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CHAPITRE VIII.

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Table des matières

Scission dans les deux premiers ordres de la Franche-Comté; guerre civile en Bretagne; mort de M. d’Ormesson; action héroïque d’un gentilhomme et d’un bourgeois; marche et sollicitude d’une armée de bourgeois sortie des murs de Nantes; manifeste de cette armée; arrêts des parlemens de Besançon et d’Aix contre les assemblées illégales; M. de Mirabeau dans les états de Provence.

Janvier, Février1789.

TANDIS que Louis XVI s’occupoit de combler les vœux de son peuple, et se nourrissoit de l’espoir si cruellement trompé ensuite, de le voir bientôt le plus heureux peuple de l’Europe, un génie malfaisant se promenoit sur la France, souffloit le poison de la sédition dans les cœurs, aigrissoit les esprits, et armoit les citoyens contre les citoyens.

En Franche-Comté, les deux premiers ordres eux-mêmes se divisèrent; une partie du clergé, et une partie de la noblesse adhérèrent au résultat du conseil, et l’autre le combattit par une protestation. Le parlement prit parti dans la querelle. Ceux qui d’abord avoient adhéré, protestèrent contre la protestation même de leurs adversaires. Cette-contreprotestation fut déposée chez un officier public. Le parlement se la fit apporter, et la supprima par un arrêt. Les membres du clergé et de la noblesse, qui tenoient pour le résultat du conseil, réclamèrent contre cet arrêt. Le roi enfin fut obligé d’intervenir pour mettre fin à ces premiers actes d’hostilité; mais il ne se contenta pas de casser l’arrêt du parlement; on lisoit encore dans celui du conseil, qui l’annulloit, ces paroles remarquables:

«S.M. a jugé qu’elle ne pouvoit laisser subsister un arrêt, dont les membres du clergé et de la noblesse qui ont signé ces déclarations, (celles qui adhéroient au résultat du conseil) auroient un juste droit de se plaindre S.M. déclare qu’elle honore de son approbation spéciale, les motifs d’amour, d’obéissance et de zèle qui ont dicté ces déclarations. Et pour donner aux membres qui les ont souscrites, une marque authentique de sa satisfaction, veut S.M. que le contenu auxdites déclarations soit annexé au présent arrêt, et qu’il soit imprimé, affiché par-tout où besoin sera».

C’étoit, comme on voit, se déclarer franchement pour le parti qui favoriseroit le tiers-état. Parmi les noms qui se trouvent au bas de la déclaration du clergé, je n’en vois aucune de marque; mais parmi ceux qui se trouvent au bas de celle de la noblesse, je lis les noms de Grammont, ceux du prince de S. Maurice, du marquis et du vicomte de Toulongeon.

Pour rester toujours dans les bornes de l’impartialité, je dois faire connoître les motifs de l’opposition du parlement.

«La fermentation qui règne dans le royaume, disoit cette compagnie, principalement dans les villes, est excitée par une multitude d’écrits, capables d’induire les peuples en erreur. Des opinions et des assertions audacieuses, hasardées par des particuliers sans caractère et sans autorité, tendent à détruire toute subordination, à élever des insurrections contre l’aurorité légitime, à engendrer une guerre intestine, et à ébranler, petit-être même à renverser la monarchie...

«Les états de la province ont été une source de division, non-seulement entre les trois ordres, mais encore entre les membres des deux premiers ordres...

«L’effervescence qui trouble les esprits, l’inquiétude répandue parmi les plus modérés, diminuent déjà la confiance qui doit exister entre les citoyens, et détruiront l’harmonie sans laquelle les états-généraux ne pourront avoir un heureux succès....

«Dans le conflit de demandes et d’opinions, le parlement doit s’expliquer, pour appaiser le feu de la discorde prêt à éclater...

«Toutes innovations sont dangereuses, parce que l’esprit novateur ne s’arrête point dans sa course; un jour il frappe d’un côté, le lendemain il renverse de l’autre…

«La constitution est un bien appartenant à la nation en général, et à chaque individu en particulier, qui ne peut en être privé sans avoir donne un pouvoir spécial à cet effet» Sublime vérité, qui eût dû être en tête du cahier de chaque député.

«Avant de consolider la dette de l’état, et d’aviser aux sacrifices à faire, il faut la reconnoître et la fixer…

«Lorsque les états-généraux auront constaté la dette nationale; qu’ils en auront prévenu le retour par toutes les précautions que leur sagesse leur dictera; qu’ils auront fixé les dépenses nécessaires à la prospérité et à la gloire de l’état; et qu’enfin ils auront reconnu l’insuffisance des moyens actuels pour atteindre à double but: alors la générosité des deux premiers ordres, leur dévouement à la patrie sont trop étendus, pour avoir besoin d’être excités, et trop notoires, pour douter qu’ils ne s’empressent de donner aux autres citoyens l’exemple des plus grands sacrifices, pourvu qu’ils soient volontaires, et qu’ils Il altèrent pas la constitution sur laquelle la monarchie existe depuis tant d’années.....

