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ANNEXE XIV

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Instructions de S. A. R. le Duc de Savoie au Conseiller et Intendant Mellarède pour son voyage en Suisse, 4 octobre 1703.

Publiées par M. D. Carutti. Mém. de l’Acad. de Turin, tome XX, 2e série, p. 165

Instructions à vous Conseiller et Intendant Mellarède pour votre voyage en Suisse

Nous vous avons choisi pour vous envoyer au Canton de Berne pour négocier avec ce Canton, dans l’état présent des affaires, pour procurer que ce Canton, coniointement avec celui de Zurich, entre dans nos intérêts, au moins pour mettre à couvert la Savoye des invasions de la France.

Vous partirés donc incessamment pour aller à Berne, où étant vous vous adresserés au Colonel Saint-Saphorin, avec qui vous conférerés du sujet de votre mission, et à ces fins vous luy remettrés la lettre que nous vous faisons donner, pour qu’il puisse avoir la confiance que notre service exige qu’il ait en vous, et qu’il puisse vous diriger et introduire d’une manière auprès des principaux des dits Cantons pour réussir par leurs moyens à la fin que nous nous proposons. Vous concerterés donc avec ledit Colonel les manières pour parvenir au but que nous nous proposons, luy représentant que l’intérest de sa patrie le doit inviter à donner tous ses soins pour faire réussir notre projet, qui est avantageux au Canton de Berne et au Corps Helvétique.

Ayant pris langue de luy pour sçavoir à qui vous vous devés plus confier, vous demanderés à parler à l’Avoyer et aux principaux de Berne, à qui vous représenterés le motif de votre mission et la forte intention que nous avons de renouveler et entretenir cette ancienne alliance qui a toujours esté entre notre Couronne et le Canton de Berne, et avec quel soin nos prédécesseurs ont soutenu leur intérest.

Vous leur représentérés que la France, nous ayant traitté d’une manière indigne de notre naissance, nous nous sommes trouvés engagés à nous déclarer contre elle, pour ne rester plus exposés aux insultes qu’elle nous a faites, et qu’en même temps nous avons réfléchi que la guerre dans laquelle nous entrons, pourroit procurer aux François le moyen, en s’emparant de la Savoye, d’environner et de serrer de plus près le Corps Helvétique et principalement le Canton de Berne, et les genner par ce moyen dans cette liberté que leur valeur leur a acquis et conservé jusqu’à présent; que se trouvant dans cet état, ils ne pourroient pas tenir l’équilibre qu’ils ont tenu avec tant d’applaudissement.

Qu’ils ne peuvent pas prévenir un désavantage si considérable au Corps Helvétique et au Canton de Berne principalement, qu’en prenant des mesures pour empêcher que la France, qui les environne de deux parts ne les environne pas de la troisième.

Que le seul moyen qu’il y a pour l’empêcher, est que les Louables Cantons de Berne et de Zürich procurent que le Louable Corps Helvétique fasse en faveur de nos Etats de Savoye les mêmes déclarations qu’il a faites pour les Pays qui sont auprès du Lac de Constance et qu’il fasse les mêmes représentations au Roy Très Chrétien.

Vous leur représenterés que nous voulons bien faire plus pour leur donner des preuves parfaites de notre confiance et de l’estime que nous faisons de leur alliance, puisque nous consentons qu’ils aggrègent nos dits Etats de Savoye au Louable Corps Helvétique, et que, dez qu’ils y auront consenti, nous ferons assembler les trois Etats du Pays pour passer les promesses et capitulations nécessaires, et de se charger à obliger de contribüer leur contingent suivant les règles et les maximes du Corps dont nos dits Etats seront à l’avenir membres inséparables. Et, au cas qu’il ne vous puisse pas réussir d’obtenir cette union, vous représenterés que le Corps Helvétique, et principalement le Canton de Berne, ne scauroit mieux faire que d’éloigner de ses confins une puissance qui ne cherche qu’à les entourer pour les réduire à faire ce qu’elle souhaite, que comme ils sont en état d’empêcher son approche du costé de Savoye, ils le doivent faire par les mêmes raisons qui les ont obligés qu’elle ne s’approchast du costé du Lac de Constance, que les deux endroits sont également ialoux pour leur liberté. Et comme ils pourroient exiger une assurance de notre part qu’on n’inquiéteroit point la France du costé de Savoye, vous les en pourrés assurer de notre part, et que nous observerons de ce costé toutes les conditions qu’ils pourroient souhaiter pour. une parfaite neutralité, telle que les Louables Cantons l’observent eux-mêmes.

