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CHAPITRE IV.

Table des matières

PRÉTENTIONS DE L’ESPAGNE,

( Fin de vendémiaire. )

SI le comité de Salut Public est pressé, il n’en est pas de même des Représentans près l’armée des Pyrénées-Orientales; Vidal et Delbrel, qui sont chargés de transmettre à Madrid l’autorisation donnée, à Simonin, pensent que trop d’empressement dans cette affaire pourrait être considéré comme une espèce d’avance: or, disent-ils, une grande nation n’en doit pas faire à des esclaves vaincus! Ils étaient donc résolus à laisser venir une occasion. Heureusement cette occasion ne tarde pas à s’offrir. Les ordres du comité de Salut Public sont du 16 vendémiaire, et le 24, un parlementaire espagnol apporte au camp une lettre de Simonin qui, cette fois, se borne à exprimer combien on regrette à Madrid de nous voir nous obstiner dans les souvenirs de l’affaire de Collioure. Le parlementaire s’en retourne avec la décision du Comité qui passe par dessus les récriminations de Vidal et de Delbrel.

A la réception presque inespérée de cette décision, Simonin se transporte auprès de la personne qui lui sert d’intermédiaire avec le Cabinet espagnol. On lui déclare aussitôt qu’on est disposé à traiter sur les bases suivantes: 1°. L’Espagne reconnaîtra le système actuel du gouvernement français; 2°. La France remettra les enfans de Louis XVI à l’Espagne; 3°. Les provinces françaises limitrophes de l’Espagne seront cédées au fils de Louis XVI, qui les gouvernera souverainement et en roi.

Simonin transmet purement et simplement cette proposition. Sa lettre est du 14 brumaire ( 4 novembre 1794). A peine les Représentans près l’armée des Pyrénées l’ont-ils décachetée, que leur colère éclaté : Simonin est, un homme beaucoup trop officieux! s’écrient-ils, et sur-le-champ, ils prennent un arrêté pour faire cesser de telles communications, motivant cette mesure sur ce qu’entre des républicains et des esclaves, il ne doit y avoir d’autre correspondance que celle du canon et de la baïonnette!

Le comité de Salut Public est de l’avis de Vidal et Delbrel. Il s’étonne à son tour qu’un Français ait pu tracer les lignes dictées par le ministre espagnol. «Prenez des mesures, écrit-il

» aux représentans près l’armée des Pyrenées

» Orientales, pour faire revenir sur-le-champ

» Simonin. Il compromet à Madrid la dignité

» du Peuple Français.»

Cette première lueur de négociation s’est donc éteinte presque au moment où l’on venait de l’apercevoir; mais les succès de nos armes peuvent remédier à ce premier échec; ils prennent de jour en jour un accroissement tel qu’ils doivent combler tôt ou tard l’intervalle qui sépare encore les deux termes de la négociation.

Manuscrit de l'an trois (1794-1795)

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