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IX

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Dans la lutte qui allait s’engager, la France était donc l’alliée naturelle du Piémont. Plus encore que les liens de famille et les souvenirs de la campagne de Crimée, les principes politiques sur lesquels la constitution impériale est fondée, les antécédents personnels de l’Empereur traçaient au gouvernement français la voie qu’il devait suivre. L’indépendance du Piémont était menacée. Le Piémont, c’était la digue opposée aux empiétements de l’Autriche en Italie; cette digue une fois renversée, la Maison de Hapsbourg devenait, en fait, la souveraine de l’Italie. Fidèle à ses plus vieilles traditions, la France déclara qu’elle s’allierait au Piémont contre l’Autriche, si l’Autriche prenait l’offensive.

Le jeune empereur François-Joseph donna à ses troupes l’ordre de franchir le Tessin. En vain lui representa-t-on les périls de cette téméraire entreprise, l’état déplorable des finances autrichiennes, les conséquences probables d’une lutte avec la France dont l’armée aguerrie venait de faire si vaillamment ses preuves en Crimée. François-Joseph répondit à ses conseillers: «L’Empereur fait ce que l’Empereur veut faire.» Il n’y avait plus qu’à obéir; l’armée autrichienne franchit le Tessin. En apprenant cette nouvelle, Victor-Emmanuel plia le genou devant le portrait de son père, et, dans un élan de patriotique enthousiasme autant que d’amour filial, remercia Dieu qui lui envoyait cette joie suprême.

L’Autriche, en prenant l’offensive, assumait sur elle toute la responsabilité des événements qui allaient s’accomplir. Le Piémont était dans le cas de, légitime défense. Nulle situation ne pouvait être plus belle et plus avantageuse pour lui. Avec une rapidité prodigieuse l’armée française arriva en Italie. Nous n’avons pas à faire l’histoire de cette foudroyante campagne. Victor-Emmanuel prit le commandement en chef de l’armée italienne; sur tous les champs de bataille on le trouva en tête de ses troupes, ordonnant avec le sang-froid d’un général et chargeant avec l’intrépidité d’un soldat.

On sait que le 3e régiment de zouaves, dans son admiration pour Victor-Emmanuel, le nomma caporal de la 3e compagnie du 1er bataillon. Ce fut le soir du 31 mai 1859, après la bataille de Palestro. Un des aides de camp du Roi, le comte Cicala, avait été blesse d’une balle à l’épaule au moment où le Roi lui donnait un ordre; à ce moment le général La Marmora avait un cheval tué sous lui. Le Roi s’élança alors, avec son impétuosité habituelle, vers le pont de la Brida, où zouaves et bersaglieris faisaient merveille et rivalisaient de bravoure. Victor-Emmanuel se porta, de sa personne, au plus fort du danger, à ce point que le colonel Chabron, l’héroïque-commandant des zouaves, dut se précipiter vers lui et le supplier de ne pas exposer inutilement ses jours. Le Roi ne s’arrêta que lorsque la victoire ne fut plus douteuse.

Dans ces circonstances, au milieu des enivrements de la bataille, Victor-Emmanuel n’est plus maître de lui. Cet amour, dont nous parlions plus haut, cet amour des grands coups d’épée l’emporte alors sur toute autre chose. Ce n’est plus le Roi, ce n’est plus l’homme d’État ayant la responsabilité des destinées d’une nation entière, ce n’est plus même le général, c’est un gentilhomme passionné pour la guerre, bravant avec joie le danger, exposant sa vie pour le seul plaisir de savourer les émotions du combat. Ce qu’il fut à Palestro, où il conquit l’admiration de l’armée française, il l’avait été pendant les guerres de 1848-49, sous les ordres de son père, il le fut sur tous les champs de bataille.

Les célébrités du jour : 1860-61

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