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§. IV.

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Table des matières

Culture du maïz, par M. ***

(Extrait du Journal économique du mois de juillet 1753.)

«Il y en a de différentes couleurs, comme rouge, blanc, jaune, bleu, olive, verdâtre, tacheté, rayé, etc., qui se trouvent quelquefois dans le même champ et sur le même épi; mais le blanc et le jaune sont les plus communs. (Page 36.)

» Les Indiens septentrionaux, qui habitent fort avant dans les terres, en ont une espèce qui a la tige beaucoup plus courte. ( Page ibid. )

» La tige est remplie d’un suc doux comme celui des cannes à sucre; on peut en tirer un sirop aussi doux que le sucre, et l’on a souvent éprouvé qu’il produit précisément le même effet, de sorte que l’on ne peut distinguer son goût d’avec celui du sucre. (ibid.)

» On le sème depuis le milieu de mars jusqu’au commencement de juin; mais plus communément depuis le milieu d’avril jusqu’au milieu de mai. (Page 37.)

» Il y en a dans les cantons les plus septentrionaux une espèce particulière appelée mohaukscorn, qui, quoique plantée au mois de juin, mûrit fort bien dans la saison. Cette espèce a la tige plus courte. (Page ibid. )

» On le plante à égale distance en tout sens, par touffes, à 5 ou 6 pieds les unes des autres. Pour cet effet, ou ouvre la terre avec un hoyau, et on enlève la surface à 3 ou 4 pouces de profondeur et de la largeur du hoyau; ensuite on y met quatre ou cinq grains de maïz, à quelque distance les uns des autres, et on les recouvre de terre. Pourvu qu’il en pousse deux ou trois, cela suffit; car les oiseaux, les souris et les écureuils en détruisent quelques-uns.

» Les Anglais se sont attachés à une nouvelle manière de le planter; ils font dans la terre, avec la charrue, des sillons tout le long du champ, à environ 6 pieds de distance les uns des autres; ensuite ils en font d’autres en travers et à la même distance. Les endroits où les sillons se croisent sont précisément ceux où ils mettent le blé, et ils le recouvrent avec le hoyau ou en faisant un autre sillon avec la charrue. Lorsque les herbes commencent à surmonter le blé, ils labourent la terre entre les sillons plantés, et ainsi retournent les mauvaises herbes. Cette opération se répète, etc. (Pages 38 et 39. )

» Quand le terrain est mauvais et usé, les Indiens ont coutume de mettre dessous ou auprès de chaque touffe de blé deux ou trois poissons qu’ils appellent aloofes; et il leur est arrivé plusieurs fois de récolter le double de blé de ce que leur terrain leur en eût donné sans cela. (Page ibid.)

» Les Indiens, ainsi que quelques Anglais, plantent souvent à chaque touffe de blé, sur-tout dans les bons terrains, une espèce de pois de Turquie ou haricots de France, à qui les tiges de blé servent de rameau, et ils plantent dans les espaces intermédiaires des courges ou des espèces de melons. Bien des gens, après avoir arraché les mauvaises herbes pour la dernière fois, sèment de la graine de navets entre le maïz, de sorte qu’après la récolte du blé ils ont une bonne récolte de navets. (Pages 39 et 40.)

» Quand la récolte est faite, la terre est presque aussi bien disposée pour recevoir du blé d’Europe ou des graines de mars, que si on lui eût donné un bon labour d’été. (Page 39.)

» Les Indiens se nourrissent de ce blé, qu’ils accommodent de différentes manières. Tantôt ils le font bouillir jusqu’à ce qu’il renfle et devienne tendre; et, dans cet état, ils le mangent, au lieu de pain, seul ou avec de la viande ou du poisson; tantôt ils le pilent dans des mortiers, et le font bouillir dans l’eau; mais plus communément ils le font griller sur les cendres chaudes, et savent si bien le retourner, qu’il s’attendrit sans se brûler et devient blanc et en farine. Ils en ôtent bien les cendres, et le broyent dans des mortiers de bois avec une grosse pierre qui leur sert de pilon. Ils en font leur nourriture habituelle chez eux, et en portent souvent dans un sac pour leurs voyages; par ce moyen, il est toujours prêt à être mangé, et ils trouvent que c’est une nourriture extrêmement saine. ( Pages 40 et 41.)

