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VII

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Outre les personnes déjà citées, il y avait encore à la maison: ma grand’mère maternelle Scholastique Fumery, depuis longtemps veuve de mon grand-père le médecin Platel; puis nos domestiques, Joseph Carpentier, ancien soldat de l’Empire, et sa femme Philippine. Si l’on y ajoute les gens à la journée, le jardidier Buisine, dit Frisé, souvent accompagné de ses fils; les bueresses (laveuses), le charpentier qui fendait le bois à brûler, long travail; un menuisier qui, pendant des mois et des mois, tapa, rabota, et fuma d’interminables pipes dans le salon inachevé du nouveau bâtiment; la bande de camarades ornés de leurs sœurs, qui venaient jouer avec nous; on comprendra qu’il y avait chez nous une certaine animation.

Mon père, receveur du duc de Duras, dont il régissait d’importantes propriétés, entre autres la forêt de Labroye, se voyait contraint à de fréquentes absences.

De plus, les fonctions de suppléant à la justice de paix qu’il remplissait, le retenaient souvent à Carvin et le mêlaient à de nombreuses affaires dans le canton. Aussi était-il rarement à la maison et lorsque cela lui arrivait, toujours à ses occupations, ne quittait-il guère son bureau, rempli de cartons et de registres.

Avant son mariage, il avait été clerc de notaire à l’étude de mon oncle Platel à Henin-Liétard.

Il avait fait partie de la musique municipale de cette ville, ce qui expliquait la lyre de notre fronton.

J’ai connu son buccin abandonné qui traîna longtemps dans les coins et qu’on finit par suspendre dans le couloir sombre derrière l’escalier. Ce serpent à tête de crocodile m’a souvent rendu rêveur, avec sa grande gueule démesurément ouverte et ses yeux de vermillon. Sa tête et son cou portaient encore au milieu du vert-de-gris, quelques écailles de laque et d’or.

Ma grand’mère ne quittait pas la maison; je dirai même qu’elle ne quittait pas sa petite cuisine, toujours sur sa chaise près de la fenêtre, regardant la cour, à gauche d’une grande cheminée Louis XV, marbre joliment sculpté, qui provenait d’un château démoli que Fremy avait connu. Elle marchait difficilement à cause de son âge, de son embonpoint et de ses pieds trop courts. Seulement, par les belles après-midi d’été, elle portait sa chaise dans la pelouse de la cour, sous le grand cerisier. Elle passait là de longues heures à tricoter, à éplucher des légumes ou écosser des pois.

La nourrice d’Émile avec son nourrisson, venait aussi s’asseoir auprès d’elle, à l’ombre, tandis que je jouais sur l’herbe avec mon petit frère Louis.

La vie d'un artiste : Art et nature

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