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XIX
LE LOGIS

Table des matières

Dans l’allée, il ne se trouvait point de gaz pour éclairer; les marches glissantes de l’escalier, et l’appui de la rampee devenait indispensable pour gravir les cent vingt marches aboutissant au logement du nouvel ami des enfants de Jeanne. De temps en temps, leur guide frottait une allumette contre la muraille, et pendant deux secondes la clarté bleuâtre puis blanche de l’allumette jetait un rayon dans la spirale noire; mais il ne restait bientôt plus que le bois en feu, et jusqu’à ce qu’une nouvelle allumette fût tirée, les enfants montaient à la queue-leu-leu, tandis que Bijou, surpris de cette ascension nocturne, roucoulait d’une façon plaintive pour en demander l’explication.

Enfin le jeune garçon s’arrêta sur le dernier palier, introduisit une clef dans la serrure d’une porte peinte en brun, puis il dit à ses hôtes:

–Attendez que j’allume la lampe.

Quand elle rayonna dans la petite chambre, Cri-cri et Bijou entrèrent; Jean les suivit, Robert passa le dernier.

Une fois la porte fermée, le nouvel ami des enfants de Jeanne leur dit en souriant:

–Vous voilà chez moi, chez vous! Vous devez avoir une terrible envie de dormir. attendez, je vais arranger le ménage.

En un tour de main il enleva un matelas de son lit, le posa à terre, prit dans un placard deux draps blancs et une couverture, et acheva d’improviser un lit.

–Voilà, dit-il. Vous serez un peu serres, par exemple!

– Je ne sais comment vous remercier, dit Robert les larmes aux yeux.

–En acceptant.

Quand Robert eut embrassé son nouveau compagnon, il chercha des yeux une image sainte sur la muraille, vit un crucifix, et, prenant ses frères par la main, il les conduisit devant cette image. Leur ami était déjà à genoux.

Il fit une prière, qui devait être belle, car elle toucha les enfants de Jeanne jusqu’aux larmes. Sans aucun doute, l’adolescent ne l’avait apprise dans aucun livre; elle montait de son cœur à ses lèvres pour s’élever vers Dieu, semblable au parfum de l’encens qui s’envole sous les voûtes des vieilles cathédrales.

–Mon Dieu, disait-il, vous avez été petit, faible, errant et pauvre, proscrit et menacé... ceux que vous envoyez vers moi, je les accueille... Vous vouliez qu’on laissât aller vers vous les petits enfants, et j’attire ceux-ci pour l’amour de vous... Inspirez-moi ce que je dois faire... Guidez les voyageurs, guérissez les malades, consolez les affligés, nourrissez ceux qui ont faim, donnez à tous le courage et la charité...

Les quatre enfants se levèrent, et trois minutes après les orphelins dormaient d’un bon et pur sommeil, protégés par un adolescent qui ferma les yeux le dernier, tandis que le pigeon, la tête sous l’aile, prenait pour perchoir le pied du lit de fer.

Les robinsons de Paris

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