Читать книгу Manuscrit de l'an trois (1794-1795) - Fain Agathon-Jean-François - Страница 4
ОглавлениеPRÉFACE.
CE livre peut être considéré comme une introduction aux temps du Directoire et de l’Empire, sur lesquels le Public semble maintenant reporter son attention avec quelque intérêt. Le récit commence à l’époque qui a suivi le 9 thermidor; ma mémoire ne peut remonter plus loin. C’est le moment où le hasard des temps m’a transporté du collége dans les bureaux de la Convention nationale, et je ne raconte que les événemens dont j’ai été le témoin. Les souvenirs de la première jeunesse ne sont ni les moins sûrs ni les moins sincères. D’ailleurs, ce que je n’ai fait qu’entrevoir alors, j’ai pu dans la suite l’étudier plus mûrement; une circonstance particulière m’en a fait même un devoir. Lorsque le général Bonaparte est arrivé au gouvernement, il a demandé qu’on lui remît un précis des négociations qui avaient précédé sa promotion au commandement de l’armée d’Italie; et ce travail a été la première esquisse de l’ouvrage que je publie aujourd’hui. Ce sera, si l’on veut, l’histoire du Cabinet de l’an trois. — Le Cabinet de l’an trois!... je vois d’ici bien des préventions s’exprimer par un sourire. Y avait-il un Cabinet en l’an trois? Le livre répondra. Au surplus, il est tout simple que jusqu’à présent on en ait douté. Tandis que les affaires politiques se traitaient dans le silence de la nuit, au fond des appartemens démeublés des Tuileries, les révolutions des partis roulaient les unes sur les autres avec autant de rapidité que de bruit. Elles absorbaient toute l’attention de la place publique, et l’histoire contemporaine se remplissait avec une telle abondance des événemens du jour, que les travaux de la nuit n’y pouvaient guères trouver de place. Cette préoccupation des esprits s’est continuée long-temps, et de distractions en distractions, personne n’a plus pensé à la lacune qui était restée en arrière. Il faut le dire aussi: l’habitude de confondre les opérations du gouvernement républicain avec les excès de la Révolution n’a pas peu contribué à prolonger la méprise; et si l’on se rappelle avec quelle adresse ces préventions ont été cultivées, peut-on s’étonner de leur puissance et de leur durée? Quel empressement n’a-t-on pas mis à rapetisser, par le ridicule, les hommes et les travaux que les événemens s’efforçaient de grandir Que de soins pour déguiser, par des expressions détournées, le véritable but des partis et pour dénaturer à leur naissance les moindres relations qui tendaient à s’établir dans la société nouvelle? On a tant dit, tant écrit, tant répété qu’il n’y avait sur les bancs de la Convention que des sots, des fripons ou des bourreaux, qu’il n’est pas étonnant que le jugement de plusieurs générations en soit resté fasciné. A travers tous ces mépris, et par delà tant de fautes et tant de crimes, comment aurait-on deviné de véritables talens, de grands caractères, et tout ce qui peut recommander un Cabinet?
Mais la Restauration a terminé le drame, et l’on peut maintenant mettre de côté les illusions de la scène et la défaveur que certains rôles ont encourue, pour ne plus voir que les acteurs, les appeler par leurs noms, les reconnaître à visage découvert, et faire la part de leur mérite personnel.
Les réputations individuelles commenceront la réhabilitation du groupe d’où elles sont sorties, et peut-être que tel nom fera rejaillir sur cette époque l’éclat qu’il en aurait pu recevoir. Il n’est pas jusqu’à la composition des Bureaux qui n’offre matière à réflexion sur l’injustice des idées qui ont prévalu si long-temps! Ceux qui n’ont lu que les histoires des partis se doutent-ils que les comités du gouvernement avaient pour principaux employés le général Clarke, depuis maréchal de France; le général Dupont, depuis ministre du roi Louis XVIII; M. Reinhard, aujourd’hui ministre de France à Francfort; M. Otto, qui a été l’honneur de la diplomatie française, notamment à Londres et à Vienne; Nugues Saint-Cyr, le compagnon de Suchet; Faypoult, ministre des finances du Directoire et préfet de l’Empire; Gau, conseiller d’état; Aubusson, jusqu’au dernier moment chef de la secrétairerie d’état; Pierre et Chabeuf, les premiers collaborateurs de Frochot à la préfecture de la Seine; Petitot, de l’université ; et tant d’autres?
Sur vingt employés que nous étions, tout au plus, au Comité Militaire, on peut citer Bailly de Monthion, qui est devenu aide-major-général de la grande armée; Courtin, procureur-impérial à Paris; Fréville, aujourd’hui conseiller d’état; Mazoyer, aujourd’hui maître des requêtes; l’adjudant-général Hortode; Grivel, aujourd’hui contre-amiral; etc. Mais il est inutile de pousser plus loin cette nomenclature secondaire. Ce qui mérite l’attention, c’est la liste des membres du comité de Salut Public, qui se sont succédé au timon de l’état, dans ces jours d’orage et de révolution; je l’offre à ceux de mes lecteurs qui seraient curieux de juger les choses d’après les personnes, ou les personnes d’après les choses.
M. Thibaudeau est jusqu’à ce jour le seul des membres du comité de Salut Public qui, je crois, ait publié des mémoires: son volume sur les temps de la Convention offre des tableaux d’une grande vérité ; j’en ai extrait quelques notes qui pourront servir à rapprocher nos deux récits.
Enfin, pour faciliter l’intelligence de mon Manuscrit, j’y ai joint, 1°. une concordance du calendrier républicain avec le calendrier vulgaire pour l’an III, et, 2°. le plan de l’occupation des Tuileries par la Convention nationale a l’époque dont nous allons repasser les événemens.
Du Calendrier républicain avec le Calendrier grégorien pour l’an III de la République.
PREMIER TRIMESTRE.
DEUXIÈME TRIMESTRE.
TROISIÈME TRIMESTRE.
QUATRIÈME TRIMESTRE.
COMPOSITION SUCCESSIVE DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC PENDANT L’AN III.
§ Ier. Le comité est de douze membres, dont le quart se renouvelle tous les mois.
12 COMPOS. DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC.
§ II. A partir du 15 germinal, la composition du Comité est portée à seize membres.