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CHAPITRE XIII
A LOTERIE DES FEMMES

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Table des matières

J’ai déjà confessé, comme je le devais à la vérité, mon infériorité évidente vis-à-vis du comte de Bornéo.

Je tenais encore aux préjugés du vieux sens commun par de trop fortes racines, pour transplanter tout d’un coup mes idées dans ce nouveau milieu.

Aussi me trouvais-je à chaque instant dépaysé.

Cette attitude d’indépendance et de révolte qu’affectait depuis si longtemps le beau sexe de la Chimérique ne parut point à mon ami Agénor aussi choquante qu’à moi.

Il prétendait même, je ne saurais dire pourquoi, que les citoyennes d’Egalicité ne différaient pas beaucoup, sur ce point, des dames françaises. Suivant lui, l’esprit de contradiction joue chez nous le même rôle que, là-bas, l’esprit d’opposition politique.

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Il allait même jusqu’à dire que cette perpétuelle attitude de critique, et de révolte vis-à-vis de l’ordre social ne pouvait tourner qu’au profit de la paix intérieure des ménages. Ce devait être, suivant lui, comme une détente et une soupape de sûreté.

Je laisse au comte la responsabilité de ses théories. Il en était si convaincu qu’il persévéra plus que jamais dans ses projets de mariage, et me chargea formellement de prendre à cet égard de nouvelles informations.

Il paraît qu’à Egalicité ces sortes de conventions et le choix qui les amène, dépendent, dans une certaine mesure, de l’intervention des pouvoirs publics. On se rend, là-bas, .aux bureaux de l’administration pour débattre les conditions, comme en France chez le notaire pour dresser le contrat, et à la mairie pour la célébration civile.

Sans avoir parfaitement compris le mécanisme de la loi égalicitoise, je m’en remettais à la perspicacité d’Agénor pour se rendre compte des détails, et à son sang-froid pour se tirer des complications qui pourraient survenir.

L’aspect de la salle qui portait au frontispice le mot MARIAGES, écrit en grosses lettres, offrait un spectacle inattendu et inouï.

Figurez-vous trois grandes roues remplies de numéros et semblables à celles dont on se sert chez nous pour le tirage des loteries.

Auprès de chacune de ces roues, un immense registre était ouvert sur un pupitre spécial. Ces registres étaient divisés en longues colonnes où se trouvaient reproduits les uns après les autres tous les chiffres des billets contenus dans les étuis.

Mon voyage au pays des chimères

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