Читать книгу Histoire de la Révolution de France et de l'Assemblée nationale - Galart de Montjoie - Страница 3
AVERTISSEMENT.
ОглавлениеL’INDULGENCE avec laquelle le journal intitulé l’Ami du Roi, a été accueilli, et le succès prodigieux qu’il eut dès les premiers jours de sa naissance, ont valu, il est vrai, à l’auteur, quelques persécutions; mais il en a été glorieusement dédommagé par les suffrages de la saine partie du public, et il n’a éprouvé d’autres regrets que de n’avoir pas commencé plutôt la tâche pénible à laquelle il s’est dévoué.
La feuille, en effet, que M. Montjoye donne journellement, depuis le premier juin1790, laisse ignorer tous les événemens qui se sont passés avant cette époque. Le vœu de la plupart de ses souscripteurs, l’intérêt même de la vérité, le déterminent aujourd’hui à remplir ce vuide. Les personnes donc qui se procureront ce supplément à son travail journalier, et qui continueront à souscrire pour la feuille intitulée l’Ami du Roi, auront une collection complette de tous les événemens relatifs à la révolution, qui l’ont précédée, accompagnée et suivie; collection d’autant plus précieuse, qu’étant en entier l’ouvrage du même auteur, elle présentera la double uniformité, et de style, et de principes.
Il étoit d’autant plus important que l’auteur se livrât à ce nouveau travail, qu’en vain chercheroit-on la vérité dans la plupart des écrits sur la révolution, qui ont para avant l’époque du premier juin. Avant comme après cette époque, que trouve-t-on dans presque tous les journaux qu’elle a fait naître? Des erreurs, des mensonges, des calomnies, des blasphêmes. A l’exception d’un petit nombre, où l’on disserte plus qu’on ne raconte, on doit les regarder comme des libelles incendiaires, et non comme des mémoires du tems actuel.
Dans cette partie de la révolution, que M. Montjoye conduit jusqu’au premier juin1790, il s’est attaché uniquement au simple récit des faits, et à donner à la narraton cette rapidité qui ne laisse échapper d’autres réflexions que celles que fait naître naturellement le sujet.
Parmi ces faits, les uns ont pour garant la notoriété publique, et on ne l’accusera pas d’avoir imaginé ceux-là; s’il les altéroit, il décrieroit lui-même un écrit qu’il lui importe de faire regarder comme un monument d’impartialité.
Quant aux faits moins connus, il n’en rapportera aucun, qu’en indiquant les sources où il les aura puisés, et tous les témoignages qui attesteront sa sincérité.
Enfin, il est un troisième ordre de faits; il en est qui ne sont appuyés, ni sur la notoriété publique, ni sur des autorités qu’on puisse produire. A l’égard de ceux-là, l’auteur n’aura garde de les donner comme certains; mais il exposera les raisons qui le font pancher à les. croire véritables.
En un mot, on ne trouvera dans son ouvrage, qu’un récit rapide et scrupuleusement fidèle des innovations dont nous sommes témoins depuis dix-huit mois; on n’y lira que des jugemens impartiaux, et des anecdotes authentiques, dont quelques-unes sont peu connues sur les causes, les hommes, les opinions et les écrits qui ont influé sur la révolution.
Si l’on reprochoit à l’auteur que le titre même de son écrit est un aveu de sa partialité, et qu’en se déclarant ouvertement l’Ami du Roi, il abandonne cette neutralité parfaite, qu’on croit être le premier devoir de l’historien, il demanderoit à son tour, si, dans les circonstances actuelles, cette neutralité parfaite n’est pas une chimère, si, pour être historien, on en a moins un Dieu à adorer, un roi a servir, une patrie à chérir, des principes à respecter. Il demanderoit si l’on ne peut rester impartial, qu’en adulant les rebelles, les brigands, les asssasins. Non, non: rester neutre entre la folie et la sagesse, c’est une lâcheté; et ce n’est point à une main profane à manier le pinceau de l’histoire.
Au surplus, en accordant que l’auteur est plutôt l’avocat d’un parti, que l’historien de tous les deux, la collection qu’il offre aujourd’hui au public n’en seroit pas moins intéressante et nécessaire à la postérité, à qui il importe d’avoir les pièces contradictoires du procès réservé à son jugement.