Et comme il faut prévenir les premières hostilités, vous leur représenterés qu’il est important qu’ils s’intéressent de bonne heure à la conservation d’un Païs qui dans la suite, au cas qu’ils veuillent l’aggréger à leur Corps, en augmentera le lustre et l’étendue.

L’interest estant le ressort qui fait remuer ce Corps, vous vous servirés de ce remède à propos, et à ce suiet il y a trois moyens.

Le premier est d’offrir au Canton de Berne une renonciation en saveur de tous les adroits que nous et nos successeurs pourroient prétendre sur le Pays de Vaud, et appuyer cette renonciation sur une cause de Couronne pour la rendre plus inébranlable et plus sûre en leur faveur et pour leur faire voir la sincérité de nos intentions, vous leur représenterés que les renonciations de nos Prédécesseurs ne sont pas accompagnés de toutes les circonstances nécessaires pour les rendre irrévocables, ce que les autres Cantons ont reconnu en ce qu’ils n’ont pas voulu déclarer le Pays de Vaud compris dans leur Ligue contre et au préiudice de notre Couronne, que d’ailleurs l’Empereur n’a pas autorisé ces renonciations, quoique ce pays soit un fief Impérial, dont nos Prédécesseurs ont eu les investitures après, tout comme auparavant les renonciations, et eu en même temps la confirmation du Vicariat Impérial au dit Pays.

Vous leur dirés que nous nous disposerons de lever ces deux obstacles par le consentement que nous donnerons que le Corps Helvétique reçoive le Pays de Vaud dans la Ligue, ce qui ne luy a pas voulu accorder iusques à présent, sur les représentations qui lui ont esté faites de la part de cette Couronne, que nous en fairons même faire des instances au Louable Corps Helvétique.

Et à l’égard de l’Empereur, que nous nous chargeons de rapporter son consentement et son approbation à notre renonciation, par où nous assûrons irrévocablement ce pays au Canton de Berne.

Que si vous trouvés des difficultés par rapport à Genève, et si après avoir assûré que nous n’avons iamais eu l’intention d’inquiéter une ville qui est sous leur protection, vous voyés qu’ils exigent des sûretés, vous leur dirés que notre intention est si sincère, que nous sommes prêts de leur faire cession et renonciation de tous les droits que nous et nos successeurs pouvons avoir et prétendre sur ladite Ville, et même d’en rapporter l’approbation de l’Empereur en leur faveur.

Vous leur proposerés encore de la levée de quelques Régiments, iusque à trois mille hommes et plus pour défendre nos Etats de Savoye ou de Piémont, et vous en concerterés avec eux les articles, et au cas qu’il ne s’agisse que de l’argent, vous découvrirés à qui il faut en donner pour venir à notre but, ce qui est la première corde que vous toucherez.

Vous aurés soin de nous donner avis de tout ce que vous ferés pour en recevoir nos résolutions. S’il sera nécessaire, selon les occurences, d’aller à Zurich, ou en des autres lieux nécessaires de Suisse, vous y irés, et nous en donnerés avis.

Nous vous remettons les pleins pouvoirs pour négocier avec le Corps Helvétique et avec les dits Cantons de Berne et de Zurich, et les lettres de créance nécessaires pour eux, étant persuadés que votre prudence et votre habileté vous suggéreront tout ce que nous pourrions vous dire plus particulièrement sur ce suiet.

Nous prions Dieu qu’il vous ait en sa sainte et digne garde.

A Turin, ce 4e octobre 1703.

Firmato: V. AMEDEO,

SAINT-THOMAS.

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