Читать книгу Le mentor vertueux, moraliste et bienfaisant - Laurent-Pierre Bérenger - Страница 3
AVERTISSEMENT.
ОглавлениеON ne saurait trop multiplier les recueils de ce genre; ils forment une espèce de contre-poids à la dégradation flétrissante que l’égoïsme imprime à notre siècle. Le succès qu’ont obtenu la Morale en action, l’École du bonheur, les Annales de la vertu, les Étrennes de la vertu, les Vertus du peuple, etc., etc., doit être plus flatteur pour les estimables auteurs de ces collections, que les fleurs éphémères, et trop souvent avilies, des couronnes académiques. Ces livres, lorsqu’ils sont donnés en prix dans les écoles publiques de la ville et de la province, descendent dans l’humble atelier du pauvre et de l’artisan: là, ils deviennent souvent les délices journalières de toute une famille que la lecture de ces beaux traits instruit, touche, ravit et dispose à la vertu. C’est en cultivant, par de bonnes lectures et par de nobles entretiens, la délicatesse du sens moral, qu’on développe, qu’on exalte cette précieuse sensibilité, le plus bel apanage de l’homme, et sans laquelle la raison serait bien triste, bien froide, et rarement utile à nos semblables. Quelle vive émulation d’égaler ses modèles ne sent-on pas en soi, lorsqu’on vient devoir représenter ces drames bienfaisans dont nos anecdotes vertueuses ont fourni les sujets! Quelles douces larmes ne verse-t-on pas au Bienfait anonyme à l’Habitant de la Guadeloupe, aux Trois Fermiers, à l’Honnête Étourdi, à l’Honnête Criminel, à l’Enfant trouvé, etc., etc. Mais le peuple, mais les enfans, qu’il importe surtout d’instruire quand on veut régénérer les mœurs d’une nation, n’assistent pas à ces représentations. Il n’y a que les livres, et les livres peu chers, qui puissent leur offrir les modèles qu’ils doivent imiter. Pourquoi les maires de commune, pourquoi les chefs des écoles de la campagne ne répandent-ils pas avec profusion ces recueils d’anecdotes, tous si bien faits pour prêcher sans ennui, et ramener, par l’exemple, le goût et la pratique des choses honnêtes, c’est-à-dire les bonnes mœurs? On a formé çà et là, dans les villages, des dépôts de remèdes gratuits pour les pauvres habitans des campagnes, il faudrait établir dans toutes les maisons communes, et chez tous les curés, des dépôts de bons livres, pour propager les instructions élémentaires de la morale et de l’économie rustique, et l’histoire des découvertes utiles. Il faudrait que les pasteurs ne dédaignassent pas d’annoncer en chaire des choses qui n’ont rien de profane, quand elles servent à répandre des vérités. Moins le peuple aura d’ignorance et de préjugés, plus il sera heureux; et rapprocher les hommes de ce bonheur tant cherché, n’est-ce pas la plus belle, la plus divine des fonctions des ministres de nos autels?
Ce recueil est divisé en trois parties. Dans la première, on a réuni les beaux traits de l’histoire ancienne. La seconde renferme une foule d’anecdotes connues, mais est composée presque uniquement de traits où les jeunes gens sont acteurs. Des contes moraux, ou des entretiens relatifs à l’éducation, terminent ce choix, qui, par la réputation des auteurs que nous avons mis à contribution, annonce qu’on peut les proposer pour modèles aux jeunes étudians. Toute cette élite de faits mémorables, d’anecdotes instructives, et de brillantes descriptions, nous parait propre à faire aimer la vertu, et à for mer la jeunesse dans l’art de la narration; elle convient surtout spécialement aux écoliers de seconde et de rhétorique, qui commencent à exercer leur plume dans la langue nationale, c’est-à-dire dans la langue qu’il leur importe essentiellement de savoir, puisque c’est dans celle-là qu’on parle et qu’on écrit, qu’on plaide; en un mot, puisque nous sommes Français, et non Romains ou Athéniens.