«Linégalité dans la distribution des biens est dans les décrets de la providence et dans la nature de l’ordre social; une grande partie du tiers-état ne subsiste et ne subsistera toujours qu’au moyen des terres et des propriétés de la noblesse et du clergé…

«C’est la classe la moins nombreuse, qui, dans lespoir d’acquérir du pouvoir et de dominer, tâche d’engager les autres à réclamer avec elle».

Je me suis déterminé d’autant plus volontiers à presenter cet exposé des principes du parlement de branche-Comté, qu’il donne tout-à-la-fois une idée de la sagesse de cette compagnie, et de la situation ou se trouvoit la province au moment où se formoit l’orage.

Cet arrêt, comme on pense bien, quoique les maximes qu’il contient, soient celles d’une saine politique, fut mal accueilli par le tiers-état. On souleva le bas peuple contre les magistrats, et un jour qu’ils se rendoient au palais, ils furent assaillis de pierres, les glaces de plusieurs voitures furent brisées, quelques-uns même d’entr’eux furent légèrement blessés. La même scène se renouvella au sortir de l’audience, et les magistrats ne crurent pas leur vie en sûreté à Besancon.

L’effervescence étoit toute autre en Bretagne: le troisième ordre de cette province présenta à ses états deux pétitions. Il demanda à être représenté en nombre égal aux deux autres ordres, et à ce au on opinât par tête; 20, que les impositions fussent également réparties entre tous les citoyens.

Je dois faire remarquer que cette double pétition étoit prématurée: elle fut faite le30décembre1788 et a cette époque on ne connoissoit point en Bretagne le résultat du conseil. On assure que le tiers-état ut autorisé à cette démarche par M. Necker; mais je ne garantis point le fait, quelque vraisemblable qu’il soit.

Cette double demande fut l’étincelle d’une guerre civile: a l’ouverture des états, le tiers déclara qu’il ne prendroit aucune part aux délibérations, à moins qu’on ne lui accordât ce qu’il sollicitoit. Cette déclaration jetta les trois ordres dans une immobilité qui parût à la cour le présage d’une grande commotion. Pour la prévenir, elle suspendit, par un arrêt du conseil, les états jusqu’au3du mois suivant.

Les gentilshommes, en recevant cet arrêt et le résultat du conseil, firent, avant de se séparer, une protestation dans laquelle ils déclarèrent deshonoré et traître à la patrie, quiconque ne penseroit pas comme eux sur le maintien des priviléges de la province.

Le tiers-état ne réclama point contre cette protestation, mais il se rassembla dans chaque ville, et accusa la noblesse d’avoir chargé un nommé Vignon attaché au service du comjtede Boisgelin, de solliciter des signatures au bas d’une déclaration, dans laquelle il étoit dit qu’on ne vouloit rien changer à la constitution de là province.

Les assemblées du tiers-état, à Rennes, se firent par paroisses, et furent très-nombreuses. Ne pouvoit-on pas les regarder comme des assemblées illicites puisqu’elles n’étoient autorisées par aucune volonté également manifestée? Le parlement crut ne devoir les regarder que comme des associations illégales et il décréta les marguilliers qui avoient permis la réunion des habitans de leurs paroisses. Ce décret indigna le tiers-état, et les routes de Bretagne à Paris furent couvertes de députés que cette province envoya en cour.

La noblesse s’ébranla aussi: on imputa à plusieurs gentilshommes d’avoir fait circuler dans la classe inférieure du tiers-état, un billet qui la convoquoit aux portes de la ville, dans le champ appellé de Montmorin. On en parla au premier président du parlement; il dit qu’il en étoit instruit, mais qu’il ne connoissoit aucun moyen d’empêcher cette assemblée. Elle eut lieu, en effet, et fut composée de sept a huit cent personnes, parmi lesquelles on remarqua plusieurs laquais, plusieurs porteurs de chaises et autres gens de cette classe. On assure que deux d’entre eux, en s’y rendant, furent armés de bâtons par un gentilhomme.

L’assemblée étant formée le domestique de la commission intermédiaire des états pour la navigation intérieure, monta sur une éminence, et lut un discours dont le but étoit de demander si on ne vouloit pas que la constitution subsistât, et que le pain fût diminué. Chacun ayant repondu, oui: Eh bien! dit l’orateur, rendons-nous au palais.

Toute cette multitude, en effet, se rendit au palais, et, à l’exception de quelques propos assez grossiers qu’elle proféra à son passage, elle traversa paisiblement la ville: les magistrats étoient sur leurs siéges; ils écoutèrent les demandes de ces hommes, et promirent de les prendre en considération. Leur requête exaucée, ils se répandirent dans les rues, et y commirent des désordres. Des grouppes d’étudians furent insultés; quelques-uns même frappés avec des bâtons.

