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CHAPITRE XII.

Table des matières

NOUVELLE DECLARATION DÉ PRINCIPES DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC.

(Février. Pluviôse an III.)

«LE Gouvernement anglais, dit l’orateur républicain,

» nous accuse d’immoralité , lui qui,

» sans pudeur, exerce le brigandage de la course

» sur le commerce des neutres; qui remplit la presqu’île

» de l’Inde de carnage et de cadavres, et

» jusque dans les déserts de l’Amérique ameute

» les sauvages du Nord contre les paisibles cultivateurs

» des Etats-Unis! — Il crie partout que nous

» en voulons à l’indépendance des peuples, lui qui

» veut contraindre Gènes, Venise, la Suède et le

» Danemarck à abjurer la neutralité dans laquelle

» ils sont restés à notre égard! — Enfin, il ose

» déclarer qu’il n’est pas sûr de traiter avec nous,

» lui qui, lié avec la Russie, excite les Turcs à

» faire la guerre à la Russie; lui qui encourage

» les Polonais à faire une révolution, et les laisse

» ensuite sans appui; lui qui délaisse la Suède après

» l’avoir poussée contre les Russes; lui qui, après

» avoir forcé la Hollande à nous combattre, n’intervient

» aujourd’hui. dans son désastre que pour

» s’adjuger le cap de Bonne-Espérance; lui, enfin,

» qui après avoir séduit les malheureux habitans

» de la Vendée et de Toulon, jouit tranquillement

» du spectacle de leur ruine!

» Messieurs les ministres de l’Angleterre mettent

» nos pouvoirs en doute! Notre gouvernement,

» disent-ils, n’est que provisoire et temporaire.

» Ignorent-ils que le gouvernement qui

» sait vaincre a, par cela même, le droit de négocier?

» La Convention nationale est un plénipotentiaire

» nommé par la totalité du peuple

» français pour terminer la révolution et la guerre.

» Fut-il jamais ambassadeur revêtu d’un, plus

» ample pouvoir et d’un plus auguste caractère!

» Princes de l’Empire, Cabinets de Prusse; d’Espagne

» et d’Italie, on veut vous empêcher de

» vous rapprocher de la France, et l’on se méprend

» d’une manière bien étrange dans les allégations

» qu’on emploie pour vous faire craindre

» la République!

» Si notre gouvernement était aussi désordonné

» qu’on vous le dit, qu’auriez-vous à redouter

» d’une république qui porterait dans son sein une

» source de faiblesse et d’agitation qui l’empêcherait

» à jamais de s’occuper de vous?...

» Mais il est temps que les formules d’une

» politique ancienne et malavisée fassent place

» aux expressions franches et loyales d’un gouvernement

» libre.

» Non-seulement il est sûr et honorable de

» traiter avec nous, mais votre véritable intérêt

» l’exige. Vous qui en sentez la nécessité, apprenez-en

» les moyens; nous sommes trop forts

» pour avoir rien à déguiser.

» La Convention déteste la guerre sans la

» craindre; elle sera toujours prête à en faire

» cesser les horreurs, quand on lui présentera

» un traité conforme à la dignité du peuple

» français. Mais nous devons avertir que nous

» ne souffrirons pas que l’on paralyse nos armes,

» que l’on suspende nos triomphes par des négociations

» fausses et insignifiantes.

» Les dangers auxquels nous venons d’échapper,

» le désir d’en rendre le retour impossible,

» nous obligent à couvrir nos frontières par leurs

» limites naturelles. De grands fleuves, de hautes

» montagnes et l’Océan pourront seuls nous garantir

» de tout envahissement et de toute attaque

» pour une longue suite de siècles.

» A ce prix, les puissances de l’Europe peuvent

» compter sur une paix qui sera inviolable de

» notre part.»

Ce langage montre avec quelle confiance le gouvernement républicain sait élever la tête au-dessus des divisions intestines pour parler aux étrangers. M. Pitt se confie dans des complots qui ne sont peut-être que des intrigues; il compte sur une famine dont il s’exagère les effets, dont les souffrances sont locales, partielles, et le malaise passager. Mais ce qui soutient la politique républicaine à un éminent degré d’énergie, c’est que notre puissance militaire devient chaque jour plus irrésistible au dehors, et qu’au dedans, l’impulsion donnée par la volonté nationale conserve assez de force pour surmonter toutes les résistances secondaires, et pour entraîner ceux-là même qui voudraient l’amortir. S’il faut reconnaître aujourd’hui que l’Angleterre et l’Autriche ont accru leur haine de tout ce qui fait la gloire de la nouvelle république, on a du moins la certitude qu’il n’en est pas ainsi de la plupart des autres puissances. Nous sommes au moment de rompre la Coalition, et ce grand résultat va porter remède à tous les maux de l’intérieur. En se pressant de l’obtenir, on ne peut manquer de rouvrir les vastes marchés du Nord et du Midi à nos approvisionnemens; de raffermir le crédit et de dissiper ces vagues incertitudes qui se sont élevées depuis quelque temps sur la stabilité du nouvel ordre de choses en France. Aussi voyons-nous le Comité redoubler d’efforts, de soins et d’activité. Suivons-le de la tribune au cabinet. Il ne veut négliger aucun moyen pour amener sur le terrain des négociations les puissances qui flottent encore indécises entre les dégoûts de la guerre et les dangers qu’on leur fait craindre dans la paix. Des négociations et des traités vont maintenant nous occuper.

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE.

Manuscrit de l'an trois (1794-1795)

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