Nous avons regardé comme un devoir de donner dans un Appendice un certain nombre de documents où l’on jugera par les faits et par les chiffres du magnifique effort de nos administrés.

Un arrondissement de Paris pendant la guerre

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