Les gardes de la ville accoururent pour donner la chasse aux aggresseurs. On en arreta plusieurs qu’on remit aux cavaliers de maréchaussée, et ceux-ci furent accusés, par le tiers-état, de les avoir relâchés.

Le marquis de Trémargat, voyant arrêter un de ces hommes à qui il prenoit sans doute intérêt, ou qui peut-être même lui appartenoit, voulut le faire relâcher; le garde s’y opposa; le gentilhomme alors présenta à celui-ci un pistolet, et lui fit ainsi lâcher sa proie.

On vit aussi deux autres gentilshommes, et un magistrat en robe, tenter de repousser des gardes. Tout ce désordre enfin fut appaisé par les soins du comte de Thyard, dont les fonctions, dans ces circonstances délicates, devenoient chaque jour plus pénibles.

27Janvier. Les officiers de police ayant voulu prendre connoissance de cette emeute, le procureur-général du parlement les invita à surseoir pour quelques heures aux poursuites, et à se rendre au parlement.

Le soir du jour où ils reçurent cette invitation, un teinturier se querella avec des laquais, et fut frappé d’un coup de couteau; il se rendit à la ville où les officiers municipaux étoient assembles; ils reçurent sa plainte, et le firent transporter chez un chirurgien. Dix jeunes gens instruits de cet événement, se rendirent chez le comte de Thyard, qui les renvoia au premier président.

Le parlement dans cet instant se rendoit au palais; les magistrats, arrivés sur la place qui y conduit, furent environnés d’une troupe considérable de jeunes gens qui leur parlèrent avec véhémence. Des gentilshommes voyant qu’ils s’échauffoient, accoururent, et prirent part à la conversation. La scène se passoit devant la porte du couvent des cordeliers, où se tienent les états. On s’anima de part et d’autre, ou ’injuria; les deux partis étoient armés, et firent utuellement feu en présence de la maréchaussée qui ardoit la porte des états. Des combats particuliers uccédèrent à cette action. Dans toutes les rues, on ntendoit le bruit des armes à feu. Un seul homme du tiers perdit la vie dans cette malheureuse journée; il fut tué d’un coup de feu tiré par une fenêtre dans le parti contraire, deux gentilshommes restèrent sur la place.

Les magistrats, ne pouvant parvenir à rétablir le calme, se rendirent sur la place du palais; le comte de Thyard y accourut; le marquis, de Bédé y vint bientôt après, arme d’un fusil a deux coups: mais il n’en fit aucun usage, il le rendit même au comte de Thyard. Celui-ci parcourut? avec les membres du parlement, la rue Saint Georges. Parvenus sur la place neuve, ils y trouvèrent tous les jeunes gens réunis. Le commandant et les magistrats leur parlèrent avec beaucoup de bonté; ils répondirent d’abord qu’ils étoient résolus de mourir sur la place; mais ils finirent par se rendre aux exhortations qui leur furent faites et se séparèrent.

Ils traitèrent ensuite avec le commandant, comme s’ils eussent déjà fait une nation à part; ils lui envoyèrent des députés chargés d’une sorte de manifeste, car ils lui déclarèrent qu’ils ne poseroient pas les armes, tant que les gentilshommes-resteroient armés. Ceux-ci se croyant en danger, et ce n’étoit pas sans raison, car certainement ils étoient très-inférieurs en nombre, se tinrent renfermés dans la salle des états avec les épées et fusils qu’ils avoient pu se procurer. Un malheureux qui étoit attaché au service de la salle, s’y étant présenté, et n’étant pas reconnu, fut repoussé; ne comprenant rien à cette résistance, il insista et fut frappé d’un coup de feu.

Les jeunes gens continuoient toujours leurs négociations avec le commandant; ils lui firent dire qu’ils désarmeroient, si les gentilshommes vouloient eu faire autant. La municipalité appuya par une députation, celles des jeunes gens. M. de Thyard reçut fort bien tous ces députés, et se rendit médiateur entre les bourgeois et les gentilshommes. Ceux-ci firent parvenir les conditions suivantes

1o. «Les-gentilshommes ne répandront point le sang; ils ne désarmeront pas; mais ils ne se serviront de leurs armes, que dans le cas d’une légitime défense».

2o. «Ils abandonneront, à toute la rigueur des lois et de la justice, ceux d’entr’eux qui contreviendront à cette parole».

3o. «Ils demandent que les jeunes gens remettent leurs armes dans un dépôt».

4o. «Ils demandent encore que la communauté de ville et les pères de famille garantissent la parole d’honneur des jeunes gens».

De ces quatre conditions, la troisième fut la seule rejettée par les bourgeois; ils donnèrent leur parole d’honnneur par écrit, de se conformer aux trois autres; et cette déclaration fut signée par plusieurs pères de famille, membres de la municipalité.

