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V
ОглавлениеChez le professeur de français, un polonais-russe, il y avait un grand thé, avec gâteaux; et l’on avait installé quelques petites tables, pour jouer au whist.
La femme du marchand d’accessoires pour photographie s’assit à une table de jeu avec le maître de la maison, un officier et une vieille dame sourde, en perruque, veuve d’un marchand de musique, qui raffolait des cartes, et jouait très bien. La femme du marchand avait une chance extraordinaire: deux fois elle avait déclaré le grand schelem; près d’elle il y avait une assiette de raisins et de poires; elle se sentait l’âme joyeuse.
— Eh bien! Pourquoi Eugène Mikhaïlovitch ne vient-il pas? Demanda, de l’autre table, la maîtresse de la maison. – Nous l’inscrirons à la suite.
— Il est probablement occupé avec ses comptes, répondit la femme d’Eugène Mikhaïlovitch. – Aujourd’hui il paye les fournisseurs et le bois.
Et, se rappelant la scène avec son mari, elle fronça les sourcils et ses mains en mitaines tremblèrent de colère contre lui.
— Ah! Quand on parle du loup… dit le maître de la maison, à Eugène Mikhaïlovitch qui rentrait. – Pourquoi êtes-vous en retard?
— Différentes affaires… – répondit Eugène Mikhaïlovitch d’une voix joyeuse en se frottant les mains. Et, à l’étonnement de sa femme, il s’approcha d’elle et lui dit: – Tu sais… le coupon… je l’ai passé…
— Pas possible!
— Oui. Au paysan… pour le bois…
Et Eugène Mikhaïlovitch raconta à tous, avec une grande indignation – sa femme complétait son récit par les détails – comment deux lycéens avaient volé honteusement sa femme.
— Eh bien, maintenant, à l’ouvrage! Dit-il en prenant place à la table, son tour venu, et battant les cartes.