» Les Indiens font encore avec ce blé une autre sorte de provision qu’ils appellent du blé doux. Quand le blé qui est dans l’épi est plein et encore vert, il a un goût fort agréable. Ils en coupent alors une certaine quantité qu’ils font bouillir et sécher. Dans cet état, ils le mettent dans des sacs pour s’en servir au besoin; et ils le font encore bien cuire dans son entier, ou broyé grossièrement, lorsqu’ils veulent le manger soit seul, ou avec du poisson, de la venaison, du castor, ou quelque autre viande; ce qu’ils regardent comme un mets fort délicat. (Page 41.)

» Quelquefois ils font rôtir ces épis vers et doux devant le feu ou dans les cendres, et ils en mangent le blé ; par ce moyen, quand leur provision de blé seroit épuisée, ils auroient suffisamment de quoi se nourrir. (Page ibid. )

» Les Anglais font de bon pain avec le maïz moulu; mais on ne le fabrique pas comme le pain de blé ordinaire. Il est beaucoup meilleur lorsque la pâte est fort molle, et on le met cuire dans un four bien chaud, où on le laisse une journée ou une nuit entière; mais comme cette pâte s’étend beaucoup en la mettant au four, on en remet une seconde couche sur la première; et, par ce moyen, on en fait autant de pains, qui, quand ils sont cuits suffisamment, ont une couleur jaunâtre brune, sans quoi ils seroient tout blancs. (Pages 41 et 42. )

» La meilleure nourriture que les Anglais tirent de ce blé est un mets appelé samp: après l’avoir d’abord fait tremper pendant une demi-heure et l’avoir broyé dans un mortier, ou l’avoir concassé de la grosseur de grains de riz, ils en tamisent la fleur et en ôtent la paille avec un van: ensuite ils le font bouillir doucement jusqu’à ce qu’il soit attendri; et, y mêlant du lait, ou du beurre, ou du sucre, ils font un manger délicat et fort sain. (Pages 42 et 43. )

» On remarque que les Indiens qui consomment beaucoup de ce blé, sont rarement attaqués de la pierre. (Page 43. )

» Les Anglais ont trouvé une méthode de faire de bonne bière avec ce grain, soit avec le pain, soit avec le grain même. (Page 43.)

» La manière de faire la bière avec le pain consiste à le couper par morceaux de la grosseur du poignet; ensuite à l’écraser et à s’en servir comme de drêche pour fabriquer la bière avec et sans houblon. (Page ibid.)

» Il y a une manière particulière pour faire de bonne drêche avec le maïz même. Les plus habiles faiseurs de drêche ont tenté inutilement de faire de bonne drêche par la méthode ordinaire; car on a trouvé par expérience que ce blé, avant que d’être en drêche, doit germer beaucoup par les deux bouts, c’est-à-dire par la racine et par le tuyau. Pour cet effet, il faut le laisser en tas un temps raisonnable; mais, d’un côté, si on le met d’une épaisseur convenable pour germer, il s’échauffera promptement et moisira, et les germes tendres seront tellement embarrassés que, pour peu que l’on ouvre le tas, ils se casseront, ce qui empêchera le grain de se réduire comme il faut en drêche; d’un autre côté, si on le remue et que l’on ouvre le tas pour empêcher la graine de s’échauffer trop, les germes qui auront commencé à pousser cesseront de croître, et par conséquent le blé ne pourra point acquérir cette qualité moelleuse nécessaire à la drêche. Pour remédier à ces inconvéniens, on a essayé avec succès la méthode suivante.

» Creusez de deux ou trois pouces la surface de la terre dans un jardin ou dans un champ, et jetez la moitié de cette terre d’un côté et la moitié de l’autre; ensuite mettez sur ce terrain le blé que vous destinez à faire de la drêche, et recouvrez-le avec cette terre. Laissez-le dans cet état jusqu’à ce que vous voyiez tout ce contour de terre comme un champ vert couvert de feuilles de blé ; ce qui arrivera au dix ou quinzième jour, suivant la saison. Ensuite levez-le de terre, nettoyez-le et le faites sécher. Les racines seront tellement embarrassées les unes dans les autres, que l’on pourroit enlever de grands morceaux. Pour le bien nettoyer, il faut le laver et le faire sécher promptement sur un four ou au soleil; de cette manière tout le grain qui est bon se développera, deviendra fondant, moelleux, fort doux, et la bière qu’on en fera sera saine, agréable, d’une belle couleur brune. (Pages 43, 44 et 45.)

» Cependant la bière faite avec le pain, comme nous l’avons dit ci-dessus, est aussi colorée, aussi saine et aussi agréable, et se garde plus long-temps; aussi c’est celle dont on se sert le plus communément. (Page 45.)»

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