Le commandant acheva de pacifier ces premiers troubles, et le parlement défendit aux sièges inférieurs, de continuer les procédures auxquelles ils avoient donné lieu, et les évoqua toutes à sa connoissance.

Je pense qu’on ne m’accusera pas d’avoir altéré ces faits, et d’avoir cherché à les rendre favorables à la noblesse. Je ne les ai point puisés dans les relations qu’elle publia de cette fatale dissention; je les ai tirés d’un écrit apologétique, publié par le tiers-état lui-même, et signé par trente-un membres de cet ordre, au nombre desquels se trouvent dix avocats et trois procureurs.

Le parlement, en évoquant l’instruction de tous les procès que firent naître ces cruels démêlés, donna une nouvelle matière aux plaintes du tiers-état. Le parlement crut devoir justifier cette démarche; il écrivit au roi:

«Dans des teins aussi désastreux, la délicatesse de votre parlement doit vous déférer jusqu’au soupçon, jusqu’à la défiance même la plus injuste. Nous avons mis sous les yeux de votre majesté le tableau trop effrayant des cruelles journées des26et27de ce mois. Notre premier devoir a été de nous saisir de l’affaire, à l’effet de constater le délit, et d’empêcher le dépérissement des preuves».

» Cette affaire est, s’il en fut jamais, dans l’ordre des affaires majeures, dont les juges souverains ont toujours retenu la connoissance; nos registres et ceux des autres parlemens en contiennent les preuves»....

» L’insubordination qui agite tous les esprits avec un excès bien déplorable, toutes les passions réunies, osent élever des nuages sur la droiture de nos intentions, sur la pureté de nos vues».

» Nos consciences sont sans reproches; notre compétence est certaine: mais notre délicatesse est blessée; c’est à V.M. à peser, dans sa sagesse, les importantes considérations que nous croyons devoir mettre sous ses yeux».

J’ai rapporté cette lettre, parce qu’on y voit que les plaintes du tiers-état sur l’évocation ne paroissoient pas fondées; le roi décida qu’en effet elles ne l’étoient pas, car dans sa réponse à cette lettre, sa majesté disoit:

«Mon parlement de Bretagne, en connoissant des émeutes arrivées à Rennes, les26et27janvier dernier, n’a fait qu’user du droit que lui accordent les ordonnances, et qui ne peut donner lieu à aucune plainte fondée».

Le garde des sceaux marqua également aux magistrats; «S.M. a décidé que votre compétence n’étoit pas douteuse». Pour ôter cependant tout prétexte aux mouvemens qui se continuoient en Bretagne, la cour se décida à évoquer toutes ces procédures au parlement de Bordeaux, où elles n’ont jamais été suivies.

Les trois ordres de la province avoient envoyé chacun une députation à Versailles; celle du troisième étoit trés-nombreuse, et on mettoit tout en œuvre pour diriger l’opinion contre celles des deux premiers. On supposoit aux membres qui la composoient, les propos les plus déraisonnables, et les démarches les plus absurdes. Le chevalier de Guer, qui étoit un des députés de la noblesse, avoit la plus grande part de la haine qu’on portoit à son ordre. On prétendoit que chez les ministres, il s’étoit emporté, et avoit dit que le tiers-état seroit bientôt réduit, si le gouvernement ne le soutenoit pas. On fit également courir le bruit qu’il s’étoit rendu au parlement de Paris, qu’il y avoit déposé une protestation au nom des gentilshommes de sa province. Ce sont là des bruits populaires que m’ont toujours démenti les personnes instruites.

30Janvier. Au milieu de toutes ces agitations, M. d’Ormesson, premier président du parlement de Paris, mourut; chef d’une famille ancienne de la robe, et toujours considérée, recommandable personnellement par une intégrité inflexible, et la probité la plus délicate, il étoit fortement attaché aux principes constitutionnels de la monarchie, et étoit bien éloigné dapprouver tous les changemens qui se préparoient. Il en fut de lui comme du maréchal de Biron; la licence ne souilla point sa mémoire, mais elle troubla son convoi. Toute sa compagnie s’y étant trouvée, reçut des insultes de la part du petit peuple.

La cour cependant, assiégée sans cesse par les députés bretons, consola, par des espérances, ceux du tiers, et le roi fit la réponse suivante à ceux du clergé et de la noblesse

«C’est avec la plus vive douleur que j’ai vu les; troubles qui se sont élevés dans ma province de Bretagne, et les malheurs qui en ont été les suites».

«J’ai pris les moyens qui m’ont paru les plus propres à ramener la tranquillité dans cette province, et je ne cesserai d’y veiller avec la plus grande attention».

«Tous mes sujets ont droit à ma justice; les ordres du clergé et de la noblesse peuvent y compter dans tous les tems, ainsi que sur une protection particulière de ma part, que je suis persuade qu’ils mériteront toujours par leur attachement à ma personne, et leur zèle pour les intérêts de ma province».

