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§. XIV.

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Table des matières

Défense du maïs contre l’attaque précédente.

( Extrait du Journal d’Agriculture, du Commerce et des Finances, février 1767.)

Examen du mémoire de M. le M. de M., inséré dans le Journal d’Agriculture, du Commerce et des Finances, du mois d’octobre 1766; par M. PUR.....

§. II, page 30. Maïs ou Blé de Turquie.

«Sa culture, dit M. de M., est pernicieuse; elle épuise prodigieusement la terre, par la substance nécessaire pour nourrir les hautes et grosses cannes qui le portent; ces cannes ne donnent presque point de nourriture pour les bestiaux. Le maïs ne se conserve point; s’il est égrené et mis en tas, il est d’abord échauffé ; le seul moyen de le conserver, est de le suspendre en grappe à couvert: il faudroit des halles que personne n’a, etc.... Il ajoute qu’il n’y a que la pauvreté qui entraîne le peuple à cette culture, qui lui sert de nourriture dans nombre de cantons; qu’elle est mauvaise, vérité triste à savoir, et qu’il seroit dangereux d’ignorer.»

Depuis quarante ans que j’habite cette province dont j’ai parcouru différentes contrées, j’y ai toujours vu cultiver le maïs, qui y étoit déjà d’un usage commun, et ce n’étoit pas la misère qui avoit alors engagé les habitans à cette culture.

Ce n’est pas seulement dans la campagne qu’on se nourrit de maïs, on s’en sert encore dans les villes, mais il y est plus rare. La preuve que son usage n’est pas aussi pernicieux qu’on voudroit nous l’assurer, c’est que les médecins de notre canton l’ordonnent aux malades. Les dames de la première distinction, celles même dont le tempérament est le plus délicat, le prennent à leur déjeuner et le préfèrent au café. Les gens de la campagne qui mangent des gaudes, depuis le mois d’octobre jusqu’au mois de mai, jouissent de la santé la plus parfaite. Pendant les chaleurs ils cessent d’en faire usage, parce que cette nourriture leur occasionne une légère incommodité qu’ils nomment le brûle-col.

Qu’on ne s’imagine pas que la culture du maïs fasse négliger celle du blé ; on sème le maïs sur les jachères; un laboureur qui cultive 45 à 50 journaux de terre n’en semera qu’un en maïs; cette quantité lui fournit le secours dont il a besoin pour lui, sa famille et son domestique; le sol qui a produit cette plante seroit resté en repos sans cette culture.

On ne doit pas craindre que le maïs enlève tout l’engrais qu’on auroit mis dans le terrain où il est venu; il en reste toujours une partie, parce que cette plante ne tire de la terre que les sucs qui lui sont propres, et qui ne conviennent point au blé. Après la récolte du maïs, il suffit de labourer, remettre un peu d’engrais, donner un nouveau labour, et la terre est en état de recevoir le blé qu’on veut y semer.

Lorsque le maïs est parvenu à une certaine hauteur, on peut le couper pour le donner aux boeufs et aux vaches. A l’égard des tiges qui ont porté leurs épis, il faut les arracher après la récolte, les faire, sécher au soleil, et les brûler sur le terrain même, afin que les cendres qui en proviennent servent d’engrais à la terre.

Aucun laboureur n’est embarrassée pour conserver le grain du maïs.

1°. Ils n’en cultivent que pour leur usage, ou pour faire la bouillie connue sous le nom de gaudes. Ils sont obligés de sécher ce grain au four; mais cette préparation faite, soit qu’ils la mettent en tas, soit qu’ils l’enferment dans des sacs, on ne doit pas craindre qu’il s’échauffe.

2°. Il n’est pas besoin de halles pour conserver celui qu’on se propose d’ensemencer l’année suivante; il en faut très-peu, et M. de M. en convient. Il n’y a point de laboureur qui ne soit en état de suspendre les épis qu’il met en réserve dans son habitation; aussi voit-on par-tout leurs cuisines et leurs chambres ornées de ces épis.

On les conserve de même en Alsace, pays où cette culture est beaucoup plus considérable qu’en Franche-Comté, où ce grain ne sert pas de nourriture aux hommes, et où on ne l’emploie que pour engraisser les porcs et la volaille.

3°. Il ne faut point appréhender que la culture du maïs nuise à celle du blé, parce que les façons que le premier exige demanderoient trop de monde: on se borne donc à n’en cultiver qu’en proportion de la force des familles ou des domestiques; rarement un laboureur en cultive plus d’un journal, beaucoup en cultivent moins.

4°. Lorsqu’il en reste, on l’emploie utilement à engraisser les porcs, la volaille, et à nourrir des pigeons.

Il n’est pas étonnant que M. de M. n’ait pas été exactement informé de tout ce qui concerne cette plante: on se flatte qu’il ne trouvera pas mauvais les observations qu’on vient de faire, quelque contraires qu’elles soient à ce qu’il a avancé dans son mémoire.

Sur le maïs

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