Читать книгу La vie et les légendes intimes des deux empereurs, Napoléon Ier et Napoléon II - Jacques-Albin-Simon Collin De Plancy - Страница 5
II. — LE QUINZE AOUT 1769.
ОглавлениеQue pensez-vous que sera un jour cet enfant?
SAINT Luc, chap. I, vers. 66.
Et le 15 août de l’année 1769, la sainte Vierge, en ce jour de sa glorieuse fête, bénissait un enfant qui naissait de parents fidèles à Ajaccio, capitale de cette île de Corse, devenue terre française.
La mère de cet enfant, la noble dame Letizia Ramolino, tendrement dévouée à Marie, assistait, dans l’église de Notre-Dame d’Ajaccio, à la messe solennelle de ce grand jour. Vers la fin de l’auguste sacrifice, pressée par les premiers symptômes de la délivrance, elle regagnait en hâte sa demeure. Ce n’était pas le courage qui manquait en elle, car, quoiqu’elle n’eût alors que dix-neuf ans, elle avait suivi à cheval son mari dans les guerres dont la Corse sortait à peine, et l’enfant qu’elle portait avait assisté dans son sein à des batailles.
Dès qu’elle eut mis le pied dans sa maison, elle n’eut pas le temps de gagner son lit: elle s’affaissa au milieu de son salon, sur un tapis de famille qui représentait en broderies les paladins de la Judée autour du roi prophète, de ce roi David qui, de fils d’un berger, devint un grand monarque; et là, après de légères douleurs, elle mit au monde un enfant qui sera un jour Napoléon, premier de ce nom en France.
C’était à l’heure de midi; et cet enfant mystérieusement donné à la France cicatrisera les plaies que les philosophes et les jansénistes vont faire à l’Église: il ramènera à la Vierge divine les hommages voués par Louis XIII; et, fidèle à Marie, il verra son nom fêté dans l’auréole de la Reine des cieux triomphante.
On lui donna le nom de Napoléon, qui était aussi un présage de gloire.
Charles Bonaparte, l’heureux père, était absent lors de cette naissance. En attendant son retour et celui de son grand-oncle Napoléon Bonaparte d’Ornano, on ondoya l’enfant, avec licence de son autre oncle, Lucien, archidiacre d’Ajaccio; et il ne reçut le sacrement de baptême qu’à l’âge de près de deux ans. En voici l’acte:
» L’an 1771, le 21 juillet, ont été faites par moi soussigné, économe, les saintes cérémonies et les prières sur Napoléon, fils né du légitime mariage du seigneur Charles-Marie Bonaparte, et de dame Marie Letizia, son épouse; lequel avait été ondoyé à la maison, avec la permission du très-révérend Lucien Bonaparte, étant né le 15 août 1769. Ont assisté aux saintes cérémonies: pour parrain, l’illustrissime Laurent Giubega de Calvi, procureur du roi; et pour marraine, la dame Geltrude, épouse du sieur Nicolas Paravicino; présent le père. Lesquels ont signé ci-dessous:
» Jean-Baptiste DIAMANTE, économe d’Ajaccio; Laurent GIUBEGA; Geltrude PARAVICINO; Charles BONAPARTE ...
» Coté et paraphé par François Cunco, conseiller du Roi et juge royal de la province d’Ajaccio.»