Mes lecteurs fatigués du récit de tant d’événemens déplorables, me sauront gré de reposer un instant leur imagination sur un tableau qui prouve qu’au sein de ces haines domestiques, le germe de la générosité françoise n’étoit pas encore étouffé.

Un gentilhomme et un bourgeois s’étant, à Rennes, mutuellement appellés en duel, furent long-tems à se mesurer l’épée à la main, sans pouvoir se porter aucun coup. Le gentilhomme, profondément pénétré d’estime pour son rival, mit fin au combat, en jettant loin derrière lui son arme, et en s’écriant: Soyons amis. Le Bourgeois, non moins généreux, jette aussi son épée, et tous les deux se précipitent dans les bras l’un de l’autre, s’arrosent de larmes, et se jurent une amitié éternelle. Il m’est pénible, quelques recherches que j’aie faites, de ne pouvoir dire le nom du vertueux bourgeois; on m’a assuré que le gentilhomme étoit le marquis de Bouchet.

Ce n’étoit pas seulement à Rennes que le tiers-état s’étoit ouvertement élevé contre les deux premiers ordres. Dans tout le reste de la Bretagne, la discorde secoua son flambeau. A Brest, soixante-deux jeunes gens adhérèrent à tout ce qu’avoient fait ceux de Rennes; et si ma qualité d’historien ne m’en faisoit un devoir, je laisserais ignorer que les noms de ces soixante-deux bourgeois se lisent en tête d’un libelle atroce, répandu avec profusion contre la noblesse et la magistrature.

A Nantes, la fermentation se manifesta avec tous les caractères et tous les symptômes qui précèdent une véritable guerre. Il sortit des murs de cette ville une armée de jeunes gens, pour aller soutenir les prétentions de ceux de Rennes, et rien n’est plus curieux que de connoître l’ordre dans lequel cette armée s’approcha de la capitale de la province; on eut dit qu’elle marchoit en pays ennemi, et qu’elle craignoit une surprise. Je laisserai parler ceux qui la composoient.

« Le mercredi matin (28Janvier1789), nous nous sommes assemblés sur la place du Port-au-vin.... A six heures nous nous mîmes en marche; rendus au Pont-du-cens, nous comptions y former nos compagnies, mais l’affluence de ceux qui nous suivirent, nous empêcha d’effectuer ce projet; nous continnâmes notre marche en bon ordre jusqu’à Gêvres, où nous avons dîné dans la lande voisine… Notre coucher a été à Nozai, où nous sommes arrivés entre cinq à six heures; nous y avons été bien accueillis par les habitaus. Les commissaires se sont d’abord occupés d’établir des corps-de-garde.... Sur les onze heures du soir, nous avons reçu une députation de la part des jeunes-gens de Rennes.... A minuit nous avons fait partir M. Coindière, avec l’un des députés de Nantes, pour connoître les intentions dans lesquelles on étoit disposé à nous y recevoir....»

Pendant que cette armée étoit ainsi en route, elle reçut de Rennes une lettre, qui lui fut remise de la part du comte de Thyard et des bourgeois de cette ville. Elle portoit:

«Tout est appaisé: les soins que s’est donné M. le comte de Thyard, ont arrêté une affaire qui pouvoit avoir les suites des plus sinistres… Nous croyons donc, Messieurs, que votre déplacement, en dérangeant vos affaires, deviendroit inutile, puisqu’en nous engageant pour nous, nous l’avons fait pour vous, et que notre parole d’honneur lie toute la jeunesse de Bretagne, qui, faisant corps avec nous, a déclaré adhérer à tout ce que nous arrêterions»

Ces assurances n’arrêtèrent point la marche de l’armée nantoise; son journal de route continue ainsi: «Vers les deux heures, nous fimes partir MM. Lory, Dugazon et Coindière le cadet, vers M. de Thyard et la jeunesse de Rennes, pour demander au commandant l’entrée de la ville, et l’assurer de nos sages dispositions. Le29, à cinq heures du matin, nous avons fait l’appel, et nous nous sommes mis en route, tachant toujours d’observer la meilleure police: de là à Derval, où nous avons fait halte; nous n’avons rencontré que quelques voyageurs, qui nous ont confirmé ce que nous avions déjà appris. Tous les habitans du lieu nous ont fait l’accueil le plus flatteur Le curé a exigé qu’un de nous montât son cheval. Nous sommes venu coucher à Bain, où nous avons trouvé plusieurs jeunes gens de Rennes, qui nous ont appris l’arrivée de nos députés, que nous attendions avec beaucoup d’impatience pour avoir la réponse de M. de Thyard. Comme étant plus près de Rennes, nous avons jugé à propos de doubler les postes de nuit»…

Arrivés à Norai, l’armée fit encore une fois halte, et prit l’arrêté suivant:

«Notre société sera divisée en plusieurs compagnies, dont les individus se rendront, et aux heures des repas, à l’endroit indiqué par leurs commissaires, qui satisferont, autant qu’il leur sera possible, aux demandes qui leur seront faites.

