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Ce fut au plus fort de cette lutte contre Rome et au moment où, par une décision hardie, le Piémont venait se ranger à côté de la France dans la campagne de Crimée, que le roi Victor-Emmanuel fut frappé de ces deuils successifs dont nous avons déjà dit quelques mots et qui fournirent au parti clérical le prétexte de si honnêtes déclamations.

Son frère, le duc de Gênes, son blond compagnon d’armes pendant les guerres de 1848 et 1849; sa mère, sa femme que l’amour et le dévoûment conjugal avaient faite italienne, une des plus belles, des plus gracieuses et des plus aimées de toutes les souveraines de l’Europe et du monde, moururent, pour ainsi dire, coup sur coup. «Dieu, pour nous servir de la belle expression d’un des témoins de tant de scènes douloureuses, Dieu retira tous les sourires du palais de Victor Emmanuel et n’y laissa que des épées.»

Cet homme indomptable que les plus rudes fatigues de la guerre n’avaient pas lassé, qui avait joué sa vie héroïquement sur tant de champs de bataille; cette constitution de fer que rien n’était parvenu à ébranler jusque-là, ne purent résister à ces terribles chocs qui frappaient en plein cœur les plus généreuses et les plus saintes affections. Le Roi, accablé par le chagrin, tomba gravement malade. Il ne dut son rétablissement qu’à la vigueur athlétique de son tempérament et au profond sentiment du devoir qu’il avait à remplir comme citoyen italien et comme Roi.

. Même pendant sa maladie il ne cessa de s’occuper de la direction des affaires, de l’organisation administrative et militaire du royaume. Et quand on l’engageait au repos, quand des amis et des serviteurs dévoués essayaient de consoler ce fils, ce père, cet époux si cruellement frappé, il rappelait, en souriant tristement, la devise de sa maison: J’ATTENDS MON ASTRE, «Mon astre, disait-il un jour, c’est l’affranchissement de ma patrie, et ceux qui sont partis avant moi, ceux qui déjà sont près Dieu, me seconderont dans l’accomplissement de ma tâche, ils prieront pour que cet astre radieux se lève bientôt à l’horizon de notre Italie.»

Lorsqu’il fut question de faire participer le Piémont à l’entreprise de la France et de l’Angleterre en Crimée, de faire partager aux troupes Italiennes la gloire et les dangers de cette, longue, et périlleuse campagne, les conseils contraires ne lui manquèrent pas. Un évêque lui représentait un jour les inconvénients que pourrait avoir cette décision. «Il n’est plus temps de réfléchir, dit-il, et de controverser; où est la sœur, le frère doit être. Or, la France est notre sœur; la place de notre drapeau est à côté du sien.»

Généreuses paroles qui ne furent point oubliées, car la France, quelques années plus tard, faisait flotter son drapeau à côte du drapeau Italien et contribuait, pour une large part, à l’œuvre d’émancipation, dont Victor-Emmanuel a fait le but et la gloire de sa vie.

Les célébrités du jour : 1860-61

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