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II

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Victor-Emmanuel, on l’a vu, avait dès l’enfance manifesté des dispositions belliqueuses. Bien jeune encore, il rêvait la gloire, qui devait plus tard s’attacher à son nom, et l’indépendance de sa patrie. «Je ne suis pas Piémontais, disait-il souvent, je suis Italien.» Un écrivain estimé, M. Léopold Gaillard, a raconté l’anecdote suivante: «Un soir que le premier ministre (comte Balbo) rentrait chez lui après une journée de travail et qu’il traversait tout ému la foule applaudissant sous ses fenêtres, il fut accosté par un jeune homme dont le large chapeau cachait en partie la figure, et qui demanda à l’entretenir en particulier. Un moment après, l’inconnu se découvrant laissa le vieux patriote stupéfait d’étonnement et, d’émotion, c’était le fils aîné du Roi, aujourd’hui Victor-Emmanuel, qui venait le prier d’obtenir de son père la permission d’aller combattre pour l’indépendance de l’Italie.»

On sait quelle fièvre de patriotisme et de libéralisme excita en Italie l’avénement de Pie IX. Ce n’est point ici le lieu de revenir sur ces événements que nous aurons plus tard occasion d’apprécier lorsque nous raconterons la vie du Pape actuel. Cette fièvre, on le pense bien, gagna l’âme généreuse du duc de Savoie. La révolution de 1848 vint heureusement ouvrir une large carrière à l’ardente activité du jeune prince. Charles-Albert accepta la lutte contre l’Autriche et son fils aîné fut le plus intrépide de ses lieutenants, le plus brave de ses soldats. Le duc de Savoie prodigua son sang sur tous les champs de bataille pendant ces deux glorieuses campagnes de 1848 et 1849, que le grand désastre de Novare devait si tristement couronner; à Goïto, à Custozza, à Mortara, où les cavaliers de Radetzki lui enlevèrent ses chevaux et ses bagages, à Novare enfin, Victor-Emmanuel, à la tête de sa division, fit des prodiges de bravoure, d’une bravoure poussée jusqu’à la témérité. A la bataille de Goïto (30 mai), au moment où il décidait la victoire en chargeant à la tête du régiment des gardes et en enlevant, par un vigoureux retour offensif, une position importante un moment occupée par les Autrichiens, une balle atteignit le duc de Savoie, et malgré sa blessure, il fut impossible de lui faire abandonner le champ de bataille avant le moment où le résultat de la journée fut définitivement obtenu.

Et cependant, malgré cette vaillante conduite, cette intrépidité audacieuse qui l’avaient sans cesse porté au premier rang et dans les postes les plus périlleux, celui que l’Italie reconnaissante devait acclamer, onze ans plus tard, d’un bout à l’autre de la Péninsule, du titre de Roi galant-homme, fut en butte aux plus odieuses calomnies. On l’accusa sourdement de trahison. «N’est-il pas, disait-on, l’époux d’une Autrichienne, l’élève des jésuites!»

Basile a raison. De la calomnie il reste toujours quelque chose. Lorsque l’abdication de Charles-Albert, après le désastre de Novare, appela au trône le héros de Goïto, l’avénement de Victor-Emmanuel fut accueilli avec méfiance.

Les célébrités du jour : 1860-61

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