» Il sera établi, toutes les nuits, un corps-de-garde de six jeunes gens, pour veiller aux evènemens qui pourroient arriver… Ils avertiront, à la moindre alerte, de s’assembler sur le champ.

«Personne ne pourra devancer la marche, devant attendre au Pont-Péan, les députés que nous avons envoyés vers M. de Thyard et les jeunes gens de Rennes».

L’armée ainsi campée à Norgui fut avertie, à deux heures du matin (31janvier), par le piquet de garde, que les députés envoyés à Rennes paroissoient; ils apprirent que le comte de Thyard ne vouloit accorder l’entrée de la ville de Rennes qu’à trente personnes seulement. Cette proposition fut rejettée unanimement. Les députés furent de nouveau renvoyés au commandant, pour lui représenter que l’armée venoit avec des intentions pacifiques; qu’elle offroit de déposer ses armes dans un endroit qu’elle indiqueroit elle-même, et que, grossissant tous les jours, il ne lui étoit pas possible de demeurer plus long-tems campée dans un lieu qui ne pouvoit lui fournir assez de logemens et de vivres.

Ces députés partirent pour Rennes à cinq heures du matin, et à onze heures, l’armée reçut avis qu’elle pouvoit entrer dans la ville: elle se mit donc en marche. Arrivée au Pont-Péan, elle y trouva l’évêque de Nantes et le capitaine des gardes du comte de Thyard, qui exhibèrent les ordres dont ils étoient porteurs de la part du commandant. Ces ordres en-joignoient à l’armée de rétrograder, sous peine de désobéissance: elle refusa d’obéir; et le commandant lui permit de s’établir dans un fauxbourg, sous la condition toutefois de déposer ses armes dans une maison du fauxbourg, et sous la garde d’un détachement de l’armée; elle entra dans la ville: l’évêque de Nantes et le capitaine des gardes du commandant vinrent au-devant d’elle, et lui annoncèrent qu’il lui étoit permis de pénétrer dans l’intérieur de la ville, par divisions en petits pelotons, sans bruit, et après avoir fait le dépôt de ses armes.

Tout fut exécuté comme l’ordonnoit M. de Thyard; les jeunes gens de Nantes furent reçus avec de grandes acclamations par ceux de Rennes, qui se disputèrent à l’envi la gloire de les loger; et la municipalité nomma sur le-champ des commissaires pour indiquer les logemens.

L’armée se borna à une seule demande: elle voulut avoir, et obtint une copie du traité de paix conclu entre la noblesse et la bourgeoisie.

Quelle étoit cependant la conduite des gentilshommes qui devoient naturellement se croire menacés par les suites de cette agitation? Leur conduite étoit la même que celle qu’ils tiennent encore en ce moment: ils se résignoient; et il est incontestable que, s’ils se fussent livrés à de pareils mouvemens, toute la surface de l’empire eût été inondée de sang. Mais comment la cour n’étoit-elle pas épouvantée en voyant le tiers déployer une telle force, une telle énergie? Comment pouvoit-elle croire, que si le tiers menaçoit avec tant de hauteur, dans un tems où on lui accordoit tout ce qu’il demandoit, et où on ne lui opposoit aucune résistance, il ne feroit pas un jour de plus importantes conquêtes? Comment, en un mot, ne redoutoit-elle pas les suites d’une démarche dont il n’y avoit aucun exemple depuis le commencement de la monarchie? Et si elle les redoutort, pourquoi restoit-elle dans une inaction qui devoit paroître aux deux premiers ordres une perfidie, et au troisième une lâcheté? C’est un mystère que peut-être M. Necker lui seul pourroit éclaircir; et l’on me pardonnera de m’être appesanti sur des détails qui rendent encore plus intéressant le contraste de tant de sécurité, d’une part, et de tant d’audace, de l’autre.

Si la conduite que tenoit le tiers-état de Bretagne ne suffisoit pas pour réveiller le zèle des ministres, les opinions qu’il énonçoit étoient bien propres au moins à les engager à faire effort contre le torrent qui menaçoit de tout entraîner. Je les rapporte, parce qu’elles appartiennent à cette histoire, et que le nom de M. Necker, mêlé à tous les discours, semble accréditer les conjectures qui vouloient qu’il fût, sinon l’instigateur de l’insurrection, du moins le protecteur des insurgens.

Les bourgeois donc de Rennes ayant envoyé à ceux de Nantes, un jeune homme appellé Omnes-omnibus, celui-ci notifia sa mission en ce peu de mots:

«Député par mes compatriotes, je viens chercher parmi vous les secours que nous attendons de ceux qui se sont si bien montrés pour la cause commune.... Je me sacrifierai, s’il le faut, pour mes compatriotes… La patrie est en danger, marchons pour la défendre».

