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VII

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Ivan Mironoff passa la nuit au poste en compagnie d’ivrognes et de voleurs. Il était près de midi quand on l’appela devant le commissaire de police. Le commissaire l’interrogea et l’envoya, escorté de l’agent, chez le marchand d’accessoires pour photographie. Ivan Mironoff se rappelait la rue et la maison.

Quand l’agent, ayant fait appeler le patron, lui présenta le coupon, et qu’Ivan Mironoff affirma que c’était bien le même monsieur qui le lui avait donné, Eugène Mikhaïlovitch eut d’abord un air étonné et ensuite sévère.

— Quoi! Tu es fou!… C’est la première fois que je vois cet homme.

— Monsieur, c’est un péché… Nous tous mourrons… disait Ivan Mironoff.

— Qu’est-ce qui le prend? Tu l’as probablement rêvé… C’est à quelqu’un d’autre que tu as vendu,… rétorquait Eugène Mikhaïlovitch. D’ailleurs, attendez, j’irai demander à ma femme si elle a acheté du bois hier.

Eugène Mikhaïlovitch sortit et aussitôt appela le portier, un garçon élégant, beau, très fort et très adroit, nommé Vassili. Il lui recommanda de répondre, si on lui demandait où il avait acheté du bois la dernière fois, qu’on l’avait pris au dépôt, et, qu’en général, on n’achetait jamais de bois aux paysans:

— Il y a là un paysan qui raconte que je lui ai donné un coupon faux. C’est une espèce d’idiot, Dieu sait ce qu’il dit; mais toi, tu es un garçon intelligent, alors dis que nous n’achetons de bois qu’au dépôt. Au fait, il y a longtemps que je voulais te donner de quoi t’acheter un veston, ajouta Eugène Mikhaïlovitch. Et il donna cinq roubles au portier.

Vassili prit l’argent, jeta un regard sur le papier et ensuite sur le visage d’Eugène Mikhaïlovitch, puis secoua sa chevelure et sourit.

— C’est connu… ce sont des gens stupides… l’ignorance… Ne vous inquiétez pas, je sais ce qu’il faut dire.

Ivan Mironoff avait beau prier et supplier Eugène Mikhaïlovitch, les larmes aux yeux, de reconnaître le coupon, Eugène Mikhaïlovitch et le portier soutenaient qu’on n’achetait jamais de bois aux paysans.

L’agent ramena au poste Ivan Mironoff, accusé d’avoir falsifié un coupon. Ce fut seulement après avoir donné cinq roubles au commissaire de police, ce que lui avait conseillé un scribe, un ivrogne détenu avec lui, qu’Ivan Mironoff put quitter le poste, sans le coupon et avec 7 roubles au lieu de 25 qu’il possédait la veille. De ces 7 roubles, Ivan Mironoff en dépensa trois à boire, et le visage défait, ivre mort, il arriva à la maison. Sa femme était dans les derniers jours d’une grossesse et malade. Elle commença à injurier son mari; celui-ci la bouscula; elle le battit. Sans répondre aux coups, il se coucha sur la planche et se mit à sangloter.

Le lendemain matin, seulement, la femme comprit de quoi il s’agissait, car elle avait confiance en son mari, et pendant longtemps elle proféra des injures à l’adresse du monsieur qui avait trompé son Ivan.

Une fois dégrisé, Ivan se rappela qu’un ouvrier, avec lequel il avait bu la veille, lui avait conseillé d’aller se plaindre à un avocat. Il résolut de le faire.

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