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VI

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Les soins de la campagne de brimée ne firent pas négliger ceux de la politique et de l’administration. Un des griefs les plus acerbes de la cour de Rome et de la coterie des cardinaux contre le Piémont était le vote et la promulgation des lois relatives aux biens ecclésiastiques et aux communautés religieuses. Le Saint-Père, dans un consistoire qui fut tenu le 20 juillet 1855, excommunia tous ceux qui avaient pris part à la préparation et à l’application de ces lois célèbres. Toutefois, cette excommunication ne fut pasoniciellement notifiée au clergé piémontais.

A cette époque Victor Emmanuel vint en France, où il fut accueilli avec enthousiasme. Le peuple de Paris salua avec joie ce monarque-soldat, dont la physionomie ouverte et sympathique, dont les manières, le caractère lui plaisaient. Lorsqu’il quitta la France pour retourner dans ses États, le Roi passa par Chambéry. Là, il fut harangué par l’archevêque qui lui dit: «Votre Majesté a vu en France un bel exemple de l’union intime des autorités et du clergé. Nous espérons qu’elle saura doter son royaume de ce grand bienfait en mettant un terme aux persécutions dont l’Eglise est l’objet de la part du gouvernement.»

C’était pousser rinconvénance un peu loin. Ces persécutions dont se plaignait le prélat consistaient en ce que le Piémont avait pris, relativement à l’administration des biens ecclésiastiques et aux conditions d’existence des corporations religieuses, des mesures analogues a celles que la France elle-même avait depuis longtemps prises.

«Vous avez raison, monsieur l’archevêque, répondit Victor-Emmanuel, de citer comme un bel exemple à suivre les rapports réciproques du clergé de France avec les autorités de l’Empire. J’en suis tellement convaincu, que je compte donner tous mes soins à mettre le clergé de mon royaume sur le même pied que celui de France.»

Nous l’avons dit déjà, toute opposition cléricale, en Piémont, avait essentiellement un caractère politique et surtout un caractère autrichien. Le cabinet de Vienne saisissait tout prétexte d’indisposer le clergé et, par le clergé, les populations contre le gouvernement Piémontais. C’était la guerre à coups d’épingles, la guerre par l’excitation des passions et des préjugés religieux, avant la guerre à coups de canon.

Déjà, lorsque des deuils si rapprochés avaient frappé Victor-Emmanuel, l’Autriche avait manifesté son insolence et ses mauvaises dispositions par des hauteurs et des dédains que les plus simples convenances eussent dû lui interdire.

La mort des deux Reines, mère et femme du Roi Victor-Emmanuel, avait été notifiée par le gouvernement sarde au cabinet de Vienne avec d’autant plus d’empressement que ces deux princesses étaient de sang autrichien. Cette double communication, contrairement aux usages des Cours, demeura sans réponse, et certes aucun procédé du Piémont ne pouvait justifier un pareil manque d’égards.

Victor-Emmanuel ressentit vivement cette offense gratuite. Aussi, en 1856, quand l’empereur d’Autriche, François-Joseph, vint à Venise, aucun officier de la maison du Roi n’alla, conformément aux règles de politesse suivies entre souverains, le complimenter au nom de son maître. A la même époque un aide de camp du Roi ayant dû passer par Venise pour se rendre en Égypte, où il allait offrir quelques présents à Saïd-Pacha, les journaux du gouvernement firent connaître le but de ce voyage et démentirent l’intention prêtée à Victor-Emmanuel de faire complimenter l’Empereur par cet officier.

Les célébrités du jour : 1860-61

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