Ardent, il embrasa les coeurs des jeunes Nantois, et personne ne contribua plus que lui à leur faire quitter leurs foyers pour se rendre en armes à Rennes. C’est sur-tout dans la protestation qu’ils firent avant, leur départ que se trouvent unis aux principes de la démocratie, aux menaces de la haine et de la prévention, des éloges emphatiques de M. Necker.

«Frémissans d’horreur, disent-ils dans cet écrit, convoqués par le cri général de la vengeance et de l’indignation ne trouvant d’obstacle que dans l’ordre de la noblesse, que dans cet ordre, dont l’égoïsme forcené ne voit dans la misère et les larmes des malheureux qu’un tribut odieux qu’ils voudroient étendre jusques sur les races futures.

» D’après les sentimens de nos propres forces, et voulant rompre le dernier anneau de la chaîne qui nous lie, jugeant, d’après la barbarie des moyens qu’emploient nos ennemis pour éterniser notre oppression, que nous avons tout à craindre de l’aristocratie qu’ils voudroient ériger en principes constitutionnels, nous nous en affranchissons dès ce jour, sous la protection d’un second Henri IV, et d’un nouveau Sully.

» Un ordre dans sa protestation ose opposer son opinion à celle de son roi, à celle de l’Europe, à celle du patriote et vertueux Necker, solide et seul appui d’un royaume prêt à s’écrouler. Mortel adorable, dont l’héroïsme est au-dessus du sang et des vains préjugés, ô toi, qu’on ne peut mieux louer qu’en t’accordant le nom d’homme, nom que toi seul peut rendre encore respectable, puisque tous tes travaux n’ont d’autre objet que de lui rendre sa dignité première, et de le remettre à la place que lui fixa la nature;... O Necker! accepte ici l’hommage que l’ordre du tiers rend à tes vertus; si le bronze et le marbre n’offrent point encore dans nos villes à nos yeux attendris tes traits révérés, tous nos cœurs sont autant d’autels où l’encens de la reconnoissance se mêlera sans cesse à nos vœux ardens pour la conservation de tes jours précieux, et pour que tu jouisses du bonheur que tu veux donner à vingt-trois millions de françois».

Je citerai encore le passage suivant, parce que j’aime mieux que la postérité apprenne des propres auteurs de la révolution toute l’influence que la philosophie moderne et M. Necker ont eu sur le dépérissement de la monarchie françoise, que de le dire moi-même.

«L’insurrection de la liberté et de l’égalité intéressant tout vrai citoyen de l’ordre du tiers, tous doivent la favoriser de tout leur pouvoir, par une inébranlable et ferme adhésion; mais principalement les jeunes gens à qui le ciel accorda de naître assez tard pour pouvoir espérer de jouir des fruits qu’ont enfin fait naître en France et la philosophie du dix-huitième siècle, et l’ascendant de l’immortel Necker».

Rien donc n’étoit équivoque dans ce petit écrit; c’étoit un véritable manifeste, et le manifeste d’un ennemi qui se croyoit de puissans alliés, dont le mot de ralliement étoit celui de l’aristocratie, et qui promettoit de faire la guerre avec férocité. «Que le cri de la vengeance, y disoit-on, retentisse jusqu’au pied du trône.... Avons arrêté de partir en nombre suffisant pour en imposer aux vils exécuteurs des fanatiques aristocrates… Protestons d’avance contre tous arrêts qui pourroient nous déclarer séditieux… Jurons tous qu’au cas qu’un tribunal injuste, car nous nous mettons sous la sauve-garde du conseil de sa majesté, parvint à s’emparer de quelqu’un de nous, et qu’il osât par un de ces actes que la politique appelle de vigueur, et qui ne sont en effet que des actes de despotisme, les sacrifier, jurons de faire ce que la nature, le courage, et le désespoir inspirent pour sa conservation».

Qui peut dire combieu eût fait couler de sang cette première insurrection, si la noblesse eût été moins modérée, et M. de Thyard moins prudent? Le parlement se contenta de décréter le sieur Omnes-Omnibus; mais il ne donna aucune suite à ce décret, et depuis on n’a plus entendu parler de ce fougueux jeune-homme, que nous n’avons pas même vu député aux états-généraux, où de plus jeunes encore et de non moins fougueux que lui ont été appellés.

Dans le reste du royaume on s’agitoit également; mais le tiers-état procédoit sans emportement. Il n’y avoit que la dernière classe du peuple qui se porta à des excès; elle insulta de nouveau, à Besançon, les membres du parlement, parce qu’ils prirent une délibération contraire à l’arrêt du conseil, qui cassoit celui que cette compagnie avoit rendu contre la déclaration déposée par quelques gentilshommes chez un notaire.

«La cour aime à se persuader, disoit le parlement dans cette délibération, que les auteurs de ces protestations n’ont pas prévu les conséquences de leurs démarches. Etablie pour veiller au maintien de la tranquillité publique, elle est obligée de prévenir toute association illégale; son zèle n’a pas dû lui laisser oublier que, dans des tems dont on voudroit effacer le souvenir, ces troubles funestes qui mirent l’état si près de sa ruine et faillirent d’écarter du trône le véritable héritier de la couronne, n’eurent d’autre commencement que de semblables associations, qui furent faites dans toutes les villes et dans toutes les corporations, et que des pervers voulurent présenter comme le vœu unanime de la nation».

Le parlement de Provence ayant voulu également dissoudre les assemblées des membres du tiers-état qui ne pouvoient encore être regardées que comme illégales, reçut, de la part du peuple, des témoignages de mécontentement. Les états de cette province étoient assemblés, et la noblesse s’y divisa; les seigneurs des fiefs voulurent s’y trouver en corps, et non simplement par députés.

Le comte de Mirabeau, qui avoit brusquement quitté la capitale, parut dans cette assemblée; il y énonça une opinion qu’il fit ensuite imprimer et répandre dans tout le royaume. Je dois en donner ici la substance, afin qu’on puisse connoître la conformité des principes qu’il manifesta alors, avec ceux qu’il a depuis fait adopter dans la séance où elle fut prononcée: on avoit mis a la délibération une protestation signée par la majorité des membres de la noblesse, contre le résultat du conseil.

«Je ne comprends pas en quel sens, dit M. de Mirabeau, cette protestation pourrait être utile, convenable ou légitime».

ce Utile.–Elle ne portera pas le gouvernement à rétracter le réglement de convocation que l’opinion publique à conquis. Elle n’empêchera pas les communes de France de se présenter aux états-généraux dans la proportion qui leur est accordée....»

En falloit-il moins pour cela constater encore une fois, par un acte légitime, les droits qu’alloient envahir les attentats qui se préparaient?»

«Convenable, continuoit M. de Mirabeau. Pourquoi protesteriez-vous contre le vœu du monarque, contre le vœu de la nation? On vous parle des corps de noblesse qui ont protesté; mais que ne vous parle-t-on de trois cens pétitions qui ont invoqué le réglement contre lequel on voudrait que nous réclamassions? On vous parle du mémoire des princes! Et moi, pour ne pas faire injure au sang de l’auguste délégué de la nation, je vous observerai que la pluralité des princes, et sur-tout monsieur, frère du roi lui-même, ont ouvertement professé d’autres principes»....

Cette pluralité des princes se réduisoit, au moment où parloit M. de Mirabeau, à monsieur et à M. le duc d’Orléans.

«Enfin, ajouta-t-il, la protestation ne saurait être légitime. Comment douter que le roi ne soit le convocateur naturel le président nécessaire, le législateur provisoire des états-généraux?.... L’éternelle raison veut que l’assemblée nationale puisse s’organiser régulièrement; (ce principe étoit une prédiction de tout ce qui arriverait, si M. de Mirabeau étoit député aux états-généraux, et s’il y obtenoit l’influence dont il n’a cessé d’y jouir) mais elle ne sauroit s’organiser avant de s’assembler; il faut donc que quelqu’un l’assemble et la compose provisoirement....»

Qui doutoit de cette vérité? Les craintes qu’inspiroit la forme de convocation en étoient-elles pour cela moins fondées?

«Sous quel prétexte, disoità ce sujet M. de Mirabeau, sollicite-t-on de vous cette étrange déclaration? C’est, dit-on, parce qu’il résulte du rapport de M. Necker, que le gouvernement veut faire opiner par tête et non par ordre; et que ce changement dans la constitution entraîneroit le bouleversement de la monarchie....»

«D’abord le réglement de convocation ne dit pas un mot de ce qui vous donne tant d’émoi. Ensuito M. Necker y est textuellement contraire. Enfin, si les états-généraux ordonnent que l’on opine par tête, il faudra bien que nous nous y soumettions... . Est-ce de bonne foi que nous prétendons donner des ordres à nos députés aux états-généraux? Toute partie, toute subdivision du royaume est-elle autre chose que sujette? et la souveraineté repose-t-elle ailleurs que dans la collection des représentans de la nation présidée par le roi? Depuis quand une nation ne peut-elle plus bouleverser sa constitution?.... Nous voulons la liberté, et nous aspirons aux derniers excès de la licence....»

Ainsi M. de Mirabeau flétrissoit déjà le respect pour la constitution monarchique du nom de licence. Si les ministres et les deux premiers ordres eussent été plus attentifs, ils eussent vu, dans l’opinion de M. de Mirabeau, tout le plan de la révolution. Je dirai dans le chapitre suivant, l’effet que produisit cette opinion.

Histoire de la Révolution de France et de l'Assemblée nationale

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