Si cet écrit lui parvient, elle apprendra par quel enchaînement de causes la France fut souillée des plus grands forfaits, sous le règne du monarque le plus vertueux; elle ne verra pas sans surprise tant de bonté d’une part, et de l’autre tant d’ingratitude; elle déplorera sans doute notre aveuglement, mais elle flétrira de toute son. exécration les malheureux qui sont parvenus à effacer de presque toutes les aines les principes de religion, de justice, de fidélité, de reconnoissance.
En parlant aux siècles à venir, en leur transmettant les erreurs et les crimes de la génération actuelle, l’auteur parle aussi à ses contemporains. Ah! quelle douce, quelle flatteuse récompense il recevroit de son travail, s’il pouvoit croire qu’il a contribué à dissiper le funeste charme qui séduit une partie si nombreuse du peuple; s’il pouvoit se flatter que son zèle et ses efforts ont pu contribuer à ramener au plus généreux des monarques, des sujets dont aucun de ses aïeux ne mérita plus que lui d’être idolâtré!
Et vous, fille des Césars, reine infortunée, vous dont la vie est pleine de traits qui décèlent l’ame la plus sensible, la plus compatissante, et qui, au milieu des plus grands revers, sous la hache même des assassins, avez montré tant de qualités magnanimes, l’arroserez-vous toujours de vos larmes, ce trône que vous embellissez? Ah! du moins cet écrit attestera à la postérité, que, quand vous n’eussiez pas été la fille de Marie-Thérèse, la compagne de notre roi, vous eussiez encore mérité tout notre amour et toute notre vénération.
Ne vous lassez pas d’être généreuse, veillez sur cet auguste enfant, espoir de la nation, qui, dans cette fatale journée où les marches du trône furent ensanglantées, ne reçut que vos pleurs, au lieu du pain qu’il vous demandoit. Que, par le plus tendre attachement, que, par sa docilité aux leçons que vous lui donnez pour le bonheur de tant d’ingrats, il vous console de toutes nos injustices!
Puisse enfin le ciel hâter le jour heureux ou nous verrons les parjures et les traîtres, qui ont attristé l’ame de notre roi, recourir à sa clémence!
L’Ami de cet excellent Roi, l’Ami des François, peut-il former d’autre vœu, peut-il faire entendre d’autre cri? Toutes les pages de l’histoire qu’il présente aujourd’hui au public, en seront l’expression; elle doit, cette histoire, consoler les gens de bien, et faire pâlir les médians: c’est dans ce sens seul, c’est dans cet esprit, qu’elle est écrite.
L’intention de l’auteur étoit d’abord de ne prendre la série des événemens, qu’à l’époque du premier avril1789; mais il a considéré qu’il ne lui suffisoit pas de présenter le tableau de la révolution, qu’il lui falloit encore indiquer au moins les principales causes qui l’ont amenée, et tracer aussi l’image des convulsions qui l’ont immédiatement précédée. Pour remplir ce double objet, il a d’abord jeté un coup-d’œil rapide sur la chaîne des événemens dont le dernier anneau est la révolution, et ce coup-d’œil lui fait découvrir les routes qui ont conduit au but auquel nous nous trouvons arrivés. Se fixant ensuite a l’instant où la France commence à s’agiter douloureusement, là il s’arrête; et c’est à cette crise que commence son récit. L’envoi au parlement de l’impôt territorial et de celui du timbre, donna le premier ébranlement, qui a fini par renverser les bases de la monarchie. Ce sera donc à ce premier symptôme des mouvemens convulsifs dont la France n’a cessé d’être agitée jusqu’à ce jour, que commencera l’histoire de la révolution qui l’a défigurée: on aura, au moyen de cette histoire et du journal qui lui sert de suite, des mémoires où l’on trouvera tous les événemens dont nous avons été témoins depuis le commencement de l’année1788. L’auteur pense qu’on lui saura quelque gré des recherches qu’il a été obligé de faire, pour donner ce mérite de plus à son travail.
On conçoit, par exemple, que pour l’histoire de l’année1788, et du commencement de celle de1789, il a été foiblement aidé par les journaux du tems. Pour composer cette partie de son ouvrage, il a été obligé de puiser dans des correspondances particulières, et dont l’authenticité lui étoit connue, tous les événemens qu’il n’a pu voir par lui-même; et il ne pourra qu’être agréable au lecteur, d’avoir sous les yeux un récit dont les matériaux se trouvent dispersés dans différens portefeuilles, qu’il n’est pas aisé de se procurer.