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§. VI.

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Table des matières

De la culture du maïs, ou blé de Turquie.

(Extrait du Traité de la culture des terres, suivant les principes de Tull, par Duhamel-du - Monceau, tome III, in-12, 1754.)

«On commence pardonner à la terre deux bons labours dans le mois de mars.

» Il réussit mieux dans une terre légère et sablonneuse que dans une terre forte et argileuse. Ce grain ne peut se passer de fûmier; on en répand donc sur la terre; et vers la fin d’avril on forme des sillons, en donnant un troisième labour, après lequel on écrase les mottes avec des maillets de bois et des râteaux, les sillons empêchant qu’on ne se serve de la herse. Dans le mois de mai, par un beau jour, on sème le maïs, en formant au fond des sillons, avec un piochon ou un sarcloir, de petites fosses dans lesquelles on met deux grains de maïs. On a soin que les pieds de maïs soient à un pied et demi de distance en tout sens. Ils font une espèce de quinconce. Quand le maïs est levé, on arrache le pied le plus foible dans les terres où les deux grains ont levé, et l’on sème deux nouveaux grains dans ceux où il ne paroît point de pieds. (En Bresse, on repique les pieds qui manquent, suivant Varenne de Fenille.) Vers le 15 de juin, on donne, avec le même instrument qui a servi à faire les fosses, un léger labour autour de chaque pied; et comme ils sont au fond d’un sillon, la terre qui se rabat les rechausse un peu. Vers la fin de juillet, on donne un petit labour qui est le dernier, et on a l’attention de rechausser les pieds du maïs. Au 15 d’août, on coupe les panicules des fleurs mâles aux pieds dont les enveloppes de l’épi paroissent renflées. Ces panicules fournissent une nourriture excellente aux boeufs. A-peu-près dans le même temps on retranche toutes les feuilles des tiges, tous les épis charbonnés et ceux qui ont coulé. L’on prétend que si on les laissoit attachés à la tige, les bons épis n’acquerroient pas tant de grosseur, et que les grains ne seroient pas aussi bien nourris. Toutes ces feuilles et les épis sont encore ramassés pour les bœufs, qui mangent les épis charbonnés avec plus d’avidité que tout le reste. On fait la récolte vers la fin de septembre. La méthode d’égrener les épis, qui est la plus usitée, se pratique de la manière suivante: le laboureur passe un morceau de fer plat, et c’est ordinairement la queue de quelque poêle, sur une chaise, et s’assied dessus. Il tient de la main gauche l’épi de maïs fortement saisi contre la queue de la poêle; de la main droite il tire en haut l’épi, ce qui sépare très-bien les grains du noyau ou de l’âme de l’épi: on donne encore ces épluchures aux bœufs. Dès que les épis sont recueillis, on arrache les pieds de maïs; ils fournissent du fourrage aux bœufs pendant l’hiver. Ensuite on se hâte de passer la charrue dans le champ, parce qu’on est dans l’opinion que sans cela les racines de maïs continuent toujours à sucer la substance de la terre. Le maïs se conserve mieux quand il est égrené que lorsqu’il est en épi. Lorsque les grains sont attachés à la tige, les charançons les attaquent beaucoup plus que lorsqu’ils en sont séparés: il se peut que cette tige qui est sucrée les attire plus que le grain même. On ajoute ordinairement à sept parties de blé-froment ou de seigle une huitième partie de blé de Turquie, qui rend le pain plus savoureux: le pain de maïs seul est indigeste, et sa pâte fermente peu. Cependant le peuple en a mangé pendant des années entières sans en être incommodé. C’est ce qu’on a vu en 1738, année où la grêle avoit ravagé toute la Guienne: c’est ce qu’on a encore vu en 1748, pendant la grande disette des grains. On donne les grains entiers à la grosse volaille; mais pour les jeunes on a soin de les broyer grossièrement.

» Le maïs épuise beaucoup la terre.

» M. Aymen, médecin à Bordeaux, a observé, 1°. qu’il est important de semer le maïs plutôt au commencement de mai qu’à la fin de ce mois. Dans le maïs semé trop tard on remarque des épis échaudés, ou en partie stériles. Les tiges des premiers sont plus vigoureuses, leurs épis plus gros et plus garnis; 2°. que l’on fait beaucoup de tort aux épis de maïs quand on coupe trop tard les panicules; il est nécessaire de les couper avant que les étamines soient ouvertes: en observant de laisser de 20 en 20 pieds une plante garnie de ses épis mâles, tous les pieds femelles seront fécondés. M. Aymen confirme cette dernière observation par des expériences décisives et curieuses.

» L’usage avoit appris aux laboureurs de la Guienne que, pour obtenir une récolte abondante de maïs, il faut que les pieds soient éloignés les uns des autres d’environ un pied . M. Aymen, voulant savoir s’il étoit absolument nécessaire de laisser une aussi grande distance, fit l’expérience suivante: au mois d’avril 1753 il fit préparer trois planches, chacune de 60 pieds de longueur sur 5 de largeur, formant 156 pieds de roi carrés. Le 3 mai, une de ces planches fut semée en maïs suivant la méthode usitée dans le pays, et l’on y employa une once un gros de semence. Le même jour, il fit mettre de pareil grain dans la seconde planche, mais en plus grande quantité. Ces grains n’étoient éloignés les uns des autres que d’un pied. On y employa 2 onces 2 gros de semence. Le même jour, on sema plus épais encore une autre planche: on ne laissa que 6 pouces d’intervalle entre les grains, et on employa à cette opération 4 onces de maïs. La première planche, semée avec une once un gros de maïs, produisit 18 livres 4 onces. La deuxième, semée avec 2 onces 2 gros, produisit 15 livres 7 onces. La troisième, semée encore plus dru avec 4 onces , ne produisit que 11 livres 2 onces.» (Pages 210-212. )

Il ne paroît pas que M. Aymen ait eu l’idée d’essayer ce que produiroit le maïs semé à une distance plus grande que celle d’un pied et demi usitée en Guienne. Mais, sur le détail de ses expériences, Duhamel dit qu’il seroit bon d’essayer de cultiver le maïs avec une petite charrue qu’il appeloit cultivateur. Il faudroit pour cela, dit-il, mettre 2 pieds d’intervalle d’une rangée à l’autre, placer les grains à 12 ou 14 pouces dans les rangées, ensuite donner tous les labours avec le cultivateur attelé d’un seul cheval. Je crois, ajoute-t-il, que le maïs en viendroit mieux, et que la terre en seroit plus disposée à recevoir d’autres grains. (Pages 189-190.)

Voilà un des premiers détails bien circonstanciés que l’agriculture française ait eus sur la culture de cette plante intéressante. Il est curieux et utile de la rapprocher des détails qui ont été donnés depuis.

D’après l’avis de Duhamel, on essaya la culture du maïs par rangées. Voici ce qu’il en dit dans un des volumes suivans:

«Les rangées simples de blé de Turquie n’ont pas produit par proportion autant d’épis que les rangées doubles. Cependant il est plus facile de buter les pieds des deux côtés avec la charrue, lorsque les rangées sont uniques.» ( Tome V, page 128.)

Sur le maïs

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