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VI. — LE TREIZE VENDÉMIAIRE.

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Qui entreprend doit être sur de soi.

GIBBON.

Le 12 vendémiaire an IV (4 octobre 1795), il y avait épouvante au sein de la Convention nationale, siégeant aux Tuileries: des mesures qui tendaient à perpétuer au pouvoir cette assemblée avaient révolte tout Paris. Les quarante-huit sections s’étaient ébranlées; partout l’émeute avait surgi; des escarmouches faisaient pressentir une grande lutte; et une attaque avait préludé à marcher sur les Tuileries, lorsque le général Menou, au lieu de la repousser par les troupes qu’il commandait, enhardit les révoltés en parlementant avec eux.

On reconnut à la nuit qu’une lutte acharnée aurait lieu le lendemain. La Convention destitua Menou et nomma à sa place, pour commander l’armée de Paris, le général Barras, l’un de ses membres. Barras, doutant de lui-même et connaissant le jeune général Bonaparte, se l’adjoignit, de l’agrément de la Convention, et le chargea de la besogne qui lui était confiée. Il ne pouvait faire mieux.

Bonaparte ne vit la qu’une occasion de signaler ses aptitudes militaires. — Considérant que les émeutes se renouvelaient tous les quinze jours et plus souvent quelquefois, pour le plus grand trouble des affaires, il prit ses mesures aussitôt. Il n’avait que cinq mille hommes pour disperser quarante mille gardes nationaux armés, doublés d’autant de ces hommes de bruit qui se mêlent à toutes les agitations. Il disposa sa petite armée de manière à protéger toutes les approches des Tuileries, où siégeait le pouvoir, que, comme militaire, il ne pouvait juger.

La Convention s’était déclarée en permanence.

Les révoltés s’ébranlèrent dès le matin du 13 vendémiaire et ne se décidèrent à attaquer qu’après midi. Le général Bonaparte voulait sauver l’Assemblée et ménager le sang du peuple. Il avait recommandé à tous ses lieutenants de ne commencer aucune agression, de supporter les insultes, mais d’accepter le combat.

Après de longs pourparlers, devant lesquels la troupe restait inébranlable, les révoltés s’élancèrent en colonnes serrées; le canon les dispersa sur tous les points. Ils envahirent toutes les voies en masses compactes pour se rendre maîtres de la rue du Dauphin, appelée alors rue de la Convention, parce qu’elle était l’avenue qui menait au siège du pouvoir. Mais quatre canons chargés à mitraille firent parmi les assaillants une trouée qui joncha les marches de Saint-Roch de morts et de blessés. Les quatre pièces, vivement rechargées, mais à poudre seulement, s’élancèrent aussitôt dans la rue Saint-Honoré, qu’elles balayèrent des deux côtés. De tous les autres points, le calme était rétabli, et à six heures du soir la Convention fut complètement rassurée .

On a raconté (ce détail est écrit dans quelques relations, et il nous a été attesté par des voisins du fait, aux dernières années de l’Empire) qu’au premier étage d’une maison de la rue Saint-Honoré, dont une fenêtre plonge un peu sur la rue du Dauphin, un Parisien furieux contre le général Bonaparte, car en l’investissant du commandement de Paris on lui avait donné ce titre, avait tiré, pendant l’échauffourée qui eut lieu devant Saint-Roch, dix coups de fusil derrière une persienne sur le jeune général et l’avait toujours manqué. Ce qui confirme encore ce détail, l’insurgé qui avait fait cela s’en vantait tout haut en avril 1814; des personnes qui l’ont entendu existent encore.

On a écrit que la journée du 13 vendémiaire avait laissé douze cents morts. Mais des calculs plus exacts comptent dans ces douze cents victimes plus de neuf cents qui ne furent que blessées. La Convention trouva le châtiment suffisant, et ne fit pas d’autres recherches des meneurs.

Le général Bonaparte fut nommé, peu après cette victoire, général en chef de l’armée de l’intérieur. Il avait déjà sous ses ordres Junot, Brune, et quelques autres noms qu’on retrouve plus tard avec éclat dans nos fastes.

Après ce succès si décisif, Bonaparte fut présenté à la Convention. Baudin, des Ardennes, qui la présidait, lui donna l’accolade. On releva très-haut le service qu’il venait de rendre au pays, qui sans sa victoire tombait dans la plus effroyable anarchie. On exalta ce qu’il avait fait, surtout n’ayant eu que quelques heures pour prendre ses mesures; et il fut élevé au grade de général de division, alors le plus élevé dans la carrière militaire.

La vie et les légendes intimes des deux empereurs, Napoléon Ier et Napoléon II

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