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Et les chevaux, les trois chevaux volés, avaient reçu chacun leur destination: Machka avait été vendu à des Bohémiens pour 18 roubles; Piostri avait été échangé contre un autre cheval à un paysan qui habitait à quarante verstes de là. Quant au Beau, on l’avait tellement esquinté qu’il fallut l’abattre, et sa peau fut vendue pour trois roubles.

L’organisateur de cette razzia était Ivan Mironoff. Il avait été en service chez Piotr Nikolaievitch et connaissait toutes les habitudes de ce dernier. Ayant résolu de rentrer dans son argent, il avait organisé ce coup.

Depuis sa malchance avec le faux coupon, Ivan Mironoff s’était mis à boire, et il eût vendu tout ce qu’il y avait à la maison si sa femme n’eût caché de lui les habits et tout ce qu’on pouvait vendre.

Tout le temps qu’il était ivre, Ivan Mironoff ne cessait de penser non seulement à l’homme qui l’avait trompé, mais à tous les messieurs qui ne vivent qu’en volant le simple peuple. Une fois qu’il s’était arrêté à boire avec des paysans des environs de Podolsk, ceux-ci, étant ivres, lui racontèrent qu’ils avaient volé des chevaux à un paysan. Ivan Mironoff se mit à les invectiver parce qu’ils avaient volé un paysan. – «C’est un péché, disait-il. – Pour un paysan le cheval est comme un frère. Et toi, tu le prives de tout. Si l’on vole, alors ce sont les maîtres qu’il faut voler; les chiens ne méritent pas davantage.»

La conversation se poursuivit, et les paysans de Podolsk objectèrent que c’est difficile de voler des chevaux chez les propriétaires, car il faut pour cela connaître toutes les issues, et que si l’on n’a personne sur place on ne peut rien faire. Alors Ivan Mironoff se rappela Sventitzky, chez qui il avait travaillé un certain temps. Il se rappela que Sventitzky lui avait retenu un rouble cinquante pour un objet cassé. Il se rappela les chevaux, qu’il employait au travail.

Sous prétexte de se faire embaucher, mais en réalité afin de bien voir tout et d’apprendre ce qu’il avait besoin de savoir, Ivan Mironoff alla chez Sventitzky. Ayant appris tout ce qui l’intéressait: qu’il n’y avait pas de gardien, et que les chevaux restaient à l’écurie, il amena les voleurs et manigança toute l’affaire.

Après avoir partagé le butin avec les paysans de Podolsk, Ivan Mironoff, ayant cinq roubles en poche, retourna à la maison. Là, il n’y avait rien à faire; il n’avait plus de cheval; et depuis ce moment Ivan Mironoff s’aboucha avec les voleurs de chevaux et les Bohémiens.

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