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§. XIII.

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Le maïs attaqué en Franche- Comté, en 1766.

( Extrait du Journal d’Agriculture, du Commerce et des finances, octobre 1766, pag. 66.)

On vient de voir M. de Jaucourt articuler précisément, en 1765, le reproche que le maïs n’étoit pas cultivé en France autant qu’il devoit l’être. Ensuite, un anonyme offroit cette culture aux habitans de l’Armagnac, comme une des plus fructueuses et des plus importantes qu’ils pussent essayer ( §§. XI et XII ci-dessus ). Et voici, au contraire, une voix qui s’élève avec force, en 1766, contre l’extension de cette culture.

Dans un Mémoire sur quelques objets d’agriculture et autres, relatifs au bien public, par M. le marquis de Montrichard, on trouve le paragraphe suivant:

«§. 2e. Mais ou blé de Turquie.

» Malgré un préjugé trop accrédité chez le peuple, on croit la culture du maïs, inconnue dans une grande partie du royaume, et très-moderne en Franche-Comté, pernicieuse. Ce grain épuise prodigieusement la terre, par la substance nécessaire pour nourrir les hautes et grosses cannes qui le portent; ces cannes ne donnent presque aucune nourriture pour les bestiaux. Le maïs mûrit ordinairement très-tard; et comme il est d’usage de semer le froment après le maïs, du moins dans la moitié des terrains, le froment semé si tard a peine à lever avant les gelées et les neiges; il en périt beaucoup, le surplus produit peu: on n’a pas le temps de tout semer; et la récolte qui devient foible, se faisant plus tard que de coutume, est plus long-temps exposée aux orages, et aux grêles, fréquentes dans la province.

» Le maïs ne se conserve point; s’il est égrené et mis en tas dans des greniers, quoiqu’à l’air, il est d’abord échauffé ; le seul moyen de le conserver, est de le tenir suspendu en grappe, à couvert: pour cela, il faudroit des halles que personne n’a, et dont la dépense excéderoit beaucoup le profit. Dans ce cas-là même, le grain se sèche, diminue de volume; les rats qui en sont très-friands, y accourent de toutes parts. Ainsi, dans les années d’abondance, on ne peut le mettre en réserve pour celles de stérilité, et il est régulièrement toujours totalement consommé, avant la maturité de celui de l’année suivante.

» Ce qui entraîne le peuple à cette culture si peu profitable, est la pauvreté. La semence du maïs coûte peu; on n’en emploie qu’un peu plus d’un boisseau pour ensemencer un terrain pour lequel il eût fallu cinq boisseaux de froment. Le maïs d’ailleurs demande peu ou point d’engrais, de sorte qu’il devient nécessairement la culture des pauvres; mais aussi c’est une pauvre culture.

» Dans nombre de cantons, le peuple ne vit presque que de maïs. Cela est triste à savoir, et cela seroit dangereux à ignorer. On ne peut en faire du pain; l’usage est d’en faire seulement quelques gâteaux très-lourds et très-indigestes, et une espèce de bouillie nommée gaudes. C’est à l’usage de cette foible et mauvaise nourriture, que l’on doit attribuer la foiblesse et la diminution de la taille des hommes, dans les cantons où ils sont réduits à vivre de maïs. Il n’en est pas de même dans nos montagnes, où le maïs ne peut mûrir, et sur-tout où l’âpreté naturelle du climat a garanti les peuples de la plus redoutable cause d’appauvrissement, qui dans beaucoup d’endroits est l’apparence des richesses. On y mange du pain et du laitage. C’est là que l’on trouve de grands hommes et vigoureux, des descendans de ces anciens Bourguigons qu’un auteur, que je crois être Sidonius Apollinaris, évêque de Clermont à la fin du cinquième siècle, appelle dans un de ses poëmes, burgundiò septipes.»

Sur le maïs

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