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§. XV.
ОглавлениеLe maïs accusé et justifié dans le Maine, en 1769.
( Extrait du Traité sur l’art de multiplier les grains, tome II, page 249.)
Du maïs et de la pomme de terre.
«On a reproché au maïs, ainsi qu’à la pomme-de-terre, d’épuiser le sol destiné à la culture préférable des plantes appelées par excellence céréales; savoir, le froment et le seigle. Ces reproches sont mal fondés, ou ne le sont que sur une culture vicieuse et mal entendue de ces deux végétaux.
» En 1766, le maïs fut attaqué violemment, d’abord dans le Journal du Commerce, c’est ce qu’on vient de lire §. XIII, et ensuite par un mémoire présenté au Bureau d’Agriculture du Mans. On présentoit cette culture comme énervant les terres pour un grain inutile, et une espèce de poison pour l’homme et pour les animaux, etc. On demandoit que le Gouvernement proscrivît le maïs.
» Les gazettes d’Agriculture, du mardi 6 janvier 1769, et suivantes, contiennent: 1°. des observations sur les propriétés du maïs; 2°. la comparaison de la plantation du maïs avec la semence de seigle, en sol égal, sablonneux et médiocre, pour prouver, par une démonstration pratique et géométrique, que le maïs altère moins le terrain que le seigle.
» On y apprend que le maïs a commencé à être cultivé dans le Maine, vers 1736. Il a été substitué au sarrasin qu’on semoit après les seigles; il est d’un plus grand rapport que le sarrasin et le seigle lui-même au premier guéret.
» Cette plante, dit-on, réussit dans toutes les sortes de terrains; elle a l’avantage de donner de plus fortes productions que toutes les autres espèces de grains que l’on sème dans les terrains médiocres des sables du Haut-Maine.
» Le maïs se plante au piquet, grain à grain, à 15 et 18 pouces, dans les meilleurs fonds. Dans 36 pieds carrés de superficie, il entre quarante-deux grains de seigle par pied carré, et quinze cent douze dans la toise, les grains à 2 pouces de distance. Le maïs, à 12 pouces, ne donne qu’un grain par pied carré, et trente-six grains dans la superficie d’une toise.
» Le laboureur jette dans un journal du Maine (de 66 perches 2 tiers de 25 pieds chacune), 120 livres de seigle, qui comprennent douze millions deux cent douze mille huit cents grains. On n’emploie, dans le même journal, que 10 livres pesant de maïs, qui ne comprennent que deux cent cinquante-quatre mille six cents grains.
» La culture du maïs a l’avantage de se faire dans des temps où les gens de la campagne ne sont pas occupés à d’autres travaux, après les semailles de mars, des orges, des avoines, et après les guérets des chanvres. La seconde culture du maïs précède la récolte des foins. La troisième se fait après la récolte des seigles; la récolte, après celle des chanvres et des sarrasins. Ainsi cette culture ne fait aucun tort aux autres.
» On démontre, par un calcul fidèle, que sa production l’emporte sur celle du seigle, en terrain médiocre et égal.
» Le quart d’un boisseau de 60 livres suffit pour la semence d’un journal, à un pied de distance. Il en faut moins, à proportion, dans un bon fonds où il est à 18 pouces.
La production du journal de maïs est de trente à quarante boisseaux de grain; année commune, trente-cinq boisseaux, à trente sous, outre trois charretées de fourrage en vert et en sec. Dans les bons fonds, il rend davantage. Et l’on sème entre le maïs, des féves blanches, qui donnent six boisseaux à 3 ou 4 livres.
» En seigle, il faut 2 boisseaux de semence: la production est de huit pour un. Les 16 boisseaux se vendent, au prix moyen, 50 sous le boisseau. Il y a de plus deux charretées, ou deux cent soixante bottes de paille, à 6 livres la charretée, et une charretée de chaume à 4 livres.
» Toute dépense déduite, l’avantage du maïs sur le seigle est de 23 livres 7 sous 6 deniers par journal.
» D’ailleurs, le maïs altère moins les terres; sa végétation s’achève dans un temps plus court, et emprunte beaucoup de la chaleur de l’air, des météores, etc.»