Читать книгу Am Rande des Sturms: Das Schweizer Militär im Ersten Weltkrieg / En marche de la tempête : les forces armées suisse pendant la Première Guerre mondiale - Группа авторов - Страница 11
Christophe Vuilleumier Les stratégies de la neutralité, répression et tolérance – adaptabilité et démonstration
ОглавлениеLa neutralité suisse a fait couler beaucoup d’encre au cours du XXe siècle. Jouissant de ce statut depuis le Congrès de Vienne de 1815, garantissant l’intégrité et l’inviolabilité de son territoire, la Suisse a vu sa neutralité codifiée et confirmée par le traité de La Haye de 1907. Un droit, donc, que la Confédération helvétique a appliqué au travers d’une politique de neutralité qu’elle a voulu adaptable au contexte international dans le but d’assurer sa sécurité et de crédibiliser sa diplomatie. Différentes crises au cours du XIXe siècle sont venues, bien évidemment, ébranler cette harmonie. L’affaire de Neuchâtel qui se détachait de la Prusse, en 1856, l’annexion de la Savoie, quatre ans plus tard, et l’accueil des Bourbaki en 1871 ouvrirent ainsi un débat sur la position du pays qui devait s’amplifier durant la Première Guerre mondiale. Aurait-il pu d’ailleurs en être autrement pour ce pays, coincé entre plusieurs grandes puissances internationales et dont les rivalités allaient entraîner plus de dix-huit millions de morts en quatre années ? Ce conflit mit ainsi la Suisse à l’épreuve sous l’angle de sa neutralité, ce d’autant plus que si le pays conservait sa position d’État neutre, les sensibilités en son sein divergeaient largement entre germanophiles et francophiles, se transformant parfois en passion fort peu diplomatique. Le courrier que le général Ulrich Wille adressa au Conseil fédéral, le 20 juillet 1915, suggérant l’entrée en guerre de la Suisse aux côtés des Empires centraux, la polémique entourant la conférence socialiste de Zimmerwald en septembre de la même année, l’affaire des colonels à la fin de l’année 1915 ou le dossier Hoffmann en 1917, attisèrent les controverses, aiguisant les suspicions jusqu’à Paris et Berlin.
Aborder la question de la neutralité revient non seulement à se poser la question de la posture diplomatique adoptée par la Suisse à cette époque, mais également à prendre en compte les innombrables mesures dans les domaines économique, politique, militaire et policier. Une question qui évoque inévitablement la neutralité d’un autre pays, la Belgique, dont le destin serait autrement plus funeste que celui de la Suisse.