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III.

MODE D’EXISTENCE DE LA FAMILLE.

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§9. ALIMENTS ET REPAS.

Le mode d’alimentation varie essentiellement selon le degré d’aisance de la famille. Pendant la vie nomade de l’été, l’état de bien-être le plus recherché consiste à vivre exclusivement de khoumouis, auquel on joint, tout au plus une fois par jour, du gruau au lait; les Bachkirs les plus aisés sortent trois ou quatre fois par jour de leur état habituel de somnolence (S4) pour boire d’énormes quantités de leur aliment favori.

Les hommes de la famille décrite dans la présente monographie ne peuvent guère jouir chacun que deux jours par semaine de cet état d’inaction; le reste du temps, étant dispensés du travail agricole, ils ont à s’occuper au dehors, ainsi qu’il a été dit précédemment (S8); ils se nourrissent alors comme à l’époque de la vie sédentaire; cependant ils reviennent tous les deux jours à la tente, ou bien ils se font envoyer une petite provision de khoumouis.

Pendant la vie sédentaire, on fait régulièrement trois repas, ayant pour base le gruau au lait et l’airhan; on y joint souvent de la viande bouillie qu’on mange sans pain ni gruau, et une soupe au pain ou à la pâte faite avec le bouillon. Les jours de fête, alors qu’on reçoit un étranger, on mange de la viande rôtie dans la graisse ou dans le beurre de vache; dans ces mêmes occasions, on prépare quelquefois un mets nommé bichbarnak, composé de viande hachée, d’orge, d’oignon et de légumes assaisonnés de sel et de divers aromates. On considère aussi comme un grand régal un mets composé de viande de cheval (hit) et de pâte de farine bouillie avec du sel. La politesse oblige le maître de maison à prendre à la main, au début du repas, une certaine quantité de viande et à la présenter au convive auquel il veut surtout faire honneur.

Le thé est, pour tous les membres de la famille, un mets encore plus recherché que le khoumouis; l’achat de cette denrée absorbe toutes les sommes dont la destination n’est pas impérieusement fixée par d’autres besoins.

La famille observe scrupuleusement les prescriptions religieuses concernant l’abatage des animaux, surtout à l’occasion du Kourmane-Baïram(E).

§10. HABITATION, MOBILIER ET VÊTEMENTS.

La maison, construite en poutres équarries, assemblées à mi-bois aux extrémités, s’étend, avec ses dépendances immédiates, sur une surface de56o mètres carrés, savoir:


La maison, la chambre principale surtout, est tenue avec propreté; il y a, au contraire, beaucoup de négligence dans la tenue des cours, de l’écurie et des étables. Les fumiers, qui restent sans usagedans e pays, encombrent toujours les dépendances de l’habitation. La cheminée de cuisine, tchoual,composée dun mince cylindre d argile reposant sur une pierre plate, échancrée sur1m, 30de haut, et s’élar¬ s’élecvant au-dessus du toit, est disposée de la manière la plus heureuse à la fois pour le chauffage, pour l’éclairage et pour la cuisson des aliments.

La tente, habitation d’été, est spécialement décrite ci-après (c).

Le mobilier, établi en partie, comme la maison, sous l’influence de la civilisation russe, comprend:




§11. RÉCRÉATIONS.

Les plaisirs les plus recherchés sont les jouissances qui se rattachent à la vie nomade de l’été: l’usage du khoumouis, l’exemption de tout travail agricole, la prière et la méditation au milieu des beaux paysages où les tentes sont assises. Les Bachkirs les moins aisés, obligés de subir le travail agricole ou industriel, viennent au moins une fois par semaine aux tentes partager ces plaisirs: les jeunes garçons se disputent au jeu de balle, à la lutte, à la course, etc., des prix institués par les notables; ils se livrent aussi au chant et à la danse sans se mêler aux filles. Celles-ci, soigneusement voilées, vont, accompagnées de quelques vieilles femmes, se promener dans les bois du voisinage, y cueillir des fruits sauvages et des champignons, y faire une collation de thé en emportant à cet effet le samovar (§10).

Pendant la vie sédentaire, l’usage du thé est la récréation favorite; à défaut de ressources suffisantes, on infuse, à trois ou quatre reprises, les feuilles de thé, après les avoir autant de fois séchées. La famille trouve une grande satisfaction à traiter ses amis et surtout le moullah; dans ces occasions, on sert de préférence le thé et les mets de choix mentionnés au §9.

Les assemblées dites heummin figurent encore au nombre des principales récréations des hommes; on nomme ainsi les réunions d’ouvriers provoquées par un chef de maison qui, manquant de bras, a besoin de faire exécuter un travail urgent, tel qu’un charroi de matériaux, une récolte, une construction, etc. Le repas copieux qui termine toujours les journées est plus agréable aux invités que ne le serait le salaire équivalent [II, III, XXVI